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 (Photo: David Laurent / Wili)

Monsieur Verdure, quelles sont la place et l’importance de l’IT au sein d’EFA?

«Le regroupement de l’informatique et de l’organisation dans une direction spécifique traduit l’importance accordée à ces deux activités ainsi que leur complémentarité. Dès les origines de la société, nos actionnaires ont eu la vision d’une entreprise technologique et ont investi dans un système d’information moderne totalement optimisé pour l’administration de fonds. L’informatique reste aujourd’hui très présente dans nos activités, à chaque stade du traitement d’une information, même lorsque celle-ci nous arrive par fax et n’est pas structurée.

Faites-vous appel à des ressources externes en matière d’IT?

«Nous faisons peu appel à des services d’externalisation si ce n’est dans le cadre de projets de grande ampleur. Disposer des compétences fonctionnelles et techniques internes nous confère une grande flexibilité, d’autant plus importante pour nous adapter aux spécificités des multiples contreparties avec lesquelles nous travaillons.

Votre fonction est donc intimement liée au service apporté au client. Quelle est votre philosophie générale à ce sujet?

«Nous souhaitons rencontrer nos clients aussi souvent que possible pour cerner précisément leurs attentes. Ils sont au centre de nos discussions, naturellement au sein du comité de direction, mais aussi dans les équipes que je coordonne. Lors du développement d’une nouvelle solution, nos collaborateurs savent pertinemment à quel client elle sera destinée. Nous menons donc les projets avec un souci de communiquer leur finalité aux équipes. Nous bénéficions ainsi d’un engagement et d’un sens des responsabilités très forts de la part de nos collaborateurs.

Quelles sont vos méthodes de travail?

«Le développement des applications, leur évolution et leur maintenance représentent des investissements importants et la contribution d’une cinquantaine d’équivalents temps plein. Nous devons donc trouver un juste équilibre entre l’agilité et l’application de principes de gouvernance qui définissent les rôles et responsabilités de chacun. Nous utilisons aussi une méthodologie de conduite de projets. Au sein des équipes de production, une équipe composée de comptables expérimentés, qui maîtrisent les concepts informatiques, assure la maîtrise d’ouvrage en contribuant aux analyses et aux tests.

Quel regard jetez-vous sur le dialogue entre spécialistes de secteurs différents?

«Sur l’ensemble de ma carrière, je remarque que l’évolution est fondamentale. De nos jours, toute personne qui a effectué des études à orientation financière dispose généralement de très bonnes notions informatiques. Au-delà de la maîtrise des outils propres à leur domaine, les nouveaux diplômés ont parfois même acquis des bases en analyse et programmation, ce qui facilite le dialogue. De leur côté, les informaticiens, au sortir de leurs études, savent aussi qu’ils devront apprendre un second métier.

Quelle est la valeur ajoutée des fonctions de support dans une entreprise telle que la vôtre?

«L’informatique supporte les utilisateurs, mais participe également à la production dans la mesure où un certain nombre de flux sont totalement automatisés. Elle a aussi un rôle dans le déploiement de technologies habilitantes, comme la gestion électronique de documents ou les plateformes de ‘workflow’, qui permettent de concevoir les processus de production de façon efficiente. Notre apport se situe également au niveau de la différenciation commerciale en soutenant le développement de services sur mesure. En tant qu’acteur indépendant, nous n’imposons pas nos standards de communication et nous mettons également en avant notre capacité à nous adapter aux formats de nos clients.

Comment concilier adaptabilité et mise en place de processus standards dans une optique de rentabilité?

«C’est un équilibre difficile à trouver. Nos clients apprécient la flexibilité dont nous faisons preuve et n’ont pas toujours les capacités internes requises pour implémenter des flux de communication standards. Par ailleurs, compte tenu du nombre d’intervenants dans la chaîne de valeur, le plus grand commun dénominateur se limite souvent au mail ou au fax. Dans un tel contexte, nous recherchons toutes les solutions d’automatisation pour faire converger les intérêts, qu’il s’agisse d’une réduction des coûts, d’une meilleure maîtrise des risques ou encore d’une plus grande flexibilité.

Les nouvelles technologies peuvent-elles vous apporter de nouvelles solutions?

«Elles apportent de nouvelles solutions, mais créent également de nouveaux besoins. Plus que les technologies, c’est une plus grande standardisation qui améliorerait l’efficience de notre industrie. Mais force est de constater que même les messages swift dédiés spécifiquement à l’industrie des fonds, affichent encore un taux d’adoption relativement faible. Nous sommes réalistes, et nous nous sommes donc organisés de façon à traiter de façon efficiente et intégrée nos différents flux, qu’il s’agisse de fax, d’e-mails, de messages swifts ou encore de fichiers structurés, grâce à une plateforme de gestion documentaire d’entreprises.

Quelles sont les pistes de développement pour votre département?

«Cette gestion documentaire fait clairement partie des priorités. Elle permet non seulement de réduire le coût de traitement et d’archivage, mais surtout de construire des processus de travail plus efficients. Les documents papier constituent toujours un frein. Ils n’ont pas le don d’ubiquité et conditionnent dès lors fortement l’organisation de la production. Nous voulons aussi poursuivre le développement de notre portail internet, destiné à être le point d’accès unique à l’ensemble de nos services. L’agenda réglementaire est comme toujours bien chargé. La directive AIFM, par exemple, met en place un cadre légal contraignant pour les fonds alternatifs en imposant un passeport aux sociétés de gestion qui souhaitent distribuer ces fonds en Europe. À l’instar de ce que nous avons fait pour Ucits IV, nous allons accompagner nos clients dans leurs démarches en essayant de saisir l’opportunité que représente cette réglementation pour étendre notre gamme de services.

Peut-on revenir sur les démarches LEAN d’amélioration de processus que vous avez mises en place?

«Nous disposons d’une équipe LEAN dédiée qui travaille sur le terrain, auprès des équipes avec une approche collaborative. Notre démarche en la matière a évolué avec le temps. À l’origine, notre action était centrée sur la réduction du gaspillage et l’adaptation de nos processus à la variabilité de la demande.
Ceci nous a permis de générer des gains d’efficience et d’accompagner la société dans une évolution de ses processus de production pour intégrer la complexité croissante des fonds et l’évolution des besoins de la clientèle vers des services sur mesure. Après une première étape durant laquelle les équipes LEAN et IT travaillaient de manière isolée, nous avons remarqué qu’il était plus intéressant de combiner les efforts.

Cet aspect collaboratif que vous décrivez insuffle-t-il une nouvelle vision du travail?

«C’est en travaillant main dans la main autour d’un nouveau processus cible et de son automatisation, ou encore en remontant au besoin initial du client, que nous obtenons les meilleurs résultats. Nous remarquons que cette méthode nous a permis de recentrer le périmètre de certains projets en focalisant l’automatisation sur les axes les plus générateurs de valeur pour le client.Cela permet également d’aborder une problématique avec une double approche d’automatisation et d’optimisation des processus, en évitant d’automatiserla complexité.» 

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Les facettes de la finance

Jean-Marc Verdure (48 ans) a effectué des études d’économie et d’informatique aux Facultés universitaires de Namur. Il a eu la chance de faire partie de la génération dite «Apple 2» marquée par le développement de l’informatique individuelle et son extension rapide vers la sphère professionnelle. Il a travaillé pendant 17 ans au sein du groupe Fortis où il a découvert plusieurs facettes de cette entité, de la banque de détail à Luxembourg jusqu’au siège du groupe à Bruxelles, en passant par la start-up à Paris. Jean-Marc Verdure est aujourd’hui en charge de l’informatique et de l’organisation au sein d’EFA qu’il a rejoint en 2007. L’entreprise emploie quelque 500 personnes et gère 89 milliards d’euros d’actifs.