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Historiquement, via l'arrivée en masse des caméscopes et magnétoscopes de salon, le début des années 80 a vu l'explosion de ce qui est convenu d'appeler la HomeVideo, mettant chacun en position de devenir producteur de ses propres images. Les années 90 furent celles des HomeSites favorisés par la baisse de coût du stockage et l'émergence des éditeurs HTML et plus généralement de la démocratisation d'Internet.

Il ne manquait que le développement des technologies QuickTime, des solutions de Streaming et des players gratuits pour faire de chacun un «acteur» de l'audiovisuel'

HomeVidéo + HomeSite = HomeCast. Producteur et diffuseur de ses images, chacun est aujourd'hui théoriquement en capacité de distribuer son propre contenu sur l'ensemble de la planète.

Vers une convergence des vecteurs

En attendant la fameuse convergence des vecteurs TV-Téléphonie-Internet tant promise autour du protocole IP et l'apparition du poste unique qui regrouperait en un seul point l'ensemble des moyens de communication, la télévision cherche aujourd'hui sur Internet une légitimité qu'elle semble peiner à rencontrer. Certes les possibilités semblent infinies: TV interactive (zones cliquables, intertextualité?), mais force est de constater que pour des raisons essentiellement technologiques, les développements les plus ambitieux ne sont pas aujourd'hui à la portée de l'utilisateur lambda.

Le casse-tête de la bande

passante

L'ADSL, le câble, la fibre optique, le satellite et plus généralement les technologies haut-débit nous promettent une fluidité de la diffusion. Mais ces gains technologiques seront-ils suffisant pour compenser la constante hypertrophie que les contenus audiovisuels imposeront au volume d'information en circulation'

Il est donc nécessaire en attendant ces hauts débits démocratisés de trouver des solutions d'attente.

Une solution provisoire s'oriente vers des système de codage plus performant permettant la fluidité de la transmission (codec Sorenson').

WebTV et TV

Question: Qu'est-ce qui fait la spécificité du médium télévisuel'

Réponse: le flux.

En télévision, le flux d'images est imposé et la seule liberté du spectateur est de zapper «verticalement» d'une chaîne à l'autre ou de couper le canal. La WebTV, hormis ses contenus «live» aujourd'hui balbutiants (taille de l'écran, coupures, désynchronisation image-son') se limite encore à se présenter comme un «juke-box» vidéo dans lequel l'utilisateur vient piocher au besoin (nous sommes ici très proche d'expériences de type Napster, que l'on n'oserait pour autant qualifier de WebRadio). Sans cette notion centrale de flux, un contenu vidéo est-il à rapprocher de l'expérience télévisuelle? La question reste ouverte.

Et le contenu?

L'internaute est avant tout à la recherche d'un contenu légitime. Passé la période (de plus en plus courte) d'étonnement lié à l'intrusion de nouvelles technologies dans son univers quotidien, l'aspect pratique redevient prééminent. Quelle sera la plus-value réelle en termes d'information que pourra apporter l'arrivée massive de vidéo sur Internet?

Ici, pas de réponse toute faite. En fonction de l'expérience de chacun et de ses préoccupations, une cartographie personnelle du vecteur s'impose. En face de ce désir de contenu légitime de l'internaute, vient se placer une réalité économique têtue: produire coûte cher (notamment dans l'audiovisuel) et la question du retour sur investissement pour les producteurs et diffuseurs reste un problème crucial. Il sera malheureusement toujours plus simple et moins risqué de recycler des contenus déjà diffusés que d'ouvrir de nouveaux marchés.

Si les chaînes de télévision ont rapidement saisi la complémentarité des vecteurs Télévisuel et Internet en proposant sur leurs sites des images inédites sur le petit écran (pour des raisons de législation, morale?), précisons que d'un point de vue production, les spécificités propres des vecteurs TV et Internet imposent des normes de production spécifiques (durée extrêmement réduite du clip, absence de mouvements de caméra ou de sujet pour limiter les «filés», utilisation de gros plans?)

Si l'on s'en tient aux leçons du passé et à la logique économique, il suffira d'observer les débuts de la production multimédia pour saisir les risques qui guettent la WebTV. A cette période les éditeurs historiques (possesseurs des droits des textes et images) se lancent dans la production de CD-Rom en recyclant les contenus déjà amortis en support papier, autour de développements souvent pauvres et sans prise en compte de l'écriture particulière qu'impose le support électronique. Résultat: la navrante banalité de la production multimédia des année 90.

HR et WebTV

Wysiwyw: What You See It's What You Want

L'homme est un animal essentiellement optique, que ce soit dans le champ du commerce pur ou dans celui plus spécifique des ressources humaines, cette réflexion fait loi. Rien de tel pour déclencher l'instinct de propriété que de présenter visuellement l'objet de nos désirs.

Interface to face: problématique du e-recrutement

Répondant à ce principe, une nouvelle génération de sites pour l'emploi semble voir le jour: certaines banques de CV proposent, en plus des informations textuelles (CV, lettre de motivation'), des séquences vidéo dans lesquelles le candidat se présente visuellement aux employeurs potentiels (www.videojob.com). Corollaire de ces initiatives, les sociétés elles-mêmes cherchent à séduire les candidats en mettant en scène leurs valeurs, ou des témoignages professionnels sur la nature de leurs activités, et ce à des fins de diffusion sur internet (Microsoft, Noos, Cisco System').

En marge du concept de streaming stricto-sensu, certaines sociétés de recrutement effectuent des entretiens candidats via la visio-conférence. Pour des raisons technologiques (l'ensemble est encore moins efficace que l'entretien téléphonique), est-il nécessaire de formaliser la perte quantitative et qualitative d'informations que ces technologies imposent au recruteur et les risques ainsi encourus?

Regarde-moi quand je te parle: Naissance du e-learning

S'appuyant sur l'évolution des mentalités et des rythmes de travail, l'enseignement à distance via IP semble être un des enjeux les plus prometteurs des technologies de streaming.

Une récente enquête montre que 90% des utilisateurs de e-formations sont satisfaits des résultats. Pourquoi? Elles permettent plus de souplesse: à tout moment et partout l'e-formation permet d'accéder aux modules mis à jour, en toute liberté et au rythme de chacun. Plus de disponibilité: ce contenu «just in time» toujours disponible s'intègre facilement dans l'emploi du temps de chacun. Plus de personnalisation: l'e-formation permet de bénéficier d'un bilan individualisé et d'un parcours de formation parfaitement adapté au besoin et au niveau de chacun. Plus d'économie: l'e-formation permet les économies de transports, de logistique et réduit notablement le temps de formation.

Les vecteurs haut-débits et plus particulièrement intranet proposeront là encore aux professionnels des solutions particulièrement séduisantes dans un marché en cours de structuration.

Le Projet SPEED

En marge de projets privés et à visées commerciales, des initiatives publiques ont récemment pu voir le jour.

Le projet Speed (Services Publics de l'Emploi-Echanges de Données), ancré dans la réalité socio-économique de la grande région, est développé à l'initiative de l'ADEM, de l'ANPE Lorraine et du FOREM (DR d'Arlon). Piloté par la Direction des Systèmes d'Information du FOREM de Charleroi (sous la responsabilité de son Manager Général, Thierry Vermeeren)  et soutenu par la Commission Européenne, SPEED entre dans le cadre des mesures incitatives visant à moderniser les SPE (Services Publics de l'Emploi).

Speed a été pensé afin de répondre à 4 objectifs:

- Développer et évaluer des outils méthodologiques de collecte et de structuration de l'information.

- Développer et évaluer un outil de diffusion de l'information (Web + streaming).

- Dynamiser les relations entre les différents services pour l'emploi.

- Dynamiser l'image des SPE.

Les cibles sont les agents des Services Publics de l'Emploi, les entreprises et les demandeurs d'emploi.

Pour ce faire, Speed se développe autour de 3 produits: un site Web doublé par un CD-Rom (afin de palier dans un premier temps aux problèmes d'accès, de bande passante?), des séminaires visant les différents acteurs des services pour l'emploi et enfin un serveur vocal diffusant des offres d ?emplois transfrontalières sur le Luxembourg, la Belgique et la France.

Dans sa forme Speed exploite le web et les technologies de streaming dans le but de mettre à disposition des agents des SPE (puis du grand public et des entreprises après la phase de test en septembre 2001) des informations structurées et dynamiques sur certains métiers porteurs ou méconnus (opérateur de fabrication, les métiers du Web, de la construction, de l'HORECA?).

Si l'utilisation du web pour diffuser des contenus streamés n'est pas une nouveauté, la grande originalité de ce projet est son contenu; plus particulièrement sa méthodologie de collecte de l'information.

Le matériel vidéo mis à disposition de l'internaute est pour une fois original, conçu et enregistré dans ce but précis. Le projet révèle une démarche particulièrement ambitieuse: envisager les enquêtes sur les métiers à la manière d'investigations de type ethnographiques (intégration de l'enquêteur dans l'entreprise?), révélant une forte volonté de récolter du qualitatif avant de passer à la phase de réalisation des reportages. Pour mener à bien ce type d'interview le FOREM s'est adjoint les compétences d'une anthropologue au poste de Rédactrice en Chef.

Concrètement, les professionnels choisis, au sein de 3 sociétés implantées dans la région et appartenant à des secteurs différents, s'expriment directement via de petites séquences vidéo 1 à 3 minutes maximum sur les caractéristiques principales de leur métier. Le visiteur accédant au site pourra visionner les séquences vidéo qui lui semblent pertinentes, afin de mettre à jour ses connaissances et de mieux répondre aux attentes du marché et des demandeurs d'emploi. De fait, un projet à suivre? (pour plus d'informations: [email protected]).

Annexes:

1. La télévision sur Internet en chiffres:

70% des sites les plus visités dans le monde disposent désormais d'un contenu audiovisuel.

Selon une enquête d'Ajour, d'ici à 2 ans, 30% des sites marchands auront recours à la vidéo pour présenter leurs produits.

Le marché de la vidéo sur Internet devrait représenter 31,42 MdE en 2003 selon le cabinet Arbitron New Media.

Avec une croissance de plus de 1.200% d'ici 2004, l'Europe sera même la zone la plus dynamique, y compris auprès d'un grand public ciblé par des chaînes de plus en plus thématiques. Un développement qui n'a d'ailleurs pas échappé aux régies publicitaires, qui comptent bien exploiter ce nouveau support pour améliorer le taux de clics et faire passer le coût pour mille (CPM) de 31 E pour une bannière classique à plus de 100E pour une bannière incluant de la vidéo.

Le cabinet Vision Consultancy Group estime que 67% des internautes consulteront des contenus vidéo dans le cadre de leur activité professionnelle, d'ici à 2004!

Face à ce marché prometteur, Microsoft et Realnetworks voient miroiter la commercialisation de la télévision interactive derrière celle de la vidéo sur le Web. A terme, le marché de la télévision traditionnelle va probablement intégrer le IP (Internet Protocole) et sa technologie streaming, indissociable de la vidéo. Cependant, les infrastructures réseaux devront évoluer, afin d'offrir le débit nécessaire à un média très gourmand en bande passante.

Source: www.zewebtv.com