Patrick Verdingh dirige le service financier de Tango, qui compte 13 employés. Ses missions sont multiples. Il assume tout ce qui relève du contrôle de gestion. (Photo: Mike Zenari)

Patrick Verdingh dirige le service financier de Tango, qui compte 13 employés. Ses missions sont multiples. Il assume tout ce qui relève du contrôle de gestion. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Verdingh, pouvez-vous nous présenter Tango, en quelques mots?

«Tango est le deuxième opérateur téléphonique du Luxembourg avec une part de marché mobile approximative de 37%. Créée en 1998, l’entreprise est active dans quatre métiers: la téléphonie mobile, la téléphonie fixe, l’internet et la télévision. Tango emploie 128 collaborateurs et compte une dizaine de points de vente auxquels s’ajoutent une vingtaine de points détenus par des partenaires. Tango a réalisé un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros en 2014. 2015 devrait être meilleure encore puisque le chiffre d’affaires a été de 95 millions d’euros pour les neuf premiers mois de l’année et la fin d’année est toujours très dynamique. Un dernier chiffre: Tango compte 287.000 clients mobile, soit une progression de 3,2 % entre septembre 2014 et septembre 2015.

Tango est également une filiale de Proximus.

«Tout à fait. Tango est une filiale à 100% du groupe belge depuis 2008. Proximus (ex-Belgacom) est l’opérateur mobile historique en Belgique. Le groupe emploie 14.187 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros en 2014.

Quand avez-vous rejoint l’entreprise luxembourgeoise?

«En septembre 2014, en tant que directeur financier. L’univers de la téléphonie mobile ne m’était pas étranger puisque j’y travaille depuis 23 ans maintenant. J’ai longtemps travaillé pour Belgacom puis Proximus, en Belgique.

Comment s’organise le service financier que vous dirigez et quelles sont ses missions?

«Ce service compte 13 employés. Ses missions sont multiples. Il assume la gestion financière ainsi que tout ce qui relève du contrôle de gestion. Dans ce dernier domaine, il établit les budgets annuels et assure également un suivi des performances et des marges, ce qui est fondamental dans nos métiers car nous intervenons sur un marché très concurrentiel, qui est en perpétuel mouvement, ce qui implique que nous soyons très réactifs sur le marché. Le service se charge de la logistique, des achats, du suivi de factures, des revenus assurance et des risques de crédit. Pour assumer ces différentes missions, nous nous appuyons sur un réseau de partenaires à qui nous avons confié différentes tâches. Nous travaillons, par exemple, avec le centre d’appels Ebos pour tout ce qui relève du suivi des délais de paiement. En ce qui me concerne, je gère bien évidemment toute l’équipe et me charge également, en personne, des relations avec les actionnaires à qui je présente régulièrement les reportings. Je travaille aussi en étroite collaboration avec le directeur général pour l’éclairer dans ses décisions ainsi qu’avec l’ensemble des services, bien entendu.

De nouvelles offres à des prix compétitifs mais qui génèrent de la marge, c’est un équilibre subtil.

Patrick Verdingh, directeur financier Tango

Vous évoquiez un marché en perpétuel mouvement.

«Oui, non seulement il évolue en permanence, mais également très rapidement. Du point de vue technologique tout d’abord, des technologies comme des produits innovants viennent régulièrement bousculer l’ordre établi. Une autre source d’évolution est la réglementation qui est de plus en plus contraignante, tant sur le plan national qu’européen. Et puis, le Luxembourg a beau être un pays de petite taille, trois autres opérateurs y sont actifs et déploient très régulièrement de nouvelles offres. La compétition est donc très vive. Il importe d’être très réactif pour innover, imaginer de nouvelles offres, à des prix compétitifs, mais qui génèrent également de la marge. C’est un équilibre subtil. Il faut en permanence disposer des bonnes informations financières pour pouvoir réagir très vite et intelligemment.

Intervenez-vous directement dans l’élaboration des offres – dans le domaine de la téléphonie mobile notamment – commercialisées par Tango?

«C’est un travail d’équipe qui concerne avant tout le service marketing et le service des ventes car ils connaissent parfaitement bien les attentes et les besoins des clients et du marché. Mon rôle s’apparente davantage à celui d’un facilitateur dans l’élaboration des offres. Je leur délivre notamment des outils financiers qui leur permettent de développer des offres qui soient pertinentes sur le plan financier et ensemble nous challengeons les différentes propositions afin de sélectionner les plus pertinentes.

Collaborez-vous avec le groupe Proximus, dans ce domaine?

«Comme je le précisais précédemment, nous sommes amenés à régulièrement rencontrer le conseil d’administration  pour présenter les résultats financiers ou tout simplement échanger des informations dans différents domaines. À cet effet, je rencontre d’ailleurs aussi régulièrement les directeurs financiers et experts des autres filiales du groupe. Mais en ce qui concerne spécifiquement les offres et les solutions que nous construisons et commercialisons au Luxembourg, le groupe n’intervient pas. Tango bénéficie d’une autonomie totale en la matière car l’équipe dirigeante connaît parfaitement ses clients et son marché. Le fait d’être une entreprise à taille humaine est d’ailleurs un sérieux atout car nous sommes extrêmement réactifs et c’est assurément un avantage. Le business luxembourgeois est piloté depuis le Luxembourg. Avec succès puisque les résultats sont là. Cela dit, bien entendu, nous pouvons bénéficier de toute l’expertise et de la puissance de Proximus, si nous le sollicitons.

Au registre des grands défis à venir, les opérateurs vont devoir composer avec un important bouleversement: la fin du roaming. Quelles sont les conséquences de cette décision de l’Union européenne et comment comptez-vous réagir?

«C’est effectivement une décision lourde de conséquences puisque, après une phase de transition, entre avril 2016 et juin 2017, durant laquelle les frais de roaming vont baisser, les frais d’itinérance seront totalement supprimés à compter de juillet 2017. À titre d’exemple, en avril 2016, la minute en roaming passe de 19 à 14 centimes, voire 5 centimes pour les clients ayant des forfaits nationaux. En 2017, la situation va s’aggraver, le roaming n’étant même plus facturé pour ces clients. Cela se traduira donc, pour tous les opérateurs, par une baisse conséquente de leurs revenus. Tango devra alors agir afin d’assurer ses performances.

En tant que directeur financier, je juge que l’alternative la plus évidente peut passer par l’augmentation des prix nationaux. Mais je reste conscient que la dynamique du marché et la satisfaction du client doivent être pris en compte avant toute décision. C’est pour cela que nous devrons transformer cette décision en opportunités pour nos clients comme pour Tango. Nous disposons de différents leviers pour générer d’autres revenus. À nous d’être créatifs pour donner envie à nos clients de davantage consommer en mettant à leur disposition des abonnements innovants mais également des applications qui génèrent de la valeur ajoutée en termes de services. Nous pouvons pour ce faire nous appuyer sur notre expérience acquise dans le domaine des applications permettant d’assurer le suivi de consommation, comme My Tango par exemple. Différentes solutions sont bien évidemment à l’étude comme l’intégration du roaming dans les abonnements ou la commercialisation de solutions permettant au client d’ajuster son abonnement en fonction de ses déplacements à l’étranger, mais tout cela sera dévoilé en temps utile. Nous n’avons d’ailleurs pas attendu cette décision pour réagir, durant les étés 2014 et 2015, nous avons déjà totalement supprimé les frais d’itinérance pour les vacanciers sur nos abonnements.

Tango bénéficie d’une autonomie totale.

Patrick Verdingh, directeur financier Tango

Quelles sont vos priorités en termes d’investissements?

«Chaque année, nous consacrons plusieurs millions d’euros à des investissements. Une grosse partie de cette enveloppe, entre 40 et 50%, vise à parfaire et à étendre nos réseaux 4G et 4G+ ainsi qu’à l’implémentation de nouvelles technologies. Tango a d’ailleurs été le premier opérateur au Luxembourg à déployer un réseau 4G+. Nous investissons également dans la télévision, l’ambition en la matière étant de déployer une palette globale et complète de chaînes, pour nos clients. Là encore différentes offres ont été déployées pour permettre à chacun de sélectionner le bouquet de chaînes qui lui convient. En interne, pour les trois ans à venir, nous allons aussi beaucoup investir dans notre système IT afin de gagner en performance et en efficacité.

À quoi ressemblera Tango dans 5 ans?

«C’est une question piège car le monde évolue tellement rapidement dans nos métiers qu’il est compliqué de se projeter aussi loin. Il suffit de se pencher sur les cinq dernières années pour en juger. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que notre ambition est de continuer à nous développer dans nos quatre métiers avec des offres solides et qui répondent à une large palette de besoins. L’une de nos priorités est de nous développer tout particulièrement sur le segment du B2B où nous ambitionnons de prendre davantage de parts de marché.

Sur ce marché B2B, vous développez notamment des collaborations avec une autre filiale de Proximus, Telindus. Dans quel but?

«Avec Telindus, entreprise spécialisée dans les solutions IT, nous développons effectivement des collaborations sur le marché B2B, afin de proposer aux entreprises, et tout particulièrement aux PME, des offres complètes et innovantes dans les domaines de la connectivité fixe, du mobile et de l’ICT. Cette collaboration est également une source d’enrichissement mutuel de nos portfolios.

Quel est votre rituel en arrivant le matin à votre bureau. Un café?

«Non, car quand j’arrive au bureau… j’en ai déjà bu deux ou trois. J’entame systématiquement la journée en faisant le tour des bureaux pour saluer l’ensemble de mes collaborateurs. C’est un rituel auquel je tiens. Puis je consulte mon agenda du jour pour définir mes priorités. Ensuite seulement, je lis mes e-mails.

Que faites-vous de vos loisirs? Avez-vous des passions?

«Je suis un passionné de musique, tout particulièrement de jazz et de rythm and blues. J’essaie également de faire du sport. Je fais du jogging très régulièrement et du ski, en hiver, en famille. J’ai longtemps pratiqué le squash et le football mais j’avoue avoir levé le pied. Enfin, je voyage également beaucoup. Dans le cadre de mes activités professionnelles antérieures, j’ai été très régulièrement amené à me rendre en Asie et au Moyen-Orient. J’y retourne dès que je peux, notamment à Singapour et Dubai.»

Parcours
Start-up devenue «big»
Quand Patrick Verdingh a rejoint Proximus, elle était encore un opérateur de petite taille qui jouait les outsiders sur le marché des premiers gsm. Le groupe belge détient notamment Tango aujourd’hui.

Détenteur d’un master en économie et d’un MBA, Patrick Verdingh, 54 ans, a débuté sa carrière professionnelle chez KPMG, à Bruxelles, en tant que senior auditor avant de rejoindre AG Insurance (Fortis) en tant qu’assistant financial controller, toujours à Bruxelles. Il rejoint ensuite Proximus, qui est alors encore une «start-up», comme financial controller avant de rejoindre Belgacom comme finance director consumer and business division. Entre 2004 et 2014, il est finance director de BICS, une joint-venture de Belgacom, Swisscom et MTN, spécialisée dans le transport international de communications. Depuis 2009, Patrick Verdingh est également chairman of the board of directors de Skynet iMotion Activities, entreprise détenue par Belgacom, qui a pour métiers la conception, le développement, la production, la rédaction, l’édition, la diffusion et la commercialisation de produits et services de communication électronique. Il a rejoint Tango en 2014.