Celui qui veille sur les comptes européens depuis 2008 souhaite relever le «challenge intéressant» proposé par Xavier Bettel et Pierre Gramegna. (Photo: Julien Becker / archives )

Celui qui veille sur les comptes européens depuis 2008 souhaite relever le «challenge intéressant» proposé par Xavier Bettel et Pierre Gramegna. (Photo: Julien Becker / archives )

Le jeu de chaises musicales reste en suspens entre le Kirchberg, la place de Metz et la rue Sainte-Zithe. Henri Grethen a indiqué lundi matin devant la presse qu’il ne savait toujours pas si sa candidature à la tête de la Spuerkeess était validée par la Banque centrale européenne.

Celui qui veille sur les comptes de l’UE pour le Luxembourg depuis 2008 a informé son président en juillet de cette candidature née d’une sollicitation du Premier ministre Xavier Bettel et du ministre des Finances Pierre Gramegna. Un «challenge intéressant» qu'il souhaite accepter, mais, la BCEE étant considérée comme une banque systémique au Luxembourg, il doit se conformer à une procédure fastidieuse, à l'instar de Françoise Thoma, la directrice générale de la Spuerkeess, en début d’année.

Le comité éthique de la Cour des comptes a écarté un premier obstacle début septembre, déclarant à l’unanimité que les fonctions briguées à la BCEE n’entraîneraient aucun conflit d’intérêt lié à son mandat à la Cour des comptes.

Je n’ai pas d’expérience de banquier.

Henri Grethen, membre de la Cour des comptes européenne

L’enquête de la BCE sur la candidature de Henri Grethen a été confiée à un comité de cinq personnes, dont un représentant de la CSSF, dépendant de la direction générale microprudentielle de la BCE. Un comité qui examine le dossier de l’aspirant: CV, déclaration sur l’honneur, honorabilité, compétences, expérience… «Je peux vous dire que mon casier est vierge comme au premier jour», sourit Henri Grethen. «Je ne sais pas comment mes connaissances vont être évaluées…»

Il a été auditionné le 13 septembre dernier par ce comité. Avec notamment des questions sur ses diplômes – en chirurgie et non en droit ou en économie. «On peut me reprocher de ne pas avoir de diplôme, mais il y a 40 ans les choses étaient différentes», souligne-t-il, évoquant malicieusement son droit à une «validation des acquis professionnels». L’homme a tout de même longtemps siégé dans les commissions des finances et de l’exécution budgétaire et a été ministre de l’Économie (1999-2004).

«Je n’ai pas d’expérience de banquier», concède-t-il, glissant néanmoins que de nombreux banquiers expérimentés n’avaient pas su éviter la crise de 2008. Il aborde en tout cas la décision finale «en toute sérénité». «Si la BCE considère que je ne suis pas assez bon ou honorable pour exercer ces fonctions (à la BCEE, ndlr), le gouvernement devra trouver quelqu’un d’autre, un banquier ou un professeur…», temporise-t-il. «Une décision négative sera décevante à titre personnel, mais je resterai à la Cour des comptes dont je trouve l’activité toujours passionnante.»

Le comité de la BCE doit maintenant livrer son rapport au conseil des gouverneurs qui tranchera. Aucun calendrier n’a été dévoilé pour l’instant, laissant Henri Grethen dans l’expectative, tout comme Nicolas Schmit, ministre du Travail, qui aspire à le remplacer à la Cour des comptes.