Le destin européen de Jean-Claude Juncker s'accomplit depuis ce samedi. (Photo: Maison moderne / archives)

Le destin européen de Jean-Claude Juncker s'accomplit depuis ce samedi. (Photo: Maison moderne / archives)

José Manuel Barroso a remis jeudi dernier les clés de la maison Europe à son successeur Jean-Claude Juncker qui est devenu officiellement le nouveau président de la Commission européenne. 

Un peu plus d’un an après sa défaite, et celle de son parti, aux élections législatives du 20 octobre 2013 remportées – mais en théorie seulement – par le CSV, Jean-Claude Juncker voit là son destin européen enfin s’accomplir.

Redevenu au soir même de ce dimanche d’octobre simple député et accessoirement un peu moins d’un mois plus tard chef de la fraction chrétienne sociale à la Chambre, Jean-Claude Juncker a très rapidement des envies d’ailleurs, du fait d’un costume bien trop petit pour lui. Il veut briguer la présidence européenne où José Manuel Barroso n’a plus qu’un an de mandat.

Un «homme libre»

Mais il peine encore à le reconnaître.  À la mi-décembre, comme il l’a déjà laissé entendre, il déclare à nos confrères de RTL qu’il est un «homme libre». Il dit qu’il est en pourparlers sur son destin, et avoue ne pas vouloir se présenter sur la liste du CSV au scrutin européen, ce qui peut l’exclure pour briguer le poste de président de la Commission.

Il remet toutefois les pendules à l’heure un mois plus tard en se disant cette fois «en principe prêt» à se lancer dans le grand bain, une déclaration faite en décembre depuis Berlin, sur les terres d’Angela Merkel, dont il aura besoin du soutien le cas échéant, et de Martin Schulz, son possible adversaire socialiste qui, dans cette course à l’Europe, partage les mêmes ambitions que lui.

Barnier avant Schulz

Un sondage Pollwatch publié en février donne d’ailleurs le président sortant du Parlement européen (PPE), ou du moins le parti socialiste européen, possible vainqueur du scrutin programmé pour le 25 mai pour lequel, à cet instant, Juncker ne vise que la place de candidat du PPE face au Français Michel Barnier et au Letton Valdis Dombrovskis. Car il faut passer par cette étape formelle pour se faire sa place à la présidence de l’Union européenne.

Dans cette course, il remporte son premier scrutin début mars, lors du congrès du PPE qui se déroule en Irlande, à Dublin, et qui le désigne comme candidat officiel du centre droit européen pour les élections du 25 mai. A charge pour lui de mener le PPE à la victoire face au socialistes que conduira Martin Schulz. C’est à ce prix toujours que son destin s’accomplira.

Dernière ligne droite en vue

Quelques débats télévisés plus tard face à ses adversaires – Schulz n’étant pas le seul –, Jean-Claude Juncker voit son horizon se dégager en ce dernier dimanche de mai, malgré une campagne émaillée notamment par les nouveaux coups bas d'opposants ou d’une certaine presse, anglaise le plus souvent, qui s’évertuent et s'évertueront encore à dépeindre l’homme comme avant tout fumeur invétéré et grand amateur de boissons fortement alcoolisées. Dans le même genre sera aussi évoqué le prétendu «passé nazi» de son beau-père.

Le PPE remporte ce scrutin et l’ex-Premier ministre luxembourgeois devient, mais officieusement seulement, le nouveau président de la Commission européenne. Car il doit encore obtenir l’aval du Conseil européen – les chefs de gouvernement des 28 – et celui du Parlement européen, pour être nommé officiellement cette fois.

La première étape est franchie à la fin juin et la seconde le 15 juillet, laissant au désormais futur président Juncker le soin de former son équipe devant prendre ses fonctions ce 1er novembre, toujours avec la bénédiction nécessaire du Conseil et du Parlement.

Homme cherche femmes

Cette dernière partie du chemin est elle aussi parsemée d’embuches. Car c'est une Commission féminisée qui est réclamée et les candidates au poste de commissaire ne se bousculent pas, alors que Juncker avait promis d’emblée 40% de femmes dans son effectif. Il lui en faut donc une dizaine, et il peine déjà à trouver les neuf correspondant à celles qui composaient la Commission Barroso, un service minimum que lui impose notamment le Parlement européen.

À la fin août, seules six femmes sont officiellement désignées et il faut attendre le 10 septembre, et l'annonce officielle de la composition de la nouvelle Commission, pour s’assurer que cette question de la «juste» représentativité des sexes soit enfin évacuée.

Quelques réajustements plus tard, principalement suite à l’audition par le Parlement européen des candidats commissaires dont l’un ou l’autre seront recalés, la Commission européenne de Jean-Claude Juncker est en place. C’est celle-là même qui est entrée en fonction.