Pol Goetzinger (Sustain) (Photo: Olivier Minaire)

Pol Goetzinger (Sustain) (Photo: Olivier Minaire)

Développement durable, responsabilité sociale des entreprises… Les termes se confondent et leur définition est encore trop souvent vague et imprécise. Certains font l’amalgame avec «respect de l’environnement». D’autres n’y mettent aucun sens et se contentent de l’afficher pour suivre une mode ou un mouvement.

C’est en 1992, à l’occasion du deuxième sommet de la Terre à Rio de Janeiro, que le «développement durable» a été défini (lire par ailleurs l’interview de Jean-Pascal Van Ypersele, page 16). Il est construit autour de trois piliers: le progrès économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement.

La RSE, pour sa part, constitue la contribution des entreprises au développement durable. Il s’agit de démarches volontaires devant initier un certain nombre de décisions stratégiques. Autrement dit, la RSE n’est autre que le développement durable mis en pratique, à l’échelle d’une organisation.

Pour Pol Goetzinger, de Sustain, «il n’y a pas de développement durable ni de véritable responsabilité sociale si les choix que fait l’entreprise n’ont pas de pertinence économique: améliorer la rentabilité à long terme, développer le chiffre d’affaires, développer un avantage concurrentiel unique...»

Ce constat établi, encore faut-il réussir à transformer une déclaration d’intention en réalité pratique. Les choses se structurent lentement, mais sûrement. Au Luxembourg, l’INDR a mis en place son label national et une trentaine d’entreprises ont d’ores et déjà franchi le pas.
Au plan international, des normes sont bien sûr en place. La principale est la norme ISO 26000 qui, à la différence d’autres normes ISO, n’est pas certifiante. Autrement dit, elle est pensée comme un cadre de référence, mais ne permet pas l’obtention d’un label estampillé ISO.
Pour pallier ce manque, des structures ont mis en place des certifications complémentaires. Par exemple, en France, l’AFNOR a créé la certification AFAQ 26000. Pol Goetzinger en précise les contours: «C’est une évaluation qui se base sur les pratiques réelles dans l’entreprise, en mettant en regard les pratiques stratégiques, managériales et opérationnelles avec la pertinence et la performance des indicateurs économiques, sociaux et environnementaux. Concrètement, nous pouvons utiliser un outil de diagnostic, qui permet de définir directement des pistes de réflexion et d’action… Cela permet de savoir où l’on se situe, mais également ce qu’il faut faire pour s’améliorer.»
Et comment utiliser ce résultat pour progresser? «Nous sommes dans une situation où certains secteurs n’ont plus le choix: investir dans une démarche RSE est un des meilleurs moyens pour structurer sa pensée. Cela permet de lancer un mouvement: où sont mes faiblesses? Où sont mes forces? Comment puis-je me différencier de mes concurrents? Quels nouveaux services puis-je offrir? Comment informer mes clients? Comment en convaincre de nouveaux? En s’implémentant, à travers ISO 26000 et la démarche qu’elle provoque, les entreprises peuvent trouver de nouveaux relais de croissance qu’elles ne soupçonnaient pas.»