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Guy Wagner (Photo: Andres Lejona) 

«La récession sera évitée, le découplage économique entre les Etats-Unis et le reste du monde se maintiendra, et les marchés boursiers entrent dans une troisième phase de cycle haussier, avec un risque cependant de volatilité accrue». Telles étaient les principales conclusions que Guy Wagner présentait cette semaine, au sujet de la crise des «subprimes» américains, dont les conséquences n’épargnent pas les grandes banques et sociétés d’investissement internationales.

Cette tourmente essentiellement financière aura-t-elle des répercussions sur l’économie même? «A chaque fois qu’il y a eu une crise, avec une répercussion sur l’économie, les autorités, surtout américaines ont toujours réagi très rapidement», rappelle Guy Wagner. En recourant principalement aux différents instruments dont ils disposent. A savoir, en premier lieu, la politique monétaire, avec une diminution des taux d’intérêt: «A chaque crise, on a baissé les taux d’intérêt. La Réserve Fédérale a baissé ses taux d’½%, de façon assez agressive», explique l’économiste.

Pourtant, selon les thèses pessimistes, une réduction des taux d’intérêt ne parviendra pas à juguler la récession sur les marchés boursiers, le niveau d’endettement restant élevé aux USA. «S’il faut prendre cette optique très au sérieux, ce n’est pas notre scénario, répond Guy Wagner. Par ailleurs, les autorités monétaires américaines bénéficient d’une marge de manœuvre très grande pour baisser leurs taux d’intérêt, qui sont aujourd’hui à 4 ¾% contre 1% lors de la crise de 2002-2003. D’autant que l’inflation est faible».

Deuxième instrument à la disposition des autorités américaines, la politique budgétaire semble, elle aussi, favorable. «Aujourd’hui, le déficit budgétaire américain est peu élevé. Donc si le besoin s’en faisait sentir, on pourrait aussi, à travers cet outil, stimuler l’économie», indique Guy Wagner.

Troisième instrument de sortie de crise, la politique de change, par une intervention de la Réserve Fédérale sur le cours du dollar. Avec une devise américaine favorable aux exportations, l’option n’est cependant pas à retenir.

«Si on prend tous ces éléments ensemble, certains pans de l’économie risquent clairement de souffrir, mais seront compensés par la bonne conjoncture américaine des deux premiers trimestres de cette année, avec 3,8% de croissance au second trimestre, une hausse de 11% des investissements et de 24,2% des exportations», rassure l’économiste.

 

Valorisation boursière

Le découplage entre les Etats-Unis et le reste du monde va-t-il se poursuivre? «Si on assiste à une récession aux Etat-Unis, le reste du monde pourra y échapper, sous l’impulsion de l’Europe et des pays émergents principalement. Ces derniers devraient donc tirer leur épingle du jeu», explique Guy Wagner.

Dans les années à venir, les marchés émergents devraient donc continuer à profiter du déplacement de la dynamique de croissance de l’Ouest vers l’Est. «Les fondamentaux de ces pays sont aujourd’hui dans l’ensemble très solides, avec le recul de l’inflation, la rigueur budgétaire et le surplus de la balance courante. De plus, la valorisation de leurs marchés reste raisonnable malgré quatre années de hausse. Enfin, l'émergence d'une classe d'investisseurs institutionnels locaux, dans bon nombre de ces pays, agit comme stabilisateur en cas de ventes des investisseurs étrangers, stabilisateur qui n'existait pas par le passé» détaille-t-il.

Si les marchés sont entrés dans une troisième phase de valorisation boursière, après une période d’augmentation des cours et des bénéfices, cette nouvelle période de prise de bénéfices devrait profiter aux acteurs qui ont les classes d’action les plus solides, à savoir les pays émergents. Avec toutefois un risque de volatilité. « Dans un environnement de taux bas, les actions à rendement du dividende élevé représentent une alternative intéressante aux obligations pour un investisseur prêt à accepter une volatilité plus élevée. Les études empiriques montrent que, sur le long terme, ces actions ont sur-performé les indices boursiers tout en résistant mieux dans les phases de baisse des marchés», indique Guy Wagner.

Forte de cet optimisme, la Banque de Luxembourg a lancé en octobre deux nouveaux fonds d’investissements, l'un dédié aux pays émergents (BL-Emerging Markets), l'autre, aux actions à rendement du dividende élevé (BL-Equities Dividend). «Ces fonds reprennent les fondamentaux de la stratégie d’investissement de la Banque notamment en termes de sélection des valeurs et de perspectives de rendement à long terme», précise-t-on boulevard Royal.