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«Le départ d’une personne clé peut mettre l’entreprise familiale<br/>en péril» (Photo : Luc Deflorenne) 

Au début, on ne s’intéresse pas au sujet et on sourit en lisant le titre. Et puis, on ouvre au hasard et on s’attarde de plus en plus longuement sur les pages.

Les deux auteurs ont su communiquer leur passion pour les entreprises familiales dans leur ouvrage «Bijoux de familles»-Itinéraires de prospérité et valeurs des entreprises familiales ambitieuses.

Les entrepreneurs parlent  aux entrepreneurs

Valérie Denis est directrice adjointe de l’ICHEC PME, le département PME d’une école de gestion belge fondée par des religieuses au milieu du XXe siècle. Elle a la charge de la Family Business School qui forme directement aux entreprises familiales. Jean Mossoux est chargé de cours au sein de l’établissement et administrateur d’entreprises familiales.

Outil pédagogique pour les étudiants, l’ouvrage peut prétendre devenir un véritable guide de bonnes pratiques pour entrepreneurs familiaux et entrepreneurs tout court. «Les entrepreneurs parlent aux entrepreneurs. C’est le résultat de rencontres et d’écoutes et non pas de recherche académiques», résume Philippe Depoorter, secrétaire général de la Banque de Luxembourg, qui s’est associée à cette initiative avec le cabinet Ernst & Young.

Les auteurs ont recueilli vingt témoignages d’entrepreneurs familiaux qui racontent leurs parcours, leurs réussites, leurs difficultés, la  transmission de leurs entreprises. Parmi eux Rik De Nolf, administrateur délégué du Groupe Roularta, groupe de médias belge ou encore, pour le Luxembourg, Georges Lentz, administrateur délégué de la Brasserie Nationale Bofferding-Munhowen créée en 1764 par ses aïeux.

Témoignages sincères

Les témoignages sont souvent sincères, à mille lieux de la communication aseptisée des grandes entreprises cotées: «Chez Bofferding, à mes 50 ans, nous avons décidé qu’il était temps de prévoir la succession. Pourquoi? Parce que de cette manière, on n’est pas stressé. Un accident est vite arrivé. De plus, je crois que cela permet de choisir éventuellement quelqu’un de l’extérieur qui n’est peut-être pas le bon du premier coup».

Même spontanéité chez Katia De Paepe, fondatrice de Amtoy’s entreprise familiale de première génération, spécialisée dans la création de peluches: «En fait, j’ai démarré l’entreprise parce que je voulais travailler à mi-temps. J’étais persuadée que quand on était salarié, on travaillait beaucoup et que quand on était indépendant, c’était beaucoup plus cool... ».   «Il a fallu créer une relation de confiance avec les entrepreneurs pour qu’ils se livrent ainsi. Il n’y a rien de tel que le témoignage d’un entrepreneur pour en faire avancer un autre», explique Valérie Denis. Le livre est le fruit de trois ans de recherche.

Au final, les auteurs ont identifié les valeurs clés des entrepreneurs familiaux : «Le respect de la parole donnée est plus important dans les entreprises familiales que dans les autres. Elle est maintenue, y compris si les circonstances changent.  C’est un ancrage qui est fondé dans l’éducation», note Jean Mossoux. La passion figure également en bonne place et en entraîne d’autres, comme l’amour pour le produit, la rigueur, la vision de long terme, un engagement sociétal, la reconnaissance envers l’équipe. «Dans une entreprise familiale, le départ d’une personne clé peut mettre l’entreprise en péril», souligne Jean Mossoux.

Selon les auteurs, c’est toute l’économie moderne qui devrait davantage s’inspirer du modèle «familial» pour remettre en cause le culte du court terme. Les événements financiers actuels ne sont pas loin de leur donner raison.

 

Seize valeurs familiales à pratiquer dans l’entreprise

Le courage

La responsabilité de soi

L’honnêteté

L’optimisme-humour

La décision

Le rebond face à l’échec

Le refus de la rumeur

Le dévouement

L’excellence

La déférence égale

L’engagement des jeunes dans l’avenir

L’analyse des faits

Les réalités de la vie

La modération

La force de caractère

le sens de l’avenir