Jérôme Weber (CIO, Bati-C) (Photo: David Laurent/Wide)

Jérôme Weber (CIO, Bati-C) (Photo: David Laurent/Wide)

Monsieur Weber, pouvez-vous nous dire quels sont les choix technologiques que vous avez opérés pour satisfaire aux demandes opérationnelles d’un négociant en matériaux de construction comme Bati-C?

«Début 2010, nous avons mis en production un nouvel ERP, avec une nouvelle base de données, qui doit nous permettre, notamment, d’améliorer la gestion de nos stocks. Du nom de Winn’Mat, il s’agit d’un ERP spécialisé pour le métier de négociant en matériaux de construction. Il tourne sur un serveur centralisé IBM Iseries 5.

Tous les sites du groupe sont reliés à cette base de données par ligne informatique ou VPN sur firewall. Nous avons aussi un autre serveur, Microsoft, à partir duquel sont gérés les documents et sur lequel fonctionne le logiciel comptable. La comptabilité s’organise toujours à partir de notre ancien ERP, qui nous a, jusqu’à présent, entièrement satisfaits et que nous avons voulu conserver. Une interface a donc dû être mise en place pour interconnecter les deux ERP.

Dans quelle mesure l’importance de l’informatique a-t-elle évolué dans votre secteur d’activité ces dernières années?

«Evidemment, l’informatique a évolué, comme la place qu’elle occupe au niveau business. C’est notamment ce qui nous a poussés à changer d’ERP. Nous nous sommes rendu compte que pour répondre aux besoins de l’entreprise, nous avions besoin d’une meilleure gestion des stocks. Mais, de manière générale, il est difficile, aujourd’hui, pour une entreprise commerciale comme la nôtre de se passer de l’outil informatique. Si l’IT n’est pas le cœur du métier, c’est du moins le moteur de l’entreprise. Elle est indispensable tant au niveau de la vente que des aspects administratifs et financiers.

D’autre part, en dix ans de présence chez Bati-C, avec l’émergence des documents électroniques et des e-mails, j’ai pu constater combien l’informatique a aussi pris en importance. Aujour­d’hui, les clients utilisent ces outils technologiques. Nous devons évoluer avec eux, répondre à leurs attentes, à leurs besoins. Ce sont eux, notamment, qui nous forcent à évoluer, à devenir plus performants au niveau de nos outils informatiques.

En outre, l’informatique nous aide à optimiser certaines choses. Par exemple, nous avons équipé nos camions de livraison de balise GPS, ce qui nous permet de les localiser et de gagner en efficacité au niveau de nos déplacements.

Quels sont les chantiers et objectifs qui ont été définis pour l’année 2011?

«Il nous faut consolider notre nouvel outil, l’ERP. Cela prend du temps à mettre en place. La préparation des bases de données, la migration des postes, l’identification de tous les produits et leur adaptation au nouveau format… Tout cela nous a pris un an et demi. Maintenant qu’il est implanté, il nous faut encore faire quelques aménagements, des réglages qui nous permettront de profiter de son potentiel et ses fonctionnalités.

Nous devons travailler à l’amélioration du portail, au niveau des terminaux, pour le rendre plus convivial. Mais nous devons, plus fondamentalement, améliorer la gestion des stocks et les procédures qui y sont liées à travers cet outil, afin d’en tirer les meilleurs bénéfices. Il faut aussi terminer la formation du personnel à certaines fonctionnalités de ce nouvel outil.

Et au-delà de l’ERP, avez-vous d’autres projets dans vos tiroirs?

«Oui. Nous voulons développer une gestion électronique des documents couplée avec la mise en place d’une inséreuse-plieuse. Liée à l’ERP, la gestion électronique devrait améliorer la production et l’envoi des factures vers les clients. Aujourd’hui, tout se fait encore à la main. Nous envoyons entre 5.000 et 10.000 factures par mois. A l’issue de ce projet, prévu pour 2011, nous devrions donc gagner beaucoup de temps au niveau de l’envoi des factures, mais aussi, en les faisant parvenir au client plus rapidement, réduire considérablement le délai de paiement. Le développement d’outils de gestion électronique des documents est aujourd’hui incontournable. Cela permet de réduire les coûts, mais aussi de gagner en efficience, ne fut-ce qu’au niveau de l’archivage ou de la recherche de documents.

D’autre part, nous avons l’ambition d’améliorer notre site Internet, de le rendre plus vivant, notamment grâce à la mise en place d’un content management system, qui devrait permettre à chacune de nos entités de mettre à jour régulièrement les pages qui les concernent. Au niveau du marketing et de la force commerciale, c’est aussi un bon vecteur d’amélioration du business.

Selon quels critères choisissez-vous vos technologies et vos fournisseurs?

«Nous sommes une PME. Vu la taille de notre structure, nous devons veiller à minimiser les dépenses en général et donc celles liées à l’informatique. Il y a trois facteurs primordiaux auxquels nous sommes attentifs dans le choix de nos technologies et de nos fournisseurs: la qualité, le prix et la fiabilité.
Ensuite, nous cherchons à garder la main sur les technologies que nous mettons en place, afin de ne pas devenir dépendants d’un prestataire externe. Nous voulons pouvoir paramétrer au maximum nous-mêmes, nos différentes solutions. Cela exige que nos partenaires travaillent avec nous au niveau de l’implémentation de nouvelles solutions, nous donnent les clés d’accès.

Enfin, les relations humaines que nous entretenons avec les fournisseurs sont aussi très importantes. Nous privilégions les relations de confiance, avec des prestataires privilégiés, sur lesquels on peut s’appuyer.

Les solutions open source sont-elles intéressantes pour vous?

«Parce qu’elles présentent un avantage au niveau du coût, oui, elles peuvent être intéressantes. Mais cela demande aussi, pour notre service, beaucoup de temps pour effectuer des développements, ce dont on ne dispose pas toujours. Pour répondre à des problématiques concrètes, dans des délais raisonnables, la plupart du temps, il est plus facile de recourir à des solutions propriétaires, fiables et éprouvées. Mais nous avons actuellement recours à plusieurs solutions open source, comme Open Office ou pour notre Intranet.

En tant que responsable informatique, quelles sont concrètement vos missions?

«Il s’agit principalement d’assurer la gestion et la maintenance du réseau informatique, de maintenir en fonction le système et les moyens de communication du groupe. Au quotidien, au sein d’une PME, le métier de responsable informatique n’est pas simple et, surtout, il doit répondre à des tâches multiples. Nos fonctions comprennent aussi bien le helpdesk que la gestion des stocks, la négociation des tarifs, l’installation et la configuration de matériel, la formation des utilisateurs, la documentation… C’est vaste, mais aussi très enrichissant et varié. Ce qui en fait un très beau métier.

Selon vous, un CIO doit-il venir du terrain ou doit-il être avant tout un manager?

«Vu mon cursus scolaire et mes expériences professionnelles précédentes (voir encadré, ndlr.), je pense qu’un responsable informatique doit être familiarisé avec le terrain. C’est d’autant plus vrai dans une PME, où nous sommes peu nombreux pour assurer la gestion de l’ensemble des systèmes informatiques. Il faut une certaine maîtrise de la technique et des systèmes pour pouvoir répondre de manière efficace en cas de problème ou pour mettre ce qu’il faut en œuvre pour les éviter.

A mon arrivée chez Bati-C, mes tâches consistaient avant tout à la gestion des systèmes et à la maintenance du réseau. Avec le temps, toutefois, le management de l’informatique en général et les fonctions administratives occupent de plus en plus mon emploi du temps. Par la force des choses, je suis devenu un manager autant qu’un technicien. Et je me rends compte qu’un CIO doit aussi être capable de prendre du recul, de dépasser le point de vue technique, et de se placer en adéquation avec les desiderata et les besoins
spécifiques de l’entreprise.

Comment est intégrée l’informatique dans les processus de décisions stratégiques de l’entreprise?

«L’informatique, à proprement parler, n’est pas impliquée dans les décisions stratégiques prises au niveau du groupe Bati-C. Mais notre direction est sensible à la manière dont la technologie peut répondre aux besoins du business et nous sollicite régulièrement pour y répondre. En tant que responsable informatique, je suis en relation directe avec mon directeur lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes, au niveau technologique, pour le bien de l’entreprise.

Selon vous, par rapport aux stratégies business, quelle doit être la place de l’informatique au sein de l’entreprise?

«On a parfois l’impression que la technologie peut tout résoudre. De mon point de vue, si elle est un support incontournable au business de l’entreprise, l’informatique n’est pas la solution à tous les problèmes. Si personne n’est là pour faire fonctionner les systèmes, aussi performants soient-ils, pour les utiliser de manière adéquate, cela n’est pas très utile. La qualité de l’utilisateur, dans le cadre du développement ou de la mise en place de nouvelles solutions informatiques, est primordiale. La formation, à ce niveau, est importante.

L’informatique est avant tout au service de l’utilisateur et de l’entreprise. Elle doit faciliter le travail de chacun. Le responsable informatique, lui, doit opérer un management entre les utilisateurs et la direction, qui veut répondre à des objectifs business. Il doit comprendre les différents points de vue et faire la part des choses pour le bien-être général de l’entreprise.»

 

CV - Dix ans chez Bati-C

Jérôme Weber travaille depuis dix ans au département informatique de Bati-C. Spécialisé dans le secteur du négoce en matériaux de construction, le groupe est présent sur cinq sites différents au Luxembourg et un à Thionville. Son siège social, lui, est basé à Bertrange, comme les serveurs centraux du système informatique. Au total, le groupe emploie 210 personnes et compte un peu plus d’une centaine de terminaux informatiques. Pour gérer les systèmes, les infrastructures et le réseau, le département informatique compte deux employés. Jérôme Weber, chargé de la gestion de l’ensemble des systèmes, est âgé de 37 ans. Détenteur d’un diplôme universitaire de technologie (DUT) en génie électrique et informatique industrielle, obtenu à Longwy, il a d’abord été technicien helpdesk chez Agriconsult, la Centrale paysanne luxembourgeoise située à l’Agrocenter de Mersch pendant deux ans.