«On va tout faire pour faire avancer les choses», assure Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et coordinateur de la diplomatie européenne dans le cadre de la présidence luxembourgeoise. (Photo: Charles Caratini / archives)

«On va tout faire pour faire avancer les choses», assure Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et coordinateur de la diplomatie européenne dans le cadre de la présidence luxembourgeoise. (Photo: Charles Caratini / archives)

Comment éviter que «la carcasse politique» de l’Union européenne ne se transforme en une coquille vide? Quelles mesures entreprendre pour que les citoyens reprennent confiance dans l’idée européenne alors même que «les égoïsmes nationaux ou même l’autoritarisme» ont refait leur apparition au sein des 28 États membres? Que faire pour redonner envie aux citoyens de croire en l’Europe? Telles sont les questions qui se posent aux responsables européens et au Luxembourg, à deux jours du début de sa douzième présidence du Conseil de l’Union européenne. Et donc à Jean Asselborn (LSAP), chef de la diplomatie luxembourgeoise, coordinateur de la politique étrangère de l’UE pour les six prochains mois.

Alors que le week-end a été rythmé par les soubresauts autour de la question de la dette grecque, ce dossier s’intègre dans une dynamique plus globale. Celle de la désagrégation politique de l’UE. «Deux étoiles menaçantes scintillent au-dessus de notre présidence: le Grexit et le Brexit», indique le ministre dans une interview publiée lundi dans le Quotidien. Même si la situation en Grèce est jugée encore «trop opaque» pour tirer des conclusions, Jean Asselborn estime que l’Union européenne «ne peut tenir que si les piliers, qui sont la solidarité et le sentiment d’unité, continuent de primer».

Sortir du cercle vicieux dans lequel Bruxelles est toujours le bouc émissaire.

Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères

Un vœu pieux tant le décalage entre l’idée européenne initiale et le ressenti actuel semble grand. «Il faut être clair: ce n’est pas nous qui avons le sort de l’UE entre nos mains», estime le chef de la diplomatie qui assure que «ce n’est pas par un simple souffle de vent que les problèmes vont disparaître». Et la liste des problèmes ne se résume pas aux seuls cas grec et britannique, puisque l’UE doit trouver une solution «pour la crise des migrants, le conflit en Ukraine et la Russie ou encore les négociations tendues sur le TTIP». Pour tenter de faire avancer ces dossiers, le Luxembourg entend poursuivre «la méthode communautaire», tout en évitant que l’image de l’UE ne soit marquée par «la théâtralité des politiciens». Autrement dit, des actes plutôt que des promesses.

Pour Jean Asselborn, «il faut sortir du cercle vicieux dans lequel Bruxelles est toujours le bouc émissaire pour tout et où les positions nationales sont toujours les bonnes. (…) Les réformes émanant de l’UE ne doivent plus être perçues comme des sanctions, comme une dérégulation ou comme un démantèlement social». Une position qui pousse le ministre à se rendre ce lundi à Londres pour écouter «les doléances» des dirigeants conservateurs. Jugeant qu’«une amélioration du fonctionnement de l’UE est tout à fait envisageable», il met en garde car «changer les traités équivaudrait à ouvrir une boîte de Pandore» qui permettrait à d’autres États de demander d’autres revendications. Ce qui signifierait «la mort de l’UE». Interrogé sur les conditions d’un succès de la présidence luxembourgeoise, Jean Asselborn estime que cela sera effectif «si on évite la sortie de la Grèce de la zone euro et si on parvient à forger une voie sur laquelle le Royaume-Uni ne persistera pas à quitter l’UE». Rendez-vous est donc pris pour la fin du mois de décembre.