Quelle a été votre réaction ce matin?

«J’étais vraiment choqué, d’autant plus qu’hier soir, les premiers résultats allaient dans le bon sens. Je ne m’attendais pas du tout à ce résultat. Nous ne pouvons que regretter cette décision, même si nous devons la respecter. Elle ouvre une période de défis substantiels pour le Royaume-Uni, mais aussi pour l’ensemble de l’Union européenne. Face au Brexit, il faut encore renforcer le marché unique et la libre circulation des services financiers. Le Luxembourg est au cœur de l’UE, il faut défendre ce projet.

Le Brexit signe-t-il la fin des relations entre Londres et Luxembourg?

«Ces deux places financières sont complémentaires. Elles entretiennent des relations de longue date. Il y a de nombreux acteurs basés à Londres qui ne sont pas britanniques. Certains d’entre eux utilisent déjà Luxembourg comme plateforme de distribution. La Place luxembourgeoise reste en haut de la liste des institutions qui cherchent un point d’ancrage dans l’Union. Je ne vois pas pourquoi cela changerait. Nous allons continuer à bâtir de bonnes relations. Bien sûr, une des grandes incertitudes demeure l’accès au marché unique et sous quelle forme. C’est une question que devra se résoudre au niveau politique. Il faut aussi voir comment les grands acteurs vont réagir. L’option du retrait était bien connue, ils avaient tous un plan B. 

Comment chiffrer l’impact de la victoire du «leave»?

«Je pense qu’il est trop tôt pour se prononcer sur les conséquences exactes du choix britannique, qu’elles soient financières ou politiques, d’autant qu’elles mettront encore des mois à se faire connaître. Différents scénarios existent. Ce qu’on sait, c’est que le Royaume-Uni dépend de l’UE comme marché d’export. Son accès au marché sera forcément plus compliqué. De notre côté, nous allons continuer à positionner la Place luxembourgeoise comme hub de compétences pour les institutions internationales à l’étranger. Elle restera une Place importante pour les acteurs de Londres. Ses atouts sont intacts, c’est le cadre dans lequel elle devra évoluer qui change. Comme tous les autres, il faudra tenir compte de cette nouvelle donne.»