Avec le soutien de Post Luxembourg, les trois fondateurs de Join Experience nourrissent de grandes ambitions européennes. (Photo: Join Experience)

Avec le soutien de Post Luxembourg, les trois fondateurs de Join Experience nourrissent de grandes ambitions européennes. (Photo: Join Experience)

Le Jour J est arrivé pour Join Experience. Ce samedi, le tout nouvel opérateur téléphonique, créé par trois entrepreneurs luxembourgeois (Pascal Koster, Frank Fischer et Claude Lüscher), lancera officiellement ses activités au Luxembourg. Mais en basant son modèle économique sur la convergence entre l’IT et les télécommunications, Join ambitionne d’être bien plus que, «simplement», le quatrième opérateur actif au Grand-Duché aux côtés de Post Telecom, Tango et Orange.

Son approche est simple: proposer aux clients – résidentiels, mais surtout professionnels dans le segment des PME – un tarif voix et données unique en Europe, quel que soit le pays où ils se trouvent. Une prouesse rendue possible à la fois par l’évolution de la réglementation européenne visant à réduire de manière drastique – à défaut de pouvoir les éradiquer – les coûts d’itinérance (roaming) et par le fait que Join démarre ses activités à partir d’une feuille blanche, via la technologie 4G.

«Il existe beaucoup d’opérateurs internationaux présents dans bon nombre de pays. Mais aucun opérateur ‘européen’ n’existe. Chaque entitié est totalement autonome, juridiquement et technologiquement, avec des systèmes de facturation différents pour tous. Mettre en place une telle tarification unique serait hors de prix pour eux», a expliqué Frank Fischer, ce jeudi, à l’occasion de la présentation officielle du réseau.

Post Luxembourg à 50%

Pour porter ces ambitions internationales, Join s’est adossé à Post Luxembourg, devenu actionnaire à 50% de l’opérateur. Il compte également, parmi ses partenaires technologiques, deux autres entités du groupe Post: eBRC pour ce qui est de l’hébergement de ses données et Michel Greco pour la partie livraison physique des cartes ou terminaux.

«C’est un projet passionnant et innovant», se réjouit Claude Strasser, le CEO de Post Luxembourg. J’ai eu la chance d’en suivre le développement dès sa genèse. Il est évident que sa dimension internationale constitue pour nous un intérêt majeur.»

Mais le plus gros des partenariats technologiques sont ceux conclus avec Ericsson (pour une partie de l’infrastructure) et surtout le groupe chinois ZTE, 4e fournisseur mondial de solutions de télécommunications et 3e fabricant mondial de terminaux mobiles. «Ce partenariat nous permet de proposer des prix d’accès très bas pour des appareils 4G, sans pour autant les relier à des contrats longue durée», explique Pascal Koster. La plate-forme mise en place est capable de supporter par moins de 50 millions de clients… Le tout pour un investissement de 10 millions d'euros.

Luxcloud sera également un des partenaires forts au Grand-Duché. «Le cloud constitue évidemment une des conditions nécessaires à notre développement», indique Claude Lüscher. Avec la 4G, on peut bénéificer des facilités du cloud y compris hors de son domicile ou de son bureau. Cela concerne tout autant les PME que les familles , qui fonctionnent, d’une certaine façon, comme une petite entreprise en matière de gestion, de sécurité et de partage des données. Et au final, pour tous les services, il n’y a qu’un seul interlocuteur et une seule facture.»

Deux offres de base et des briques à ajouter

Concrètement, à partir de samedi, il sera possible de souscrire à deux types d’abonnement mensuel : 30 euros proposant 200 minutes de communication, 400 SMS et 1 Gb de données ou bien 70 euros pour 1.000 minutes, 4.000 SMS et 4 Gb de données. Entre les deux, il sera néanmoins possible d’adapter son profil de consommation en achetant des «briques» supplémentaires, comme pour un Lego.

Au final, le prix par minute des appels émis sera, partout en Europe, de 0,17 euro et celui des appels reçus de 0,08 euro. «Un utilisateur moyen consomme en moyenne 120-130 minutes par mois. Nos offres de base vont convenir à 90%, voire 95% des utilisateurs normaux de mobiles», indique Pascal Koster.

Les abonnés Join auront le préfixe 671 pour leurs numéros de téléphone. D’ici à juin, Join s’établira aussi en Belgique en tant qu’opérateur et pourra donc proposer des numéros «belges». Ce sera également le cas, dans une seconde étape, en Allemagne et en France. «Notre pays n’est pas le Luxembourg. Notre pays, c’est l’Europe», résume Pascal Koster qui indique que les efforts vont également être entrepris pour «le reste du monde» afin de proposer des services et des tarifs aussi concurrentiels. «Nous ne sommes pas encore là où nous voudrions être en la matière.»

200 recrutements prévus en 2014

L’heure est désormais, pour le nouvel opérateur, au développement d’une politique commerciale percutante pour acquérir une clientèle. «Nous visons 200.000 clients dans la Grande Région d’ici à quatre ans, ce qui est très raisonnable quand on sait qu’il y a 10 millions d’habitants», indique M. Koster.

Trois «magasins» (rebaptisés «Customer experience centers») sont déjà établis en Ville (Place Guillaume II et au siège de Hamm); un troisième l’est à Esch et un quatrième est en projet dans le Nord du pays, près de la frontière belge. Une dizaine de magasins seront par ailleurs ouverts en Belgique et une vingtaine de commerciaux «directs» sillonneront le marché de ces deux pays. «Sans compter les fournisseurs, nous avons déjà une centaine de personnes qui travaillent pour Join, dont une cinquantaine en direct, une trentaine sur Bruxelles et une vingtaine pour le développement de la plate-forme ZTE. Nous avons prévu quelque 200 recrutements d’ici à la fin de l’année», annonce Pascal Koster.