Je suis né à Zavidovići (Bosnie-Herzégovine) durant la guerre civile. Comme l’hôpital avait été bombardé, je suis né dans la cave d’un hôtel au beau milieu des soldats et des civils blessés. Un peu après le début de la guerre, mon père a quitté la Bosnie afin de se mettre lui et ensuite sa famille en sécurité.
Les premiers 18 mois furent très difficiles pour mon père. Il n’arrivait pas à trouver du travail. Il était désespéré. C’est un Luxembourgeois qui lui a donné sa chance en l’aidant à trouver du travail. C’est ainsi que moi, ma sœur et ma mère avons enfin pu rejoindre mon père au Luxembourg après des mois d’angoisse et de séparation.
«En tant que fils de réfugié, j’ai grandi entre deux cultures»
En grandissant, je n’ai pas eu une seule expérience négative par rapport à mes origines. C’est plus tard, adolescent, que j’ai commencé à me poser beaucoup de questions. Ce qui s’est passé lors de la guerre civile me hante. Quand quelqu’un me demande si je suis musulman, je ne sais pas quoi répondre. Souvent je réponds: «Non, je ne suis pas musulman, je suis juste Halid.» Je ne peux être défini par ma religion ou mes origines. Je ne suis ni Bosniaque ni Luxembourgeois. En tant que fils de réfugié, j’ai grandi entre deux cultures.
Je pense que je me suis très bien intégré. J’ai toujours fait le premier pas pour rencontrer des gens. Enfant, j’avais plein d’amis: des Luxembourgeois, des Portugais, des Cap-Verdiens. J’ai appris à être souriant, confiant et ouvert envers les autres. En retour, les gens m’accueillent bien. Au fond, nous sommes tous pareils, mais on a tendance à l’oublier. Je pense que l’intégration fonctionne à double sens: il faut que les deux parties fassent un effort l’une envers l’autre. La tolérance est sans doute une des valeurs les plus importantes.
Ma culture est principalement luxembourgeoise, mais je suis conscient que des bribes de la culture bosniaque sommeillent en moi. J’adore passer mes vacances en Bosnie. Je m’y sens bien. C’est un sentiment étrange et beau à la fois.
Je suis étudiant en sciences de la communication à l’Ihecs (Institut des hautes études des communications sociales) à Bruxelles. J’y apprends surtout l’écoute de l’autre. Ne pas seulement entendre l’autre, mais l’écouter.
Retrouvez l’intégralité du témoignage de Halid en anglais sur «iamnotarefugee.lu».
Entrez en contact avec Halid via [email protected]
La campagne iamnotarefugee.lu est cofinancée par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte (appel à projets Mateneen).