Une enquête portant sur des infractions au Code du travail, sur la traite d'humains et des liens avec une organisation criminelle est ouverte contre Jost Group. (Photo: Jost Group)

Une enquête portant sur des infractions au Code du travail, sur la traite d'humains et des liens avec une organisation criminelle est ouverte contre Jost Group. (Photo: Jost Group)

Vaste opération lancée lundi dans des sites appartenant au groupe Jost. Menée aussi bien sur une vingtaine de sites en Belgique qu’au Luxembourg, au siège du groupe à Weiswampach, l’opération a conduit les autorités à mener des perquisitions tout au long de la matinée. Spécialiste du transport de marchandises et de la logistique, le groupe luxembourgeois est accusé de trois infractions dans le cadre d’une enquête ouverte en Belgique. «Traite d’êtres humains, appartenance à une organisation criminelle et infractions au Code du travail», indique lundi le Parquet, contacté par Paperjam.lu.

Selon la RTBF, le groupe est suspecté de faire travailler en Belgique quelque 1.100 salariés issus d’Europe de l’Est aux conditions sociales de leur pays d’origine. Une pratique assimilée à du dumping social qui se serait traduit, entre 2014 et 2016, par une économie de 55 millions d’euros non versés à la Sécurité sociale belge. Les informations communiquées par le Parquet fédéral font également état de salariés résidant en Belgique et déclarés frauduleusement à la CNS.

Nos chauffeurs gagnent quatre à cinq fois ce qu'ils gagneraient dans leur pays.

Véronique Hustin, porte-parole de Jost Group

Pour le juge d’instruction spécialisé dans la criminalité financière en charge du dossier, cette pratique bénéficierait à un vaste réseau criminel actif sur les sols belge, luxembourgeois et roumain. Fondé en 1958, Jost Group regroupe actuellement une vingtaine de sociétés réparties dans pas moins de 10 pays, emploie quelque 2.400 personnes et possède une flotte de quelque 1.300 véhicules. Ce qui fait de la société créée par Roger Jost l’un des poids lourds européens du secteur logistique.

Contactée lundi par Paperjam.lu, l’entreprise luxembourgeoise a rappelé qu’elle devait bénéficier de «la présomption d’innocence», tout en assurant que les chauffeurs issus des pays de l’Est employés en son sein «gagnent quatre à cinq fois ce qu’ils gagneraient dans leur pays d’origine.» Estimant que l’enquête en cours s’inscrit «dans la droite ligne de ce qui se passe en Belgique en lien avec la lutte contre le dumping social», l’entreprise assure «être parfaitement dans la légalité» et «collaborer pleinement avec les autorités».