Selon François Elvinger, la standardisation de l'affichage sur les paquets nuira aux parts de marché des moins costauds. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Selon François Elvinger, la standardisation de l'affichage sur les paquets nuira aux parts de marché des moins costauds. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Comment Heintz van Landewyck a-t-il encaissé le renforcement de la législation antitabac au lendemain du vote, par le Parlement européen à Strasbourg, du projet de directive qui lui a été soumis par la Commission européenne?

Le groupe luxembourgeois, qui se disait promis à d’inévitables difficultés en cas d’adoption stricto senso du texte proposé par Bruxelles, s’est déclaré mercredi «en partie» soulagé. Notamment du fait que la proposition de conditionner le tabac à rouler uniquement en pochette, et non plus en pots ou en seaux comme c’est le cas à l’heure actuelle, n’a pas été retenue.

«84% du volume du tabac coupe fine est conditionné de cette manière», explique François Elvinger, directeur des ventes d’Heintz van Landewyck. «Il s’agit donc d’un marché très important pour nous. Si les députés avaient adopté ce point, on se serait retrouvé face à une inévitable augmentation des coûts de production et de commercialisation de nos tabacs, sans pour autant que cela ait des répercussions sur les quantités consommées. Et en matière de santé publique l’effet aurait été proche du zéro.»

Selon François Elvinger, 200 emplois étaient liés à cette décision de suppression de conditionnement en Europe, dont une centaine au Luxembourg. Tel n’est donc plus le cas.

D'autres niches

Un autre point qui pourrait, par contre, contrarier le cigarettier national est la disparition annoncée des produits de niche que sont les cigarettes aromatisées, le Parlement européen ayant donné mardi son feu vert à leur retrait progressif du marché, dans les trois ans qui suivront la promulgation du texte.

Seules les «menthols» – la plus grosse part de ce marché de niche qu’exploite Heintz van – ont obtenu un sursis et ne disparaîtront que dans un délai de huit ans. Mais cela ne semble pas empêcher de dormir le patron des ventes d’Heintz van Landewyck .

«Nous estimons que nous allons pouvoir vivre avec, d’autant que cette décision nous donne le temps de nous retourner», poursuit François Elvinger, pour qui d’ici là – selon le principe que la vérités d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain – «beaucoup d’eau va encore couler sous les ponts de l’Alzette».

Alors, en quoi réside la véritable préoccupation qui agite les esprits des dirigeants du groupe? «Elle a trait à l’espace supplémentaire qui vient d’être accordé, notamment sur les paquets de cigarettes, aux images choc et aux messages sanitaires qui les accompagnent», reconnaît notre interlocuteur, ajoutant que sur ce volet du projet de directive «nos revendications n’ont pas été entendues».

Le Parlement européen a en effet décidé de porter cette surface – actuellement de 35% – à 65% du paquet pour y afficher les différents avertissements combinés, surface à laquelle il faut encore ajouter celle réservée au timbre fiscal, au code article, au nom du fabricant, à celui de l’importateur, etc.

Peu d'effets sanitaires

À en croire Heintz van Landewyck, il ne restera dès lors aux cigarettiers plus que 10% de la face avant et de la face arrière du paquet pour qu’ils puissent y apposer leur marque, sachant qu’elle apparaîtra en bas de ce paquet puisque la priorité a été donnée – c’est une autre décision prise ce mardi – aux messages sanitaires.

«Cela va mener inévitablement à une standardisation rigoureuse des paquets de cigarettes dans les rayonnages des commerçants», fait encore remarquer François Elvinger. «Elle va compromettre d’une part notre position sur les marchés que nous exploitons déjà au profit de marques mondialement connues distribuées par des multinationales et d’autre part, empêcher notre développement vers de nouveaux marchés comme certains pays de l’Est.»

S’estimant de ce fait à la fois lésé et désavantagé, Heintz van Landewyck dit vouloir se réserver le droit à de possibles actions en justice, à un haut niveau, «même si la procédure est complexe et nécessite l’intervention de juristes spécialisés».

Une volonté d’autant plus affirmée que le producteur national considère que ce projet de directive «ne profite que très peu à la santé des citoyens mais met en péril tout un secteur économique».