Louis Mevis (TNS Ilres): «La révolution Internet est bien en marche au Luxembourg.» (Photo: Luc Deflorenne)

Louis Mevis (TNS Ilres): «La révolution Internet est bien en marche au Luxembourg.» (Photo: Luc Deflorenne)

Sur la base d’une étude élaborée par TNS Ilres, les intervenants de l’«afterwork talk» ont mené le débat ce mardi soir sur les utilisations commerciales d'Internet au Luxembourg, où la pénétration est très élevée.

Mardi 14 décembre, une centaine d’aficionados du paperJam Business Club, professionnels de la communication ou simplement intéressés par le sujet, se réunissaient à la BCEE, place des Martyrs, pour participer à une table ronde sur le thème des usages d'Internet au Luxembourg.

À partir d’une présentation de l’étude «Digital life», réalisée par l’institut TNS dans 46 pays, représentant à eux seuls 88% de la population mondiale connectée, le Luxembourg est passé au crible par la branche locale du groupe TNS, l’Ilres, puis par les experts invités. Une conclusion générale se dessine, la pénétration d'Internet au Luxembourg ferait du Grand-Duché un marché éprouvette, une aubaine pour les entreprises qui souhaiteraient y développer une stratégie pilote.

Constat sans appel

Mais avant d’en arriver là, les intervenants esquissent les contours de la pénétration d'Internet. Le constat dressé par Louis Mevis, directeur général de TNS Ilres, est sans appel. «La révolution Internet est bien en marche au Luxembourg, de surcroît, depuis l’émergence du web 2.0 et d'Internet en tant que média social.» Les chiffres sont évocateurs. Avec 87% de sa population connectée, le Grand-Duché se place en 2e position du classement européen, juste derrière les Pays-Bas, qui atteignent le ratio de 90%.

Cependant, ce marché est segmenté entre lieux d’accès à Internet, outils utilisés pour ce faire («devices» selon les communicants) et identités des utilisateurs. Par exemple, selon Thomas Crepon, TNS Ilres, «le secteur de l’Internet mobile est beaucoup plus développé au Luxembourg que dans les pays voisins». D’autres indicateurs, apparemment anodins, méritent une attention particulière. Ainsi, les résidents luxembourgeois ont en moyenne «deux fois plus d’amis sur Facebook que leurs voisins allemands», à savoir 177. Est-ce que cela apporte une indication sociologique pertinente pour les analystes?

A n'en pas douter. Les panélistes entendent bien le prouver, statistiques à l’appui. Ces dernières révèlent la propension des résidents du Luxembourg à s’exposer à l’outil Internet, mais de manière bien limitée. Ainsi, si 93% des utilisateurs luxembourgeois d’Internet ont déjà fait une recherche avant d’acheter ou si 7% d’entre eux font du shopping quotidiennement en ligne, il n’en reste pas moins que «la présence des marques est souvent perçue comme intrusive». C’est l’analyse faite par Antonella Di Pasquale (TNS Ilres) qui différentie les attitudes des consommateurs du web. Les profils les plus répandus au Grand-Duché sont les «functionals», 39%, et les «networkers», 31%. Les premiers utilisent la toile pour sa fonctionnalité et attachent de l’importance à la confidentialité. Les seconds réalisent l’essentiel de leur activité en ligne sur les réseaux sociaux et les échanges de courriers électroniques.

Audience hétérogène

Louis Mevis le rappelle, «on peut toucher une très large audience au Luxembourg, mais elle est très hétérogène». Il n’est pas de marché homogène, mais un agglomérat de micro-marchés qu’il convient d’identifier et, pour les entreprises, d’approcher convenablement. Les experts n’appellent pas à l’utilisation de l’arme de communication massive, mais préconisent des frappes chirurgicales. Jérémy Coxet, directeur de Vanksen Luxembourg, se réjouit de cette analyse qui «conforte [son] positionnement sur le marché» et précise qu’il faut bien «appliquer avant tout des modèles adaptés à Internet qui ne misent pas sur l’intrusion dans la vie des consommateurs», mais plutôt incitent les prospects à aller vers les marques.

Rappelant la prégnance technologique au Luxembourg - «un site Internet ou une adresse email sont inscrits sur toutes les camionnettes» - Steve Glangé, fondateur de FirstTuesday et business development manager chez Luxembourg Telecom, adopte une vision plus globale et envisage le pays comme un potentiel laboratoire pour développer des stratégies commerciales liées à Internet, à commencer par les applications sur mobiles. D’une manière plus générale, il conclut: «Le Luxembourg peut, avec l’aide du gouvernement, se positionner, au niveau du nombre d’utilisateurs et du contenu, comme un hub pour les entreprises qui sont liées d’une manière ou d’une autre à l’économie du web».

 

Voir l'interview vidéo de Thomas Crepon (TNS Ilres).
Voir l'interview vidéo de Jérémy Coxet (Vanksen).
Voir l'interview vidéo de Steve Glangé (Luxembourg Telecom).