Par rebonds successifs dans divers médias luxembourgeois apparaît le nom d’un avocat et membre de l’ADR, Roy Reding, aux détours d’une affaire judiciaire en cours en Allemagne. Elle concerne les fast-foods Hooters, d’origine américaine et dont plusieurs enseignes franchisées outre-Moselle semblent échapper à la maison-mère, le tout via des licences luxembourgeoises.
Handelsblatt évoque une escroquerie. La chaîne Hooters aurait perdu le contrôle de licences de franchise, pour une série de restaurants. Huit ont dû, semble-t-il, fermer. On évoque des prix prohibitifs pratiqués par les détenteurs de licences et droits d’ouverture. Lesquels ne sont pas aux États-Unis mais en Allemagne et au Luxembourg: selon nos confrères allemands, une enquête diligentée par trois parquets vise les responsables des sociétés Flying Wings.
Administrateur démissionnaire
Me Roy Reding, par le biais d’une interview à nos confrères de RTL, parle d’«amalgames». Il explique que la société Flying Wings au Luxembourg n'a rien à voir avec les Hooters concernés en Allemagne, à l'exception de celui qui se trouve à l'aéroport de Francfort et qui fait l'objet d'un procès au tribunal civil à Luxembourg depuis plus d'un an.
C’est un peu plus compliqué... Flying Wings AG a été créée au Luxembourg au printemps 2010, juste après sa société mère, domiciliée à la même adresse (qui a changé entretemps): Sefradis (Selecta - European Franchise Distribution Systems AG) émane d’un homme d’affaires allemand, Michael Rennig, qui s’est appuyé sur le juriste luxembourgeois pour constituer des bases au Grand-Duché, afin de gérer des franchises de marques internationales.
Mais Roy Reding, en août 2012, a démissionné de son poste d’administrateur de Selecta, laissant l’associé allemand seul aux commandes.
Master franchise
En novembre 2012, Michael Rennig, agissant en qualité d’administrateur unique de Flying Wings AG et de son actionnaire unique Sefradis, a présidé à l’opération de scission de la société en, d’une part, Flying Wings Germany, et, d’autre part, Flying Wings Fraport. Cette dernière «isolait» de fait le cas du Hooters de Francfort, comme précisé dans l’acte officiel au demeurant: la société détient «tous les actifs et passifs relatifs à l'exploitation du restaurant Hooters dans l'enceinte de l'aéroport de Francfort, y inclus les droits résultants du procès actuellement pendant contre l'exploitant Wingsport GmbH ainsi que les droits à faire valoir contre Hooters of America», qui refuse de reconnaître le droit de sous-franchiser à Flying Wings pour cet établissement particulier.
Quant à la deuxième société née de la scission, la Sàrl Flying Wings Germany, elle détient la «master-franchise» acquise pour huit Länder allemands (Schleswig-Holstein, Hansestadt Hamburg, Hansestadt Bremen, Thüringen, Sachsen, Sachsen-Anhalt, Mecklenburg-Vorpommern et Niedersachsen).
Un prêt, des droits, des enjeux
Selon l’acte notarié de scission, elle détient aussi les droits d’ouverture de restaurants, «ainsi que tous les droits à faire valoir contre Hooters of America, du fait de leur refus de reconnaître l'existence et l'étendue de ces droits ainsi que le passif y relatif, à savoir le prêt bancaire sur 800.000 euros, outre les accessoires, conclu par Flying Wings auprès de BGL BNP Paribas».
Voici donc les enjeux, financiers et juridiques, de cette «guerre de franchise». Tout repose, de fait, sur le droit luxembourgeois. Les deux sociétés Flying Wings, comme Sefradis, sont logées boulevard Grande-Duchesse Charlotte à Luxembourg. À l'origine, elles avaient élu domicile à la rue de l’Eau, au cabinet de Me Roy Reding.
Quant à la chaîne Hooters, célèbre pour ses serveuses sexy en short orange, autant que pour ses burgers et ses pinchers de bière, elle n’a pas (encore?) d’enseigne au Luxembourg. Cependant, sur son site, la marque signale des licences de franchise disponibles pour une série de pays d’Europe (dont la France, le Royaume Uni, les Pays-Bas, l’Irlande ou le Portugal), mais pas pour le Grand-Duché…