Luxembourg et Suisse... des fois le même combat (Photo : DR)

Luxembourg et Suisse... des fois le même combat (Photo : DR)

Ces derniers temps, on évoque beaucoup, dans les sphères européennes, les directives, réglementations et autres mises à jour, censées apporter la sérénité transparente à tout un petit monde économico-politique. L’échange d’informations, la lutte contre les évadés fiscaux, contre les montages de fiducies, contre les opérations de blanchiment, tout semble aller dans la direction d’un nettoyage de façade.

Tout est censé rassurer le chaland (voire le nonchalant): les crises sont derrière nous, les messages du passé ont bien été perçus et, non, plus jamais cela n’arrivera… Personne ne pourra, évidemment, trouver à redire dans les bonnes intentions distillées en couches multiples. Et surtout pas au moment où, de toutes parts, les augures redevenus favorables parlent de frémissements de reprise et de retour à la croissance. C’est un peu comme si on allait fermer les yeux sur ce qui se passe à Kiev parce que c’est plus glamour à Sotchi…

Pour en revenir aux préoccupations européennes de bonne gouvernance, le Luxembourg est évidemment concerné. Souvent cité – rarement en exemple -, notre pays n’a pourtant pas nécessairement le profil du délinquant ni du marchand de rêves paradisiaques. Alors il se défend, face aux voisins plus grands, volontiers donneurs de leçons, pas toujours plus recommandables. Il se protège aussi. Le discours, au fond, reste le même : «Oui nous voulons évoluer vers la transparence, oui nous voulons des règles claires. Mais nous voulons que cela s’applique à tout le monde. Que l’égalité soit vraiment de mise», dit en substance la voix officielle.

Gagner du temps ou en perdre

Ainsi, le fameux échange automatique d’informations, palliatif au secret bancaire, le Luxembourg veut bien l’appliquer (comme l’Autriche), mais il faut que la Suisse, par exemple, joue selon les mêmes règles. Pierre Gramegna, en ministre des Finances héritier, l’a encore rappelé depuis Bern il y a quelques jours. Et il a tenu à peu près le même discours que son homologue helvétique.

Bref, tout le monde est d’accord. Mais, en langage diplomatique, on sait aussi que la Suisse, pays des votations, est devenue moins fréquentable depuis que la consultation populaire a donné un coup de pied au derrière de l’accueil de main d’œuvre étrangère.

Le Luxembourg s’en trouve un peu en porte-à-faux parce qu’il va, en cette période, discuter le coup avec l’autre Place, outre Jura. Le Grand-Duché se trouve, en même temps, en position de force: si l’Europe coupe les ponts de collaborations (Erasmus par exemple) avec la Suisse, on voit mal cette dernière abonder dans le sens d’une ouverture de ses comptes.

Bon, rien n’est aussi simple. Et il y a fort à parier que la Suisse, en habituée d’une neutralité qui se négocie et qui ramasse les dividendes à la fin, pourra panser ses plaies avant qu’elles deviennent béantes. Du temps perdu, diront les impatients de la cause. Le Luxembourg, pense-t-on, peut dans cet intervalle, continuer à gagner du temps, pour que ses acteurs s’organisent.