Selon Libération, la Cour des comptes avait eu une réaction très ferme lorsqu’elle avait eu connaissance des faits. (Photo : Charles Caratini / archives)

Selon Libération, la Cour des comptes avait eu une réaction très ferme lorsqu’elle avait eu connaissance des faits. (Photo : Charles Caratini / archives)

Une affaire de harcèlement moral a-t-elle été sciemment enterrée à la Cour des comptes européenne, établie au Luxembourg ? C’est en tout cas la thèse défendue dans une enquête signée Jean Quatremer et publiée ce jour dans Libération. Selon le journal français, Nadejda Sandolova, 56 ans, aurait harcelé trois membres de son cabinet qui ont fini par sombrer dans une grave dépression et restent encore marqués par l’épreuve.

Selon des rapports d’enquête, que les membres de la Cour des comptes ont eus à leur disposition, la Bulgare aurait usé de son pouvoir à l’égard de ces collaborateurs avec des humiliations régulières et « personnalisées », des fausses accusations, de fortes colères et des pressions permanentes.

« Chaque jour, on attendait »

« Chaque jour, on attendait de savoir qui serait la victime, raconte la Belge néerlandophone Sonja Deweert, secrétaire entre 2007 et 2011, une des trois victimes. « Mais, ce qui est encore plus dur, c’est que le harcèlement n’a pas pris fin quand nous avons quitté le cabinet Sandolova. Depuis deux ans, plus personne ne veut nous parler. Nous sommes les fous qui ont osé attaquer un membre de la Cour. »

 « J’ai failli perdre ma famille, car je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Petit à petit, j’ai rompu avec les autres, je vivais dans un climat de peur, d’insécurité, j’avais les nerfs à vif », explique pour sa part Didier Lebrun, un Belge francophone, chef de cabinet de 2007 à fin 2010. L’autre victime était Margot Lietz, une Luxembourgeoise, assistante entre 2007 et début 2008.

Selon Libération, la Cour des comptes avait eu une réaction très ferme lorsqu’elle avait eu connaissance des faits. Néanmoins, Nadejda Sandolova a pu achever son mandat sans être inquiétée. Les 26 membres de la Cour des comptes européenne, réunis le 13 décembre dernier, n’ont en effet pas décidé de renvoyer leur collègue bulgare devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Réaction de la Cour

La Cour des comptes européenne a réagi dans un communiqué : « Un article du journal Libération a prétendu que des plaintes pour harcèlement moral au sein du cabinet d’un ancien membre de la Cour des comptes avaient été ignorées… En 2011, trois plaintes pour harcèlement moral ont été formulées à l’encontre d’un ancien membre de la Cour. Aussi, afin d’assurer leur protection, les plaignants ont été immédiatement réaffectés dans des fonctions équivalentes et ont bénéficié d’un support médical, administratif et juridique complet assuré par la Cour… À la suite de l’affaire, suivant la procédure en vigueur, la Cour a décidé de ne pas déférer l’affaire à la Cour de justice, la majorité requise n’ayant pas été atteinte. »

Les trois victimes s’apprêteraient à porter plainte contre la Cour des comptes européennes.