Après le rock et l’art contemporain, Josée Hansen scrute le théâtre. (Photo: Bohumil Kostohryz)

Après le rock et l’art contemporain, Josée Hansen scrute le théâtre. (Photo: Bohumil Kostohryz)

Quand Josée Hansen s’intéresse à un sujet, elle y va à fond et ne prend pas de raccourci. Il y a 13 ans, elle avait scruté la scène musicale amplifiée en coordonnant «RB 94>04 – d’Rockbuch» (avec Christophe Unkelhäusser). Il est d’ailleurs intéressant de s’y replonger pour mesurer les espoirs (parfois déçus) de groupes devenus importants ou ayant complètement disparu.

En 2015, la journaliste responsable des pages culturelles du Lëtzebuerger Land se proposait, avec «Piccolo Mondo – Un an d’art contemporain au Luxembourg vu de l’intérieur», d’interroger quelques artistes d’envergure et d’analyser le microcosme de l’art contemporain au Luxembourg.

Sa nouvelle obsession, qui l’a occupée pendant deux ans, est le théâtre. «Piccolo Teatro – Deux ans de rencontres théâtrales au Luxembourg» en est le résultat, avec cette même ambition de coller à l’air du temps et d’analyser en profondeur une discipline artistique.

80 rencontres

La journaliste a ainsi interviewé quelque 80 personnes de tous les âges et de toutes les disciplines: les acteurs et metteurs en scène, bien sûr, mais aussi les responsables d’institution et d’association, les scénographes, les techniciens, les critiques, les auteurs. La radiographie qu’elle dresse du théâtre au Luxembourg est donc très complète – on regrette seulement que le public soit peu abordé et on sait à quel point il est difficile d’avoir des informations tangibles sur celui-ci. 

«Mon idée est née», expliquait Josée Hansen lors la présentation du livre, «avec le départ à la retraite de Frank Feitler, ainsi que de Charles Muller ou Marja-Leena Junker. Je voulais voir comment la nouvelle génération, Carole Lorang à la tête du Théâtre d’Esch-sur-Alzette, Tom Leick à celle des Théâtres de la Ville ou encore Myriam Muller au Centaure, se positionne dans cette époque charnière.»

Sous-financement chronique

Au fil des chapitres thématiques, c’est un beau portrait de cette «grande famille» qu’est le théâtre qui est dressé. On y comprend le sous-financement dramatique du secteur, on y observe la diversité des structures, l’amplitude des métiers, on y débat sur l’absence d’ensembles fixes attachés à un théâtre et l’extrême rareté des dramaturges, on y suit les Luxembourgeois de l’étranger et on y découvre de nombreuses personnalités passionnantes. 

Le livre comprend aussi huit grands portraits approfondis de femmes et hommes de théâtre et des photos réalisées par Eric Chenal des coulisses du Grand Théâtre, de ses ateliers et des personnalités rencontrées.

Avec bienveillance et clairvoyance, Josée Hansen s’emploie à citer ses interlocuteurs et à mettre en perspective les parcours de chacun dans l’histoire du théâtre luxembourgeois, même si le terme «histoire» apparaît un peu pompeux par rapport au ton du livre.

C’est d’ailleurs ce ton qui est particulièrement agréable et facile à lire: l’auteur y parle à la première personne, situe ses interviews de manière très vivante (on apprend qu’elle aime les pâtes du Grappolo, les bières du Tram et la terrasse de la Buvette) et référence largement ce qu’elle présente sans jamais être donneuse de leçon. Un aspect critique qui manque peut-être au livre où un chapitre de conclusion ou de prospective fait finalement défaut.

«Piccolo Teatro – Deux ans de rencontres théâtrales au Luxembourg» 

Éditions d’Lëtzebuerger Land, 320 pages, 29 euros.