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Après Nicolas Buck et Abbas Rafii, Jacques Lanners est le troisième<br/>lauréat du prix organisé au Luxembourg. (Photo: Etienne Delorme) 

C’est un Jacques Lanners au bord des larmes qui s’est vu remettre des mains de Jeannot Krecké, ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, le trophée translucide récompensant l’entrepreneur de l’année 2009. Lui qui, lors des deux précédentes éditions, avait poliment décliné l’invitation à participer à ce concours, avait, cette fois-ci, cédé à la tentation. «En ces périodes de crise, je me suis dit qu’il serait bien de mesurer la performance de notre entreprise par rapport aux autres. Une sorte de benchmark. J’ai entamé le processus sans ambition particulière, mais je dois avouer que lorsqu’on m’a contacté pour me dire que je serais dans les six finalistes, alors j’ai espéré remporter ce trophée.»

Le jury, présidé – pour la première fois – par Robert Dennewald, le président de la Fedil a, en tous les cas, eu du pain sur la planche. «Aux dires des membres du jury ayant déjà suivi les deux éditions précédentes, le niveau général des candidats était le plus élevé de tous», a-t-il expliqué. 23 dossiers de candidature, parmi lesquels ceux de trois femmes, ont été étudiés. «Un consensus s’est assez largement dégagé pour quatre d’entre eux. Les deux derniers ont demandé plus de discussions», concède M. Dennewald.

27 ans de fidélité

Les secteurs de la construction (avec Marco Sgreccia/Tracol et François Thiry/C. Karp Kneip), de l’informatique (Jourdan Serderidis/ARHS Developments), du médical (Jean-Luc Dourson/Laboratoires Ketterthil) et des transports (Marc Sales/Sales Lentz) étaient représentés en finale. Mais c’est cette «bonne vielle industrie» qui a été à l’honneur avec Jacques Lanners, membre du directoire et président du conseil de surveillance de Ceratizit.

«Le jury a été impressionné par sa vision entrepreneuriale, les performances de son entreprise, la maîtrise de son environnement économique, son développement à l’international et son parfait sens de la responsabilité sociale» a résumé Robert Dennewald.

L’intéressé a eu du mal à cacher son émotion au moment de recevoir son trophée. Lui qui met toujours en avant la qualité et l’importance du travail d’équipe s’est, cette fois, retrouvé sur le devant de la scène. «Certains jours, on se dit que l’on ferait mieux de rester au lit, a-t-il expliqué. Mais on se lève quand même, car on sait qu’il y a des gens qui vous attendent, qui ont des projets à partager avec vous. Et quand vous arrivez au bureau et que vous êtes accueillis par des gens qui sont contents de vous voir, c’est là que se trouve la plus belle reconnaissance. Ce n’est certainement pas celle que l’on peut connaître au travers des médias.»

Il aurait bien évidemment préféré que ce soit toute l’entreprise, dans son ensemble, qui soit récompensée. Une entreprise au sein de laquelle il a déjà consacré 27 ans de sa vie professionnelle. Il est entré en 1982 dans ce qui s’appelait encore Cerametal, une société fondée par son grand-père (devenue Ceratizit en 2002 suite à la fusion avec le groupe autrichien Plansee-Tizit). Il était, alors, ingénieur dans un bureau d’études et a, comme première mission, pris en charge la création d’un atelier de production à Livange. Un projet dans lequel il a appris, au-delà des aspects techniques, tout le volet humain de la gestion d’une entreprise. «Ce fut toujours une belle aventure, même s’il y a tout de même eu des moments plus difficiles. Certaines nuits, je me souviens avoir dormi à côté des machines, afin d’assurer la production», se souvient-il.

Agé de 51 ans, Jacques Lanners a gravi tous les échelons pour, finalement, prendre la direction de Ceratizit en 2003.

«On peut gagner n’importe quelle guerre»

Son passé est pour le moins une réussite. Quid de son avenir, et de celui de l’économie luxembourgeoise de manière générale? «Nous nous attelons, actuellement, à nous remettre au niveau de 2008. Je pense que cela nous prendra quatre ou cinq ans. Ce sera pareil pour l’ensemble du pays. Je ne veux pas, cependant, voir tout en noir comme Yves Mersch, par exemple, qui n’a pas fait un diagnostic, mais une véritable autopsie du Luxembourg (le président de la banque centrale a présenté, ce mardi, l’avis de la BCL sur le budget de l’Etat, ndlr.) Nous avons du bon personnel, des gens qui en veulent, qui ont faim. Avec ça, on peut gagner n’importe quelle guerre».

Le commandant en chef de l’Economie luxembourgeoise, Jeannot Krecké, n’a pas pu être moins optimiste lors de son intervention et a surtout tenu à féliciter l’ensemble des entrepreneurs, primés ou non, de leur comportement en ces temps de crise. «Les entrepreneurs auraient très bien pu se faciliter la vie. A de très rares exceptions près, ils ne l’ont pas fait. Ce ne sont pas les affreux personnages qui veulent licencier tout le monde, mais clairement des gens qui veulent aller de l’avant. Un bon dirigeant d’entreprise sera surtout jugé à sa capacité à mener sa barque à bon port même dans la tempête. Beaucoup sont à l’affût de nouvelles opportunités et ne sont pas là à se lamenter.»

Le général Lanners, quant à lui, sera sur le front, en juin 2010, à Monaco, l’occasion de la finale mondiale de ce concours de l’entrepreneur de l’année qui a concerné, pour cette édition, 135 villes dans 50 pays.

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