«C’est motivant pour tout le monde, même si c’est un sérieux défi» admet Colette Dierick. (Photo: Christophe Olinger)

«C’est motivant pour tout le monde, même si c’est un sérieux défi» admet Colette Dierick. (Photo: Christophe Olinger)

Mme Dierick, selon vous, pourquoi avez-vous été choisie pour diriger ING Luxembourg?

«Chez ING, les successions se préparent. Chaque année, au niveau des fonctions importantes, nous passons en revue les personnes qui ont les capacités pour les exercer et l’ambition de le faire. Personnellement, j’avais indiqué que c’était une place qui m’intéressait. Mon parcours et mon bilan ont sans doute ensuite joué en ma faveur. La fonction que j’occupais précédemment - head of retail and private banking au sein du comité de direction d’ING Belgique, ndlr - était aussi très intéressante, mais la volonté, chez nous, est de ne pas laisser les gens trop longtemps au même poste. D’ailleurs, ce nouveau job est la 11e fonction que j’exerce au sein du groupe.

Vous a-t-on donné une mission claire?

«Non, je n’ai pas reçu de mission particulière. Comme tous les business leaders d’ING, j’ai pour mission de veiller à ce que nos clients soient toujours au centre de nos priorités. Ça se traduit un peu différemment dans chaque entité, mais la mission est la même. C’est extrêmement important de préserver cette mission qui dépasse les objectifs au niveau financier. C’est motivant pour tout le monde, même si c’est un sérieux défi: le client exige de plus en plus, compare les opérateurs entre eux et veut des solutions rapides pour un niveau élevé de qualité.

Ici, la moitié des clients seulement sont des résidents, ça change la donne.

Colette Dierick, CEO ING Luxembourg

Diriger une banque au Luxembourg, est-ce différent que dans un autre pays? C’est un modèle à part?

«Pas vraiment. Ici, comme partout ailleurs, la première mission en tant que CEO est d’inspirer les gens. Après, c’est clair que les activités peuvent être différentes d’un pays à un autre, mais fondamentalement ça reste très semblable. Bien entendu, il y a des spécificités propres au Luxembourg. Ici, la moitié des clients seulement sont des résidents, ça change la donne. Ça complexifie l’activité. Cette situation est unique au niveau des différentes filiales du groupe. Ensuite, il y a ce rôle de place financière. Ça procure du know-how, des compétences que l’on ne trouve pas facilement ailleurs.

Comment qualifieriez-vous votre style de management?

«(Sourire) Il faut le demander à mes anciens collaborateurs (elle nous montre alors un petit livret réalisé par ses anciens collaborateurs pour son départ et qui la décrit par l’image). Hauts talons: je reste femme, même si j’exerce une fonction très souvent occupée par des hommes. Smartphone: je suis passionnée par le digital, j’ai toujours aimé les gadgets. Je crois aussi que ce qui me caractérise, c’est que je fais ce que je dis. Enfin, j’aime énormément travailler avec des gens, mais en même temps je suis fascinée par les chiffres. Je crois vraiment au travail en équipe, une personne seule ne sait rien faire. Et pour pouvoir satisfaire ses clients, il faut commencer par respecter ses collaborateurs. Je suis déjà venue en juillet pour rencontrer mes adjoints et mon objectif est de finir par connaître tous les 800 collaborateurs d’ING Luxembourg. Ce sera évidemment plus facile lorsque nous aurons réuni les trois entités dans un même bâtiment, début 2017.

Quels sont, selon vous, les trois plus grands défis qui vous attendent au Luxembourg?

«Les défis sont les mêmes partout pour les dirigeants de banques, et en tout cas pour ceux d’ING. Le premier, partagé par tout le secteur, est celui de la profitabilité et du nouveau contexte réglementaire devenu extrêmement contraignant. Et, en même temps, la politique de baisse des taux fait qu’une grande partie de nos revenus est sous pression. Deuxièmement, toute entreprise a pour mission d’apporter de la valeur à ses clients. Or, comme je l’ai dit, ceux-ci demandent de plus en plus. Ce qui fait que, malgré les contraintes, il faut continuer à développer des solutions privilégiant la rapidité. Troisièmement, je veux continuer à faire d’ING un employeur de choix pour tous nos collaborateurs. Le déplacement de tout le monde vers le quartier de la gare va favoriser les collaborations mais aussi améliorer leur cadre de travail. Ils seront bien moins isolés qu’ici – le siège est implanté route d’Esch, ndlr.

Le déplacement au quartier de la gare va améliorer le cadre de travail de nos collaborateurs.

Colette Dierick, CEO ING Luxembourg

Dans quels domaines d’activité la division luxembourgeoise a-t-elle le plus de progrès à faire?

«Mes prédécesseurs ont bien géré cette banque. Il n’y a pas un domaine dans lequel je vais devoir intervenir pour tout changer. Évidemment, dans tous les domaines on peut encore progresser. Mais il n’y en a pas un qui réclame un travail d’urgence. Il faut simplement continuer à avancer dans tous les domaines.

Que retenez-vous de vos cinq années déjà passées au sein du conseil d’administration d’ING Luxembourg?

«C’est par cette voie-là que j’ai appris à connaître le Luxembourg. Je retiens avant tout le changement important au niveau de l’échange d’informations. C’est un sujet qui a demandé énormément de travail, alors que ce n’était pas vraiment pour apporter des améliorations. Côté positif, par contre, j’ai pu constater l’expansion de l’ancrage local de la banque. Il a vraiment évolué au cours de ces cinq dernières années. Enfin, nos quatre administrateurs externes luxembourgeois m’ont aussi donné le goût du pays. Ils m’ont appris à l’apprécier et à mieux le connaître, au point que j’ai imaginé venir y occuper de nouvelles fonctions.

Vous rapportez à Rik Vandenberghe, qui avait dirigé la filiale luxembourgeoise avant Luc Verbeken, que vous remplacez. C’est une chance ou un stress vu sa bonne connaissance du dossier?

«Je le connais très bien et nous avons toujours bien travaillé ensemble. C’est vraiment un plus d’avoir quelqu’un qui connaît le Luxembourg et qui est, d’ailleurs, toujours resté un grand promoteur du pays. Ca fait aussi partie des raisons qui m’ont poussée à prendre cette fonction. C’est toujours plus facile que quand on a un patron qui ne connaît pas les spécificités de votre fonction.»