L’énergie renouvelable, la rénovation d’anciens vergers traditionnels et les immeubles de grande efficience énergétique sont autant de projets qui tiennent à cœur à Carlo Hein. (Photo: Edouard Olszewski)

L’énergie renouvelable, la rénovation d’anciens vergers traditionnels et les immeubles de grande efficience énergétique sont autant de projets qui tiennent à cœur à Carlo Hein. (Photo: Edouard Olszewski)

L’argent et moi

Une devise en matière d’argent?

«En anglais, on dit ‘Money does not grow on a tree’. Les ressources avec lesquelles nous travaillons sont limitées. C’est vrai pour l’argent, mais aussi pour toutes les autres ressources. Au niveau de notre groupe, nous avons toujours visé à réaliser des immeubles basse énergie. Au niveau de Ramborn, nous essayons d’utiliser les ressources locales, sans exploiter les terres de manière négative. Nous adoptons aussi les grands principes de ce qu’on nomme désormais l’’économie de partage’. Mais nous n’avons rien inventé. Je suis le cinquième d’une famille de six enfants, j’ai toujours hérité des jouets de mes grands frères.

Votre première paie?

«Dès l’âge de 14 ans, j’ai travaillé deux mois au cours des vacances d’été dans les centres commerciaux Copal de mes parents.

Votre premier réel succès financier en tant qu’entrepreneur?

«La philosophie de notre groupe est la création de valeur. Les succès ne se réalisent pas d’un coup. La création de valeur se fait depuis 60 ans, lorsque mes parents ont lancé leur première activité. Nos investissements visent toujours à assurer le futur.

Placements

Vous gagnez 50 millions à l’EuroMillions, qu’en faites-vous?

«J’accélérerais les projets qui me tiennent à cœur: les immeubles de grande efficience énergétique, les énergies renouvelables, la rénovation d’anciens vergers traditionnels.

Investissez-vous à titre personnel?

«Non, mis à part dans la société. Il y a un peu plus de 20 ans, j’ai essayé de comprendre la bourse. J’ai investi un peu, j’ai passé beaucoup de temps à suivre les cours, à m’informer, et j’en suis sorti après six mois avec un tout petit bénéfice. Je me suis alors rendu compte que je n’avais aucune mainmise sur l’information qui m’était transmise, ni sur les fondamentaux des sociétés. Depuis, je pense être mieux servi en investissant dans ce que je réalise moi-même.

Êtes-vous collectionneur?

«Non! Enfin, si, je collectionne les arbres [rires]. Nous avons créé un verger où nous plantons deux arbres de chaque variété de pommes et poires luxembourgeoises. Au total, nous devrions planter 150 espèces. Actuellement, nous en avons déjà 35. Nous voulons recréer des lieux où l’on pourra trouver des variétés parfois très rares.

Cadeaux

À quoi faites-vous attention quand vous faites un cadeau?

«Je veux que ce soit très personnel. J’essaie d’offrir des cadeaux qui permettent de partager un bon moment. Passer du temps ensemble, c’est ce qui a le plus de valeur à mes yeux.

Quelle est la dernière chose que vous vous êtes offerte?

«Une gamme de cidres exceptionnelle trouvée dans un cider shop à Rotterdam: 16 grands cidres à déguster avec mes amis.

À quel signe de richesse êtes-vous attentif chez les autres?

«Il n’y en a pas spécialement. J’ai parfois rencontré des gens très humbles qui possédaient des fortunes énormes. Les vrais signes de richesse ne se voient pas. Certaines personnes ont moins de ressources financières, mais trois fois plus de richesses que ces signes matériels. Je préfère passer du temps avec des gens qui ont une profondeur de pensée qu’avec des gens uniquement capables de parler d’argent.

Pour quel bien seriez-vous capable de ne pas compter?

«Le temps. Je lui accorde une grande valeur. Mais je sais que je ne peux pas l’acheter…

En vrac

Vous êtes plutôt fonceur ou calculateur?

«Je suis plutôt fonceur, mais j’ai la chance d’avoir des frères et sœurs de caractères différents. Comme nous travaillons en groupe, certains savent me freiner.

Vous créez un produit qui vous plaît, ou qui va rapporter?

«Un produit qui me plaît. Et il doit refléter un certain nombre de critères: qualitatif, durable, social et économique.

Quel sponsoring imagineriez-vous avec Ramborn?

«Je viens de lire La Vie secrète des arbres. Ce livre m’a beaucoup marqué. Je sponsoriserais donc des gens actifs au niveau des arbres, de la nature, de la biodiversité. 

Famille

Avez-vous déjà connu l’échec financier?

«Non, et je pense que c’est lié à notre politique familiale. Nous prenons les décisions ensemble après parfois de longues discussions. Ce ne sont jamais des choix faits rapidement et non réfléchis. Il y a un processus de groupe qui se met en place pour prendre les bonnes décisions. C’est l’avantage d’être une grande famille.

Vous parlez facilement d’argent en famille?

«Oui. Nos parents nous ont élevés dans le respect des ressources disponibles. L’argent en fait partie. Aujourd’hui, ce respect est inhérent à toutes nos actions.

Est-on plus attentif aux capitaux dans une entreprise familiale?

«On ne regarde pas seulement le coût des produits que l’on crée, on est aussi attentif à la vraie valeur du produit. Il existe sur le marché des produits copiés qui sont moins chers. Les gens les achètent sans se poser la question de savoir pourquoi ils le sont. Comment se fait-il qu’un produit d’alimentation industriel puisse être moins cher? Dans une société familiale comme la nôtre, on regarde évidemment le prix, mais aussi la valeur réelle du produit.»

Bio express

Diplômé en informatique de l’Université du Luxembourg, Carlo Hein (50 ans) est actif au sein de la société familiale Becolux, spécialisée dans la rénovation et la location d’immeubles orientés vers la durabilité. Avant cela, il avait effectué un passage de quatre ans à la BCEE, qu’il a quittée en tant que responsable de l’organisation et de la sécurité informatique. Entrepreneur multi-casquettes, il a lancé en 1997 le premier parc éolien du pays, toujours en famille, avant de s’orienter vers l’énergie solaire. Le dernier projet en date est celui du cidre Ramborn, lancé il y a un peu moins de trois ans à Born.