Pour l’opposition, la politique industrielle du gouvernement serait «inaudible» en raison des discours divergents tenus par les ministères de l’Économie et de l’Environnement. (Photo: Maison moderne / archives)

Pour l’opposition, la politique industrielle du gouvernement serait «inaudible» en raison des discours divergents tenus par les ministères de l’Économie et de l’Environnement. (Photo: Maison moderne / archives)

Contexte préélectoral oblige, la décision de Knauf Insulation d’implanter son usine de laine de roche sur le site mosellan d’Illange-Bertrange a jeté un nouveau regard sur les projets d’implantation d'entreprises en cours. Que ce soit l’arrivée d’un data center «made by Google», la création d’une usine de yaourt aux couleurs de Fage ou la cession par ArcelorMittal de son site de Dudelange, dans le cadre des règles européennes de la concurrence. Mais aussi sur la vision de l’industrie au Grand-Duché.

Tous s’accordent sur «la nécessité pour le pays d’avoir un secteur industriel fort», mais les voix divergent quant aux priorités à mettre en place. Si Étienne Schneider (LSAP), ministre de l’Économie, a réitéré sa crainte de voir l’image du pays ternie auprès des investisseurs étrangers comme «pays hostile à l’industrie», l’illustration des différentes approches s’est faite dans le dossier Fage.

Bien qu’aucune nouveauté n’ait été présentée pour l’implantation de l’usine de yaourt annoncée en juillet 2016 et qui devait sortir de terre d’ici la fin 2018, le dossier a été l’occasion d’échanges sur les conséquences de cette arrivée. Particulièrement sur la consommation d’eau de l’industriel et ses répercussions économiques.

Un chaos généralisé qui rend inaudible la politique industrielle de ce gouvernement.

Laurent Mosar, député CSV

Pour le ministre de l’Économie, l’implantation d’une usine consommant quelque 900.000m3 d’eau par an – soit l’équivalent de la consommation annuelle de la ville de Dudelange – doit aboutir à «la baisse de la facture pour les résidents, comme le démontrent les chiffres du président du Syndicat des eaux du Sud». À l’inverse, pour Gérard Anzia (Déi Gréng), la hausse programmée de la demande en eau a d’ores et déjà mené à la réalisation d’un investissement de 166 millions, pris en charge à 50% par l’État et à 50% par les communes environnantes, «ce qui sera nécessairement répercuté sur le prix pratiqué auprès des habitants».

Une bataille de chiffres entre membres de la coalition gouvernementale que ne manque pas de souligner l’opposition. Laurent Mosar (CSV) pointe du doigt «le chaos généralisé» dans les discours tenus «par deux ministres et un secrétaire d’État désigné qui rendent inaudible la politique industrielle menée par ce gouvernement». Roy Reding (ADR) parle quant à lui de «cafouillage gouvernemental» sur des questions «qui relèvent pourtant de l’économie élémentaire».

Aucun détail n’a été donné sur l’approvisionnement futur du site de Dudelange.

Marc Baum, député Déi Lénk

L’avenir de l’usine de production d’acier de Dudelange a également été abordé, Étienne Schneider indiquant que deux repreneurs étaient en discussion avec ArcelorMittal. L’allemand Salzgitter et le suédois SSAB, bien que la préférence du géant mondial de l’acier porte sur le premier. L’option de confier le site à NLMK, un temps évoquée, est à ce jour écartée, les dirigeants du groupe basé au Luxembourg ne souhaitant pas faciliter l’accès au marché européen à un opérateur russe.

«Mais aucun détail n’a été donné en ce qui concerne l’approvisionnement futur du site», déplore Marc Baum (Déi Lénk), en rappelant que l’usine luxembourgeoise «est alimentée à l’heure actuelle par l’usine mosellane de Florange dans le cadre d’une stratégie intégrée». Cette question devra donc être tranchée dans le cadre des négociations en cours entre ArcelorMittal et le repreneur choisi, le gouvernement n’intervenant pour sa part que pour assurer le respect du maintien des conditions de travail des salariés du site.

Bissen reste une option pour Google

Enfin, l’implantation d’un data center de Google à Bissen n’a pas été officialisée, Étienne Schneider indiquant simplement que le géant américain allait, «en septembre, faire une présentation de leur projet aux citoyens via une campagne d’information».

En attendant, les travaux de transformation des 33 hectares achetés fin 2017 en zone industrielle se poursuivent au travers d’un groupe de travail qui comprend des représentants du ministère d’État, du ministère de l’Économie, du ministère de l’Environnement et de la commune de Bissen. À ce jour, officiellement, le site luxembourgeois ne reste qu’«une option» pour Google.