Manifestation de soutien à Chani organisée par son comité devant la Chambre des députés ce lundi. (Photo: DR)

Manifestation de soutien à Chani organisée par son comité devant la Chambre des députés ce lundi. (Photo: DR)

La mobilisation citoyenne reste forte au Luxembourg autour du sort de l’homme d’affaires Medjdoub Chani, condamné à 10 ans de prison ferme le 7 mai dernier après un procès à Alger pour corruption, lié au chantier de l’autoroute Est-Ouest, où les dés semblaient avoir été jetés d’avance.

Le comité de soutien qui supporte sa cause depuis septembre 2009, date de son arrestation puis de son incarcération dans la capitale algérienne, avait organisé ce lundi une manifestation devant la Chambre des députés pour maintenir la pression sur la classe politique luxembourgeoise, alors que Chani a entamé une grève de la faim depuis 21 jours pour dénoncer le caractère arbitraire de la procédure judiciaire à Alger.

Des représentants du comité et ses deux avocats, le Français William Bourdon et le Luxembourgeois Philippe Penning, ont été reçus par le président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo. Il s’est fait remettre la copie d’une lettre ouverte du comité Chani mettant en cause les conditions de son procès en mai à Alger «violant tous les principes les plus fondamentaux du droit à un procès équitable».

Situation grave

Une autre rencontre, qualifiée de «constructive» par Me Philippe Penning, est intervenue plus tard dans l’après-midi entre les deux avocats de Chani et un représentant du ministère des Affaires étrangères et européennes en vue d’une solution politique qui permettrait de «sauver» l’homme à l’heure où les séquelles de sa grève de la faim pourraient être irréversibles.

Les autorités luxembourgeoises sont conscientes de la gravité de la situation

Me William Bourdon, avocat de Medjdoub Chani

«Les autorités luxembourgeoises sont conscientes de la gravité de la situation et plusieurs options sont sur la table», a fait savoir Me William Bourdon dans un entretien à Paperjam.lu à sa sortie du ministère. L’avocat n’a pas souhaité entrer dans les détails des options envisagées.

Un mémorandum a été remis aux autorités sur le «cas Chani», notamment la copie de la plainte pour torture déposée auprès du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme contre les autorités d’Algérie, qui avaient arraché des aveux sous la torture à l’homme d’affaires. Des aveux sur lesquels il est ensuite revenu, mais qui ont servi de fil rouge à l’accusation pour construire un dossier à charge et faire de Chani un bouc émissaire commode. Aucun dirigeant du gouvernement de Bouteflika n’a été inquiété dans cette affaire de corruption.

Le mandat de sauver Chani

La décision du Haut Commissariat des Nations unies en réponse à la plainte déposée serait imminente.

Dans l’immédiat, Philippe Penning et William Bourdon s’efforcent «d’entretenir la vigilance des politiques» au Luxembourg sur le sort dramatique de leur client qu’ils ont mandat de «sauver contre lui-même». Ils espèrent que leur rencontre avec le représentant du ministère des Affaires étrangères et européennes favorisera, selon Me Bourdon, «une dynamique d’apaisement dont pourrait surgir une porte de sortie».

«Il n’est pas absurde de dire qu’il pourrait y avoir un intérêt commun de tout le monde à favoriser l’apaisement. Nous nous attendons à ce que les autorités prennent le relais et nous soutiennent pour résoudre cette crise», souligne de son côté Me Philippe Penning pour lequel la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve Chani demande une «réponse exceptionnelle» face au risque de mort de l’homme d’affaires, qui avait déclaré préférer mourir dans la dignité que comme un cafard.