Au départ de l’aventure, il y a une initiative privée, celle de l’entreprise Schuler, propriété de la famille Ehlinger. Ils sont spécialisés aujourd’hui dans les projets immobiliers et ont également dans le groupe la société de location de véhicules Intralux, un centre équestre et des terrains agricoles.
En 2011, un nouveau virage, dans la continuité des activités précédentes, amenait Schuler à devenir aussi producteur d’énergies renouvelables. Les bâtiments Horizon et Solarwind (où se trouve le siège de Schuler) en sont certainement de beaux exemples. Et le projet Hollerich Village, dévoilé ce mardi, entre pleinement dans cette perspective et cette logique de développement.
Projet-pilote
«Hollerich Village (www.hollerichvillage.lu) est l’aboutissement d’une réflexion menée depuis plusieurs années sur les lieux de vie du futur», explique Xavier Delposen, managing director du groupe Schuler. «En tant que propriétaire du terrain, Schuler souhaite développer cette partie de ville qui s’inscrit dans le plan directeur de la Porte d’Hollerich. Dès le début, ce projet a été présenté et expliqué régulièrement aux différents acteurs économiques, administratifs et de la société civile concernés. Actuellement, le projet n’a encore aucune autorisation officielle, mais fédère de nombreux avis favorables».
Le site, qui fut autrefois le lieu de diverses activités artisanales, pourrait accueillir cet écoquartier représentant un projet pilote pour le Grand-Duché, mais également une opportunité sans précédent pour les entreprises qui souhaitent s’orienter vers la construction verte et le développement durable. C’est pour cela que de nombreux partenaires sont associés à ce projet : Polaris Architectes, l’ONG internationale BioRegional, le bureau d’études Goblet Lavandier & associés, le CRP Henri Tudor, la Fondation natur&ëmwelt.
L’équivalent de six planètes
Tous ont comme objectif de répondre aux 10 principes énoncés par One Planet Communities, label créé par l’ONG anglaise BioRegional, principes qui considèrent non seulement l’empreinte énergétique («zéro carbone», «zéro déchets»), mais aussi la santé et le bien-être des habitants. Pooran Desai, cofondateur de BioRegional, a expliqué lors de son intervention que «si chaque habitant de la planète vivait comme le font actuellement les résidents luxembourgeois, il faudrait l’équivalent des ressources de six planètes pour subvenir à ses besoins. Les objectifs de One Planet Communities sont de ramener les ressources nécessaires à chaque habitant à une planète». Autant dire qu’il y a du chemin à parcourir au Grand-Duché !
«Ce projet prend aussi en compte une autre lame de fond qui est, au-delà de la prise de conscience écologique, un changement de valeurs chez les jeunes qui sont à la recherche d’un mode de vie plus collaboratif, de solutions plus flexibles, plus sociales», explique Jürgen Stoldt de Stoldt Associés, en charge de réaliser une enquête sur ce sujet auprès de 20 personnalités d’horizons variés.
Commencer la transition
L’organisation de la ville de demain devra répondre à un besoin de logement accru et donc à une densification de l’habitat. Dans le cadre des écoquartiers, cela se passe à échelle humaine. « On peut tout à fait imaginer que la hauteur des bâtiments de l’écoquartier pourra être dans la continuité de la hauteur des bâtiments de la gare, à savoir des immeubles de cinq à six étages», précise François Thiry de Polaris Architects. Ce sera également un lieu qui devra relever le défi d’être à la fois un lieu de vie et de repos, bénéficier d’un bon raccordement aux transports en commun, offrir des espaces de nature, une mixité sociale, des logements de qualité à prix accessible…
À ce jour, le plan directeur est encore en cours de modification, mais Schuler souhaite néanmoins faire vivre ce terrain et commencer la transition. Un pavillon One Planet Communities va être installé afin de présenter ce label. Un incubateur d’entreprises ayant des activités en lien avec le développement durable devrait également voir le jour prochainement. Des arbustes vont être plantés, des ruches installées. On espère également la mise en place d’un marché fermier. Les personnes intéressées par le projet pourront également participer à des workshops, des voyages d’études. Des partenariats avec les écoles du quartier sont en train de se mettre en place. Mais quand on évoque un calendrier de réalisation, c’est la date de 2030 qui surgit… et cela donne le vertige.