Marc Hemmerling (XBRL Luxembourg) (Photo : Olivier Minaire)

Marc Hemmerling (XBRL Luxembourg) (Photo : Olivier Minaire)

L’importance des données financières n’est plus à démontrer… L’internationalisation des entreprises et leur fonctionnement dans des législations comptables très différentes rendent la vie des départements finance plutôt complexe.
C’est pour améliorer et uniformiser les pratiques que le standard XBRL a été créé il y a maintenant presque dix ans, à l’initiative d’un regroupement d’auditeurs, d’analystes financiers ou encore d’autorités de supervision. C’est un standard technique basé sur XML, qui propose une couche additionnelle, facilitant l’échange de données de gestion, tels que les comptes annuels d’une entreprise.
Le champ d’application de ce standard est large. XBRL permet l’échange d’informations à l’intérieur de groupes internationaux et contribue donc à l’amélioration du pilotage des entreprises. Mais XBRL permet également ce même type d’échange d’informations avec le monde extérieur. Les entreprises à la recherche de capitaux sont, par exemple, contraintes de livrer des données fiables aux analystes… qui, de leur côté, souhaitent pouvoir les traiter de manière automatique, afin de réaliser des comparaisons complexes plus facilement. Ce standard leur apporte la réponse à cette problématique.
Mais ce n’est pas tout. XBRL peut aussi servir pour échanger des informations avec les régulateurs, voire entre les régulateurs eux-mêmes. En résumé, ce standard facilite l’accès des intéressés à des données fiables, sur une échelle mondiale, et permet d’optimiser les processus de reporting. Globalement, donc, XBRL apparaît, pour les entreprises, comme un projet de gestion comprenant, évidemment, un «sous-projet» informatique.
Quelle est la plus-value opérationnelle de l’adoption de XBRL? «Nous sommes à un moment où l’on doit automatiser les échanges», explique Marc Hemmerling, responsable organisation, technologie et système de paiement à l’ABBL, secrétaire général de XBRL Luxembourg, tout juste élu, le 21 septembre dernier, à la tête de l’association XBRL Europe (lire aussi dans notre cahier Economie & Finance, page 37). «Il faut arrêter ce qui a longtemps été la norme: le système de gestion générait des données financières, ensuite injectées dans un système comptable, ensuite traitées par un outil de reporting, produisant un tableau Excel, ensuite envoyé par e-mail sous format PDF à un destinataire pour y être ré-encodées.»
Autre avantage du standard: il se base sur des taxonomies décrivant entièrement les données transmises. Autrement dit, les données sont enrichies de «métadonnées»: en plus de la description informatique de ladite donnée, la définition de l’objet qu’elle représente est ajoutée, mais aussi son libellé en plusieurs langues, sa référence légale, une présentation visuelle, les dépendances avec d’autres données…
Marc Hemmerling propose un exemple d’utilisation: «Imaginons deux entreprises partenaires, l’une française et l’autre allemande. Elles s’échangent leurs comptes annuels à leurs formats nationaux respectifs. Les normes utilisées, même si elles étaient basées sur les standards IFRS, ne permettraient pas un échange facile des données, ni une compréhension aisée… XBRL peut surmonter ces difficultés.»
XBRL est-il donc uniquement destiné aux grandes entreprises internationales? «Cela dépend du contexte, estime M. Hemmerling. Une multinationale qui cherche à optimiser son système de reporting financier interne est concernée. Tout comme une autre société qui recherche des investisseurs, ou une autre qui doit soumettre des comptes annuels à la Centrale des bilans ou fournir encore des données au Registre de Commerce.»
Il est à noter que ces deux derniers champs d’utilisation ne sont pas encore devenus réalité au Luxembourg, contrairement à ce qui se passe dans presque la moitié des autres Etats membres de l’Union européenne.