Le tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale a placé ce vendredi matin l’Imprimerie Faber en faillite. Ses deux actionnaires, Myriam et Eliane Faber, qui détiennent les deux tiers du capital social de l’entreprise de Mersch, ont jeté l’éponge, se décidant au dépôt de bilan après l’échec des négociations sur un plan de sauvetage avec les syndicats. «Il n’y avait pas d’autre choix que de déposer le bilan suite à l’échec des négociations avec les syndicats», explique leur avocat, Me François Prum, dans un entretien à Paperjam.lu. Une curatrice a été désignée en la personne de Me Marguerite Ries.
Les actionnaires, qui sont également, à travers la société civile immobilière Faber, les propriétaires des deux sites à Mersch, s’étaient engagées à revoir, ou même effacer la dette de 965.000 euros, correspondant à des retards de loyers par l’Imprimerie depuis 2014 pour permettre la poursuite des activités. Cela supposait aussi des renoncements de la part du personnel.
«L’entreprise aurait pu continuer ses activités à l’avenir si à côté de l’effort important de la famille, l’ensemble du personnel l’avait suivie dans la même voie», assure l’avocat.
«Il s’agit d’une faillite sur aveu», poursuit-il, «mes clientes le regrettent d’autant plus que l’entreprise, mis à part des arriérés de loyers, n’avait pas de dettes auprès des organismes de sécurité sociale ou des administrations fiscales ni d’arriérés de salaires ou encore de fournisseurs impayés.»
L’entreprise qui employait 75 personnes ferme donc ses portes, faute d’un repreneur dans un secteur d’activité à la santé fragile.
Un plan de sauvetage avait été mis sur la table à la mi-octobre par la direction, prévoyant une réduction de la masse salariale de 12,9% en moyenne, et non de 20% comme les syndicats l’avaient laissé entendre. Le niveau de coupe le plus haut qui aurait frappé les employés individuels était de 18%.
40.000 euros d’économie sur la masse salariale
Les employés ont rejeté le plan de restructuration au début de la semaine. «Sur les dires de certains employés, après la réduction de salaire, ils auront un salaire moindre qu’en étant au chômage», déclarait au Quotidien le secrétaire central de l’OGBL, Pit Schreiner.
Face aux difficultés du secteur de l’imprimerie et la baisse des revenus, le conseil d’administration de l’Imprimerie Faber avait mandaté en juillet dernier le conseiller économique Tom Elvinger à dessiner «des scénarios futurs» de l’entreprise et à dresser l’inventaire de sa situation. Il a rendu son rapport le 5 octobre dernier. Son constat fut sans appel: chiffres dans le rouge depuis plusieurs années, concurrence de l’étranger, masse salariale particulièrement élevée et loyer mensuel de 50.000 euros (pour les deux sites de Mersch) payé par épisodes. Les arriérés de loyers pour 2014 et 2015 s’élevaient à 965.000 euros.
Le plan de sauvetage de l’expert prévoyait un rééchelonnement de la dette locative sur cinq ans (les sœurs Faber étaient disposées à y renoncer en totalité), la concentration de l’activité sur un seul site, au Mierscherbierg, une renégociation du loyer et enfin une réduction de la masse salariale de 40.000 euros par mois, pour diminuer de 340.000 à 300.000 euros. La négociation d’une ligne de crédit plus importante (700.000 euros) avec les banques faisait également partie du plan.
Le 12 octobre, la direction soumit la proposition aux salariés et aux syndicats, mais lundi dernier 26 octobre, elle fut rejetée par une majorité. Les efforts auxquels les employés étaient prêts à consentir portaient sur 14.000 euros par mois, un niveau insuffisant pour assurer la survie de l’entreprise.