Christian Thiry, directeur et créateur de la jeune agence Christian Thiry Communication (Photo: Julien Becker)

Christian Thiry, directeur et créateur de la jeune agence Christian Thiry Communication (Photo: Julien Becker)

«Nombreux étaient ceux qui estimaient que j’étais inconscient de créer ma propre structure dans un tel climat», reconnaît Christian Thiry qui a ouvert, en pleine période de crise, sa propre agence, Christian Thiry Communication. Pour autant, il n’est pas parti dans l’inconnu, fort de plus de cinq années d’expérience de copywriter au sein de Binsfeld. Avant même de créer officiellement son agence, il avait déjà un client prêt à lui confier son branding packaging.

Ensuite, un deuxième client est venu se greffer au premier et ainsi de suite avant que l’activité de l’agence ne monte en flèche, à partir d’août 2010. «Depuis les week-ends se font rares», confesse-t-il avec le sourire. Alors la crise, il la considère avec philosophie: «Je pense qu’elle a créé de nouvelles possibilités et régularise le marché.» Une crise en tant qu’opportunité de création d’entreprise? Il fallait oser.

Mais les tourmentes du marché ne sont pas les uniques causes d’un changement de fond du secteur de la communication. La technologie est également en pleine mutation, faisant repenser la manière de communiquer. Auparavant, le support donnait la forme au contenu, mais aujourd’hui, «le contenu est contrôlé par le consommateur qui peut à tout moment prendre le message et décider ou non de le propager, ajoute Christian Thiry. Mais ceux-ci ne vont pas le propager, s’il n’attise pas leur curiosité, leur intérêt.»

Il faut donc, d’une part, que les agences adaptent des stratégies différentes et que les entreprises s’accaparent les nouveaux médias et les réseaux sociaux «qui ne sont pour l’instant pas exploités à leur pleine mesure au Luxembourg». Même constat pour les nouveaux supports de type tablette, qui permettent d’utiliser la méthode traditionnelle print tout en ouvrant de nouvelles portes. «Ça ne se fait pas du tout au Luxembourg pour l’instant, mais ces nouvelles technologies vont marquer les prochaines années», s’enthousiasme M. Thiry.

Des mentalités à changer

Les entreprises doivent donc prendre le chemin de ces nouveaux médias et ne pas utiliser l’intégralité de leur budget communication dans les médias traditionnels (journaux, radio, télé, etc.). «Si cela ne se fait pas, le Luxembourg va rester à la traîne», déplore M. Thiry. Or, si les annonceurs sont encore frileux face à ces nouveaux médias, chacun au Luxembourg, ou presque, possède paradoxalement ces nouvelles technologies… Alors, pourquoi l’utiliser personnellement et ne pas l’intégrer dans sa communication professionnelle? Question de mentalité sans doute.

Aussi Christian Thiry avance-t-il que les sociétés doivent adopter une réelle culture de la communication et non pas réagir au lieu d’agir. «Pour gagner en importance dans son secteur, il faut oser et toujours avoir un pas d’avance sur la concurrence», conseille-t-il.

Christian Thiry souhaiterait également que le monde de la communication gagne en dynamisme au Luxembourg, une voie que l’agence Made by Sams avait, par exemple, percée avec à sa tête l’emblématique Will Kreutz. Dans un autre registre, Christian Thiry est admiratif du travail accompli par l’agence Mother qui a su révolutionner le marché local new-yorkais. «L’image qu’elle s’est donnée a attiré de gros clients, mais je ne sais pas si ce concept marcherait au Luxembourg», conclut-il. Autre lieu, autres mœurs…