Le discours du ministre de l’Économie était très attendu ce mercredi soir à l'auditorium de la Banque de Luxembourg. Malgré l’annonce de sa démission la semaine dernière, c’est un Jeannot Krecké très offensif qui s’est exprimé dans une salle comble, devant les membres du paperJam Business Club.
En conclusion d’une table ronde qui a réuni les quatre principaux partis du pays (Gilles Roth pour le CSV, Claude Haagen pour le LSAP, François Bausch pour Déi Gréng et Claude Meisch pour le DP), le ministre socialiste a appelé à un large consensus pour mettre en œuvre les réformes urgentes, au premier rang desquelles la réforme de l’indexation automatique des salaires sur les prix.
Extraire les carburants
« Et si enfin, on avait un consensus dans ce pays ! », a protesté Jeannot Krecké. « Prenons la décision de dire : il n’y aura pas de tranche indiciaire, ni en février, ni en mars, ni en avril ! ».
Selon les calculs du Statec, elle devrait pourtant intervenir lors des premiers mois de 2012, alors que les salaires ont déjà été augmentés le mois dernier.
Pour celui qui quittera le gouvernement le 1er février prochain, il faut aussi extraire les prix des carburants du panier de l’indice des prix qui déclenche la hausse automatique des salaires de 2,5 %.
Peut-être de quoi rapprocher les positions des partenaires sociaux avant la réunion tripartite du 1er décembre. L'OGBL a toutefois réagi en s'étonnant que ce point de vue soit exprimé par un socialiste. « Je constate que Monsieur Krecké n'a pas de bonne méthode de travail, à quelques jours d'une réunion tripartite qui plus est », a déclaré Jean-Claude Reding, le président de l'OGBL dans une interview à L'Essentiel.
Selon le ministre, il n’y a pas d’autre issue pour préserver la compétitivité des entreprises et du pays, surtout dans la perspective d’une explosion prochaine des cours de l’énergie. « Ce phénomène va se produire tôt ou tard en raison de la pénurie des matières premières énergétiques. Il a seulement été retardé par la panne de croissance actuelle. »
Un fonds souverain
Mais selon le ministre, l’avenir du pays passe encore davantage par son attractivité internationale et les services sur mesure rendus aux entreprises : « On ne fera plus la différence avec la fiscalité et les niches de souveraineté qui nous ont profité », a-t-il averti. « C’est grâce à l’encadrement des entreprises que nous tirerons notre épingle du jeu et que nous assurerons notre avenir international. Misons sur les infrastructures et nous garderons la plupart des entreprises. Soyons parmi les meilleurs ! »
Jeannot Krecké estime néanmoins que le pays reste dans une situation acceptable, en comparaison de celle de la plupart des autres pays européens. « Il ne s'agit pas de tout arrêter. Nous devons seulement ralentir certaines évolutions. Nous pouvons encore le faire de façon ordonnée. Il n'y pas de danger immédiat et énorme. »
Le ministre de l'Economie appelle aussi à la création d'un fonds souverain, comme il en existe en Chine ou en Norvège, qui permettra à l'État d'apporter de l'argent frais aux entreprises.
Il estime enfin que les transferts sociaux et les aides doivent profiter avant tout à ceux qui en ont le plus besoin. « Toutes les familles luxembourgeoises ne sont pas victimes de la crise. En revanche, les gens qui ont perdu leur emploi ont un gros problème. »