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D'autres entreprises souhaitent s'implanter sur cette zone. Et Steinfort caresse aussi un projet.

L'appétit vient en mangeant, dit-on. Il vient tout autant, sinon plus, en regardant le menu. Transposé en termes commerciaux, ce constat devient le suivant: le commerce attire le commerce. C'est le cas à Sterpenich, du côté belge de la frontière. Le feu vert à l'implantation d'Ikea, qui sera inauguré en août 2005, a ouvert l'appétit d'autres entreprises, qui se sont manifestées auprès de l'intercommunale de développement économique du Luxembourg belge, Idelux, et de la Ville d'Arlon, sur le territoire de laquelle se trouve la zone Ikea.

En même temps, la Commune de Steinfort développe un projet, juste voisin, de zone artisanale. "Voisin et pas concurrentiel, insiste le bourgmestre, Guy Pettinger. Notre problème est que plusieurs de nos PME, dans nos villages, n'ont plus la possibilité de se développer, par manque de terrain. La commune possède un terrain de 8 ha, à Grass, en bordure de l'autoroute. Le propriétaire d'un terrain de 17 ha, à côté, est prêt à nous le vendre. Nous disposerions ainsi de 25 ha bruts pour une zone artisanale, pour laquelle nous avons déjà une trentaine de demandes de petites entreprises de notre commune et des communes avoisinantes".

Selon le successeur de Jean Asselborn à la mairie de Steinfort, les procédures de reclassement sont en cours - l'enquête publique n'a donné lieu qu'à une seule plainte, du Mouvement écologique - et la balle est désormais dans le camp du ministère. "S'il devait refuser, les entreprises risquent de partir ailleurs, craint M. Pettinger. Notre but est d'assurer le maintien des 1.100 emplois concernés. Sans aucune concurrence pour Arlon, ni la zone d'Ikea, puisque non seulement nous ne devons pas aller chercher des candidats, mais en plus ce ne sera pas, ici, une zone commerciale ni à grandes entreprises. Nous entendons assurer nous-même la mise à disposition, pour éviter tout risque de spéculation. Quant à Ikea, il n'entraînera aucune nuisance, vu sa localisation. Il pourrait même avoir des retombées favorables, par exemple, pour nos restaurateurs, pour certains commerces, etc."

Soulignons aussi que les craintes des communes de Clemency et Garnich quant aux risques d'inondations devraient être noyées par la décision des autorités belges de construire un énorme bassin de retenue et d'orage qui, en réalité, fait défaut depuis la construction de l'autoroute.

A la recherche de cohérence

Ces propos devraient rassurer tant Idelux que Guy Larcier, le bourgmestre d'Arlon. Outre-frontière, on craignait plutôt une concurrence contre-productive, alors que la volonté est de trouver une complémentarité entre les types de commerces. "Nous disposons, à côté d'Ikea, de 8,5 ha de terrain bruts, auxquels il faut ôter tous les aménagements", expliquent René Delcomminette et Georges Cottin, respectivement directeur général et secrétaire général d'Idelux. "Les entreprises qui nous ont contactés suffiraient déjà à couvrir plus de trois fois cet espace. Parmi elles se trouvent deux marchands de meubles, au sens noble du terme et tout à fait compatibles avec Ikea, une jardinerie, une carrosserie, etc. Nous ne décidons rien tant que nous n'aurons pas le masterplan, attendu pour fin décembre, pour organiser au mieux cette zone".

L'objectif avoué est de précisément en définir le potentiel, dans une optique transfrontalière. Et Idelux de rappeler qu'Ikea devrait attirer 1,3 million de clients par an, dont 60% en provenance du Luxembourg. "Nous voulons donc une cohérence, et non vampiriser, entre autres en ne visant pas que des commerces mais aussi des activités de services et d'artisanat. Une seconde étude, remise en même temps, donnera les grandes lignes urbanistiques et architecturales: cette zone est à l'entrée des territoires belge et provincial et doit ainsi être un concentré de notre savoir-faire".

Dans cet esprit, Idelux et la Ville d'Arlon travaillent de concert dans une nouvelle approche de valorisation des zones, sans déstructurer le commerce local et régional. En faisant l'anti-thèse de ce que sont souvent les zones artisanales et de commerce. "La recherche paysagère, l'intégration dans l'environnement et la qualité architecturale seront poussées à fond. C'est une zone comme il n'y en a guère que nous voulons concevoir", souligne M. Delcomminette. A preuve, l'idée - innovante, dans ce contexte- d'installer là une crèche pour les enfants tant du personnel des entreprises locales que des frontaliers...

Guy Larcier comme Idelux préviennent d'ailleurs: "Le choix des activités sera fait en commun et c'est la qualité du projet qui comptera, d'autant que le terrain est rare. Il faudra de solides références et garanties" Le tout devrait se décanter dans les premiers mois de l'année prochaine.