Jacques Lanners était entré en 1982 chez Cerametal. Il connaissait le détail d’une entreprise devenue groupe mondial dans les moindres détails. (Photo: Gaël Lesure / archives)

Jacques Lanners était entré en 1982 chez Cerametal. Il connaissait le détail d’une entreprise devenue groupe mondial dans les moindres détails. (Photo: Gaël Lesure / archives)

«Un très bon état d’esprit.» En lui demandant dans quel état d’esprit il se trouve après avoir refermé vendredi et pour la dernière fois la porte de son bureau, Jacques Lanners a le sentiment du devoir accompli. Et d’avoir respecté une promesse.

«J’ai 60 ans, c’est un bel âge», glisse-t-il. «J’avais promis à mon épouse il y a 12 ans que j’arrêterais à cet âge.»

C’est officiellement ce 1er octobre que Jacques Lanners quitte sa fonction de président du directoire de l’entreprise familiale, devenue un groupe mondial présent en Europe, en Asie et en Amérique. 

«Quand je repense à ma carrière – j’ai commencé en 1982 –, le groupe comptait dans son ensemble 400 personnes, et quand papa est décédé en 2005, nous étions 3.800 personnes, et aujourd’hui 9.500», ajoute Jacques Lanners.

Des étapes-clés 

Certaines étapes apparaissent comme déterminantes dans ses souvenirs: le regroupement en 2002 de Cerametal (propriété des familles Lanners et Wolter) avec l’autrichienne Plansee Tizit (propriété de la famille Schwartzkopf). «En nous unissant avec notre ennemi numéro 1, nous avons doublé de taille du jour au lendemain. Cela nous a donné des forces que nous n’avions pas avant», se rappelle Jacques Lanners. 

2010, autre étape avec l’acquisition de 50% des parts du producteur de carbure CB Carbide: «À partir de ce moment, 2.000 personnes travaillaient pour nous en Chine.» Les acquisitions se seront poursuivies au fil des opportunités et des objectifs du groupe. La dernière en date fut celle de Komet en octobre 2017.

Le capitaine et l’équipe

Mais au moment de faire ses cartons, Jacques Lanners n’en oublie pas les moments plus délicats, en particulier la crise de 2008. «Notre chiffre d’affaires a baissé de moitié, nous affichions une perte de 40 millions d’euros, mais après deux ans, le groupe était remis à flot grâce à une équipe motivée.»

«Quand j’ai le blues, je vais voir les machines», confiait-il lors d’une grande interview accordée pour le numéro de décembre 2017 de Paperjam. En le suivant dans les couloirs de Ceratizit à Mamer, on comprenait que le patron aimait aussi rester au contact des employés pour sentir son entreprise.

Jacques Lanners avait fait la couverture de l'édition magazine de Paperjam en décembre 2017.

Jacques Lanners avait fait la couverture de Paperjam en décembre 2017.

«Un capitaine n’est rien sans une équipe et une équipe n’est rien sans capitaine. J’ai toujours tenu à embaucher des personnes qui possédaient une compétence que je n’avais pas», note-t-il au terme d’un chapitre important.

Succession préparée

En interne, le passage de relai a débuté en décembre 2017 avec le choix de Frank Thomé, entré chez Ceratizit en 2016, pour le remplacer. «Nous avons travaillé du 1er mars au 1er octobre pour que la transition se fasse en douceur.» Le directoire sera désormais composé de Frank Thomé, Thierry Wolter, Andreas Schwenninger et John O’Hara. 

À noter qu’un autre changement est intervenu par ailleurs à la tête du site luxembourgeois de Ceratizit, suite au départ de Paul Jung, après 10 ans de collaboration. Ses responsabilités sont désormais exercées par Philippe Lanners (déjà cogérant du site) et Andreas Olthoff. 

Jacques Lanners ne restera pas tout à fait inactif sur le plan professionnel puisqu’il effectuera quelques missions de consultance, siègera au niveau du conseil du groupe Ceratizit et d’autres conseils d’administration. «Mais je ne passerai plus 100 jours par an à l’étranger!»