Paul Helminger (Luxair) : « Faire partie du patrimoine national ne veut pas dire s’affranchir des contraintes économiques. » (Photo : David Laurent/wide/archives)

Paul Helminger (Luxair) : « Faire partie du patrimoine national ne veut pas dire s’affranchir des contraintes économiques. » (Photo : David Laurent/wide/archives)

Monsieur Helminger, comment devient-on président du conseil de Luxair après avoir été bourgmestre de la Ville de Luxembourg ?

« Je pense qu’il n’y a pas de lien direct entre les deux. Il se trouve que j’ai une assez longue expérience de la politique au Luxembourg, tant au niveau national qu’au niveau de la capitale et que j’ai par ailleurs trempé dans le secteur privé. Je remplissais donc certaines conditions souhaitées par le gouvernement. Dans le secteur privé, j’ai été directeur général de Computerland Europe pendant cinq ans dans les années 80. Computerland, qui était établi au Luxembourg, était à l’époque le premier distributeur mondial d’ordinateurs personnels. Au cours de mon mandat, le nombre de franchisés de Computerland est passé d’une dizaine dans 3 ou 4 pays, à plus de 100 dans presque tous les pays européens. J’ai aussi créé ma propre petite société de consulting stratégique en restructuration, essentiellement pour PME. J’ai donc, en tout, une bonne dizaine d’année d’expérience dans le secteur privé.

Quels sont les principaux défis que devra relever Luxair au cours des mois et des années qui viennent ?

« Luxair fait, si j’ose dire, partie du patrimoine national. C’est par Luxair que le pays s’est ouvert au monde. C’est Luxair qui a accompagné le développement foudroyant de l’économie de services. Le défi, c’est que Luxair doit passer d’une situation de quasi-monopole à une concurrence âpre, tant de la part des lignes aériennes classiques (British Airways, Air France, Lufthansa…) que des compagnies low cost. Tout cela a bouleversé l’économie de l’aviation civile, et pas seulement au Luxembourg. Faire partie du patrimoine national ne veut pas dire s’affranchir des contraintes économiques. Cela n’est plus possible. Si la réglementation européenne permet des subventions de l’État dans certains cas très spécifiques, cela ne peut être le cas pour l’essentiel des lignes desservies.

Pensez-vous qu’Easyjet va développer toute une offre à partir de Luxembourg et ne pas se contenter de quatre vols par semaine vers Gatwick ? Comment comptez-vous vous y prendre pour affronter cette concurrence ?

« C’est la question à un million de dollars, à laquelle je ne suis pas encore prêt à répondre. Il n’y a pas de réponse simple face à ce type de défis. On ne peut par exemple pas se permettre de dire que l’aéroport de Luxembourg n’accepte pas de compagnie low cost. C’est légalement impossible. Comment va-t-on s’y prendre ? Cela dépend probablement de la stratégie et des prochaines étapes à franchir par EasyJet elle-même. Il faudra certainement revoir l’ensemble des mécanismes : la flotte, les coûts, les destinations… Il faudra s’adapter. Cela dit, je ne souhaite pas du tout m’exprimer sur les évolutions possibles de la stratégie de Luxair. Je ne souhaite pas spéculer là-dessus. Je vois un plan stratégique et puis on verra. »