Les sociétés luxembourgeoises se retrouvent à Prague pour réfléchir à leur stratégie d'exploitation des noms de domaine. (Photo : David Iliff Licence CC)

Les sociétés luxembourgeoises se retrouvent à Prague pour réfléchir à leur stratégie d'exploitation des noms de domaine. (Photo : David Iliff Licence CC)

Nombre de sociétés luxembourgeoises ayant postulé pour l’obtention d’un nom de domaine de premier niveau, comme Amazon Europe ou Aremi, se trouvent à Prague cette semaine pour préparer leur attaque du marché numérique depuis le Grand-Duché.

Du 24 au 29 juin se tiennent à Prague les 44e rencontres internationales de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l’association à but non lucratif responsable de l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet. L’événement concerne tout particulièrement l’économie du Grand-Duché puisque, durant le congrès, on s’attardera largement sur l’ouverture du marché des noms de domaines de premier niveau (gTLDs) pour lequel nombre de candidatures luxembourgeoises ont été présentées. Les sociétés concernées y sont donc présentes.

Car depuis le 13 juin, on sait que parmi les 1.930 demandes introduites pour les extensions de noms de domaines, qui permettront par exemple de voir émerger des www.visit.berlin, 86 émanent du Luxembourg.

14 millions pour Amazon

Et 76 de ces candidatures provenaient du siège d’Amazon Europe. Nichée dans le Grund, la société américaine restait plutôt discrète. Elle frappe ici un grand coup. Le spécialiste de la vente en ligne a non seulement déposé des dossiers pour ses produits et marques (Kindle, Zappos, Amazon), mais a surtout postulé pour des extensions génériques comme Audible, Author, Deal, Drive, Free, Group, News, Pay ou encore d’autres noms de domaines en japonais et en chinois. Sur le terrain des « génériques » et pour 13 extensions, la société luxembourgeoise est en concurrence avec Google qui a elle déposé 101 dossiers.

Avec certains noms de domaine comme .music, .read, .song ou encore .tunes, Amazon cherche sans doute à contrôler les contenus médias. Mais concernant les extensions plus génériques comme .call, .coupon, .fire, .got., difficile de comprendre la stratégie exacte de la société aux 65.600 employés qui est restée secrète sur le sujet.

L’investissement ne répond en tout cas pas au principe de frugalité soutenu par le management puisqu’il représente 14 millions de dollars de droits d’entrée aux noms de domaines (soit 76x185.000 dollars), auxquels il faut ajouter annuellement entre 1,9 et 3,8 millions de billets verts pour l’entretien de chaque marque.

.hotel et .art depuis Luxembourg

Au Grand-Duché, en tout cas, certaines sociétés ont été créées à propos pour bénéficier des dispositions fiscales, notamment l’exonération de 80 % des revenus de la propriété intellectuelle (qui concerne également les noms de domaines), et des traités de non-double imposition bénéficiant au rapatriement des bénéfices, pour envisager l’exploitation d’une adresse ponctuée par un .art (groupe Aremi) ou un .hotel (Top-level-domain sàrl).

D’autres sociétés protègeront également leurs marques grâce à leurs filiales luxembourgeoises. C’est le cas du groupe agroalimentaire Ferrero (pour .ferrero, .kinder ou .rocher), de la banque privée Pictet (pour .pictet), de la marque automobile Bugatti (.bugatti), de la société de gestion de la fortune de la famille Kamprad, propriétaire des magasins Ikea (pour .ikano) ou encore de la société luxembourgeoise de satellites qui a déposé un dossier pour .ses.

Pas de Facebook

Parmi les absents remarquables : Facebook, qui n’a même pas profité de sa société basée au Luxembourg pour acquérir les droits sur des extensions. L’autorité de régulation d’Internet a jusqu’à la fin de l’année pour décider quels dossiers méritent d’aller au bout.