Pour Marc Wagener, le directeur de la Fondation Idea, le Conseil de la productivité tel qu’il a été créé par le gouvernement ne respecte pas l’esprit qui avait été défini initialement par le Conseil de l’Union européenne. (Photo: LaLa La Photo / archives)

Pour Marc Wagener, le directeur de la Fondation Idea, le Conseil de la productivité tel qu’il a été créé par le gouvernement ne respecte pas l’esprit qui avait été défini initialement par le Conseil de l’Union européenne. (Photo: LaLa La Photo / archives)

Une décision prise en toute «discrétion», sans «l’avis des chambres professionnelles» et en «l’absence de concertation avec les parties prenantes socio-économiques»… Les mots utilisés par Marc Wagener sont durs pour qualifier l’initiative du gouvernement de créer un Conseil national de la productivité (CNP).

Cette nouvelle entité a pour mission de mesurer la productivité de l’économie luxembourgeoise et de fournir des données pour nourrir les décisions politiques sur les grandes orientations que doit prendre le pays pour faire maintenir sa croissance.

Dans un post sur le blog de la Fondation Idea, le think tank de la Chambre de commerce, celui qui en est le directeur critique ouvertement la manière dont les autorités ont procédé pour mettre en place ce nouvel outil. Il rappelle que c’est le Conseil de l’Union européenne qui, en 2016, avait recommandé à tous les États membres de se doter d’un tel organisme.

Les Partenaires Sociaux «surpris»

Les Partenaires Sociaux ont pu faire valoir leur point de vue dans un avis dédié à cette initiative au sein du Conseil économique et social, au mois de janvier, rappelle Marc Wagener dans son billet – il le sait puisqu’il avait pris la tête des représentants du patronat dans les discussions. «Autant au niveau des syndicats que du patronat, nous étions d’accord sur le fait qu’il y avait un problème pour mesurer la productivité dans le pays, même si nos avis pour améliorer la situation divergeaient», a confié à Paperjam.lu le directeur de la Fondation Idea.

Aucun des deux partis n’a ensuite été tenu au courant de l’évolution du dossier. Chacun a donc appris avec surprise, au mois de septembre, que le gouvernement avait tranché. Or, en voyant le texte constituant du CNP, Marc Wagener a constaté que l’esprit n’y était pas.

Avoir le choix de ses sources

«Cette nouvelle structure est censée donner des conseils et faire des propositions aux autorités, il est donc essentiel qu’elle soit indépendante», argumente-t-il. Et de rappeler dans son post que l’Union européenne préconise que les membres de ce conseil doivent être nommés sur base de leur expérience et de leurs compétences. «Or ils seront désignés par le ministre de l’Économie», regrette l’économiste.

Le second aspect qui fait grincer des dents Marc Wagener est la source des informations qui seront à la disposition du CNP. Dans la vision du gouvernement, celles-ci proviendront exclusivement du Statec.

Le gouvernement a sûrement estimé qu’il avait trouvé un compromis.

Marc Wagener, directeur de la Fondation Idea

«La recommandation du Conseil de l’UE parle d’un accès approprié et général à l’information, ce qui veut dire que le CNP devrait pouvoir se procurer des données où il l’entend», rétorque Marc Wagener. Et de préciser que la recherche d’informations ne doit pas être exclusive, au risque d’être trop limitée. D’où l’importance de pouvoir avoir recours à des sources étrangères.

«Le gouvernement a sûrement estimé qu’il avait trouvé un compromis et peut-être que, dans les faits, la version proposée fonctionnera très bien. Mais le doute est tout de même permis», confie encore le directeur de la Fondation Idea. Et d’ajouter: «Tout dépend maintenant de ceux qui seront nommés au sein de ce conseil et de l’autonomie dont ils disposeront.»