Ce ne sont pas les Oscars, mais les ingrédients y sont: tapis rouge, photocall, Altesses Royales, maîtres de cérémonie en smoking blanc et orchestre sur scène. Pour cette huitième édition des Lëtzebuerger Filmpräis, le Film Fund et d’Filmakademie ont mis les petits plats dans les grands.
C’est l’auteur Guy Helminger qui ouvre la soirée et use de son humour habituel pour envoyer quelques vannes, essentiellement politiques, invente un casting sur un film sur la cour grand-ducale, remémore ses souvenirs personnels de cinéma et prévient: «Le Film Fund a 27 ans, l’âge où tant de grands noms sont morts...» Il récolte les applaudissements de la salle en pointant du doigt les objets déclinés aux couleurs du nation branding: «On devrait exporter notre culture, plutôt que des tasses et des chaussettes.»
Les comédiens Elisabet Johannesdottir et Isaac Bush se chargent de la suite et lancent les premières annonces. 47 films étaient en lice dans neuf catégories. Et ce sont les coproductions de fiction qui ouvrent le bal. Paul Thiltges, président de l’Ulpa, en profite pour espérer «continuer à avoir les moyens de coproduire des films avec nos partenaires internationaux».
«Noces» de Stephan Streker, coproduit par Tarantula Luxembourg, remporte ce premier prix. Le réalisateur se réjouit d’avoir pu travailler avec des techniciens luxembourgeois «avec qui il retravaillerait volontiers, même sans obligation de coproduction».

Stephan Streker, le réalisateur de «Noces», entouré de ses coproducteurs.
Suit la meilleure coproduction en animation, remportée par «The Breadwinner» de Nora Twomey, coproduit par Melusine Productions. La réalisatrice estime qu’«il n’y a pas d’autre studio comme celui-là en Europe». Le prix du meilleur documentaire va à «La Supplication» de Pol Cruchten, inspiré du livre de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015.
C’est Cyrus Neshvad et son film «Fils» qui remportent le prix du meilleur court métrage. Manifestement ému et peu préparé à cet honneur, le réalisateur évoque «les énormes sacrifices» que nécessite la réalisation d’un film.
C’est Guy Daleiden, le directeur du Film Fund, qui remettra le prix de la meilleure production TV et nouveaux médias, une nouvelle catégorie pour tenir compte de la réalité des productions. C’est «Bad Banks» de Christian Schwochow, coproduit par Iris Productions, qui remporte ce prix. Nicolas Steil remercie bien sûr le Film Fund, les techniciens et les acteurs – il fait venir Marc Limpach et Désirée Nosbusch, qui travaillent en coulisse à la régie de la soirée –, mais il remercie aussi «Xavier Bettel et le futur ministre de la Communication pour les efforts à venir et continus pour que le cinéma luxembourgeois puisse continuer à vivre».
Petit intermède musical avec «Somewhere over the rainbow», chantée par plusieurs comédiennes et comédiens, prétexte pour faire venir André Jung dans sa tenue de Superjhemp, une promotion du film avant l’heure.

Petit intermède pour la promotion de «Superjhemp».
Sans surprise, c’est l’équipe d’animation de «The Breadwinner» qui part avec le Filmpräis de la meilleure contribution créative dans un long métrage d’animation. Uli Simon repart avec le prix de la meilleure contribution créative dans un long métrage de fiction ou documentaire pour ses costumes dans «Egon Schiele».

La costumière Uli Simon.
Peu de surprises aussi dans le choix de Vicky Krieps comme meilleure interprétation dans «Gutland». Développant une carrière internationale très prometteuse, la comédienne a réaffirmé son attachement au Luxembourg.

Vicky Krieps a voulu partager son prix avec tous les acteurs et actrices.
Enfin, le prix le plus prestigieux, celui du meilleur long métrage luxembourgeois de fiction ou d’animation, a été remporté par Govinda Van Maele pour «Gutland», produit par Les Films Fauves. C’est Xavier Bettel qui présentait cette catégorie, et d’aucuns espéraient une annonce ou au moins un geste de compréhension de la part du Premier ministre (qui est aussi celui de la Communication) envers le secteur audiovisuel, qui se trouve dans une position d’attente difficile. Pourtant, Xavier Bettel n’a fait que souligner l’importance du secteur et des talents qui y œuvrent sans parler de son avenir.
Peu de véritables surprises dans ce palmarès, mais l’occasion pour tout un secteur de se voir célébré en grande pompe et d’avoir les honneurs de la presse et l’attention d’une grande partie de la population.

Tous les gagnants (et tous ceux qui ont remis les prix).