Lors de ses missions, Rudy Lafontaine se place à la fois comme externe pour prendre la distance nécessaire vis-à-vis du besoin du client, tout en se mettant dans la peau d’un salarié de l’entreprise concernée. (Photo: Maison Moderne / Archives )

Lors de ses missions, Rudy Lafontaine se place à la fois comme externe pour prendre la distance nécessaire vis-à-vis du besoin du client, tout en se mettant dans la peau d’un salarié de l’entreprise concernée. (Photo: Maison Moderne / Archives )

Quand avez-vous découvert votre ADN d’entrepreneur?

Rudy Lafontaine. – «Je voulais créer mon entreprise depuis plusieurs années, mais ce n’est pas une chose à laquelle je pensais depuis toujours. Au sein des entreprises pour lesquelles j’ai travaillé, j’ai toujours mené mes missions avec l’esprit d’un entrepreneur, et non pas celui d’un exécutant, en ayant l’idée de faire partie d’un bateau.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer?

«J’étais associé chez Maison Moderne (maison d’édition de Paperjam, ndlr), et je m’étais toujours dit que soit je créais mon entreprise, soit je restais au sein du groupe. En 2015, j’ai connu un problème de santé important qui m’a fait réfléchir sur le sens de la vie personnelle, professionnelle, à mes attentes, mes intentions, etc. Et en discutant avec mon entourage, je me suis dit qu’à 49 ans, j’étais prêt, les entreprises au sein desquelles j’avais évolué avaient en quelque sorte parachevé ma formation.

Sur quel marché se positionne votre entreprise?

«Mon expérience n’étant pas uniquement dans la communication, dans les workflows éditoriaux ou dans le publishing, j’accompagne mes clients sur quatre axes de services essentiels: le premier est l’analyse et la définition d’une stratégie ou d’objectifs clairement définis. Quel est le projet du client, à quoi va-t-il servir et ce qu’il souhaite en faire. Si les objectifs ne sont pas clairs, nous les définissons ensemble.

Le deuxième axe est la planification et la recommandation, ce que l’on va faire avec le client, combien cela va coûter, le temps nécessaire, etc. On met le tout en musique en ayant des plannings, des méthodes. Je peux également créer un univers graphique. 

Le troisième axe est la réalisation en elle-même, la production. Il peut s’agir de la coordination entre l’agence du client, les auteurs, les rédacteurs, les photographes, etc. Je réalise le briefing, le suivi et la coordination.

Le quatrième axe est l’analyse et l’optimisation de tout ce qui a été réalisé, l’analyse des résultats, des process ou des outils. Il faut alors réaliser un audit et du conseil, et améliorer les choses, les dépenses, les budgets d’impression, etc.

Actuellement, 80 à 90% de mes clients sont au Luxembourg.

Rudy Lafontaine, Dots

Qui sont vos clients?

«Ce sont plutôt des PME jusqu’à 200-300 personnes, présentes dans tous les secteurs d’activité. J’ai par exemple travaillé pour une asbl qui est dans le secteur du conseil en Belgique, un institut de beauté ou une importante entreprise au Luxembourg. Tous les projets restent dans le domaine de la communication, au sens large, c’est de la stratégie, du marketing. Il s’agit par exemple d’une newsletter, d’un livre, etc. Actuellement, 80 à 90% de mes clients sont au Luxembourg, car c’est ici que se trouve la majeure partie de mon carnet d’adresses.

Comment vous différenciez-vous de la concurrence?

«Je ne ‘vends’ pas quelque chose de précis, je propose plutôt mes connaissances, mes services et finalement mon expertise. Je me positionne assez facilement entre le client et son agence, je ne suis pas une agence à proprement parler, je rassemble les talents nécessaires pour réaliser les travaux, et je conseille les clients comme si c’était pour moi.

Nous créons une relation de confiance, de complicité avec mes clients, et j’agis comme un salarié dans l’entreprise, avec l’avantage d’être extérieur, et de pouvoir m’en aller quand la mission est achevée. Je suis donc disponible à la carte en fonction des projets et de leur dimension. J’amène un certain recul et une naïveté. Si je ne connais pas le métier, je vais m’y intéresser. Cette neutralité de ma part permet au final un questionnement de l’entreprise. 

Votre entreprise a été opérationnelle au mois de février, quelles sont vos premières réactions après neuf mois d’exercice?

«Le premier bilan est positif. Être vraiment indépendant, ne dépendre de personne est très agréable. Financièrement, forcément, cela fait un peu peur au début, parce que c’est désormais à moi d’aller chercher les clients et les contrats, mais c’est une vraie satisfaction à l’arrivée.

Ce qui m’a le plus surpris, c’est le temps d’acquisition. Convenir d’une date de rendez-vous avec les clients prend du temps, ils ne pensent pas forcément avoir un besoin, donc il faut d’abord l’identifier ensemble. J’anticipe ces cycles pour ne pas démarcher tout le monde en même temps et être débordé à la même période, donc je régule les missions.

Quand visez-vous le point d’équilibre?

«Je l’ai déjà atteint puisque j’arrive à me verser un salaire depuis le mois de septembre. Les objectifs que je m’étais fixés ont été dépassés et j’aimerais les doubler l’année prochaine. J’ai la satisfaction d’avoir été chercher mon chiffre d’affaires moi-même.

Voulez-vous développer l’entreprise en recrutant?

«Si l’occasion se présente, si je me rends compte que pour une mission il y a besoin d’embaucher, alors je pourrai le faire. Je pourrais également m’entourer d’une entreprise avec laquelle réaliser un partenariat. 

Ce que je sais, c’est que je peux donner sa chance à mon projet d’entreprise et je n’aurai aucun regret.

Rudy Lafontaine, Dots

Comment voyez-vous votre développement?

«Il faut beaucoup travailler le réseau, le networking, aller aux événements, mais le bouche-à-oreille commence déjà à fonctionner également. Je me dis aussi qu’avec mon expérience, je peux intéresser des entreprises en tant que salarié, donc je pourrai éventuellement me remettre sur le marché de l’emploi si mon activité avait un problème. Et si une mission devait se prolonger, je pourrais peut-être être embauché dans l’entreprise à mi-temps, mais je n’ai aucun plan. Ce que je sais, c’est que je peux donner sa chance à mon projet d’entreprise et je n’aurai aucun regret.

Une passion en dehors des affaires?

«Je fais du théâtre depuis une dizaine d’années, nous avons à la fois des ateliers de création théâtrale, et une pièce à jouer. Je suis également, depuis 22 ans, un des membres fondateurs du Ward’In Rock Festival en Belgique. 

Y a-t-il une devise qui vous correspond?

«La chanson de Peter Gabriel ‘Don’t give up’. Il ne faut jamais abandonner avant d’avoir essayé.»

Rudy Lafontaine en trois dates-clés:

1990: fin de ses études en arts et industrie graphiques obtenues à Liège, et début de la vie active.

Mars 2005: intègre les Éditions Mike Koedinger en tant que chef de projet, puis directeur des opérations, et deviendra associé chez Maison Moderne.

Novembre 2017: création de l’entreprise Dots, dont le siège social se situe à Sonlez.