Le très attendu débat d’entre-deux tours de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron (En Marche!) et Marine Le Pen (Front national) a offert un «spectacle» assez singulier entre deux candidats ayant davantage eu le souci de sortir la boîte à gifles que d’avancer de réelles propositions de fond. Le tout «arbitré» par un duo de journalistes (Christophe Jakubyszyn, de TF1, et Nathalie Saint-Cricq de France 2) qui n’a pas vraiment été en mesure de faire autre chose que de compter les points.

Coupures de parole incessantes, échanges vifs parfois à la limite de l’insulte: la brutalité de cet échange de près de deux heures et demie n’a échappé à aucun observateur ni commentateur. S’il est difficile de désigner un «vainqueur» de ce débat, il est clair que la «chose politique» au sens large, déjà très largement malmenée ces derniers temps, n’est pas sortie gagnante.

Entre Emmanuel Macron, «le choix de la mondialisation sauvage, de la précarité, de l’ubérisation de la société, du dépeçage des grands groupes et du communautarisme» (dixit Le Pen) et Marine Le Pen, «qui n’est pas la candidate de l’esprit de finesse, de la volonté d’un débat démocratique, équilibré et ouvert», le jeu a davantage consisté à dénigrer l’autre – et, par ricochet, à se défendre de ses invectives -  plutôt qu’à développer une discussion constructive.

Faisant sans cesse référence au «bilan» d’Emmanuel Macron en tant que ministre de l‘Économie du gouvernement Hollande, Marine Le Pen a surtout cherché à ériger son rival en «candidat du système», inféodé à l’Europe et au grand capitalisme.

Nivellement par le bas

M. Macron, pour sa part, a régulièrement dénoncé «l’amateurisme» et la «dangerosité» des projets et idées présentées par la candidate du Front national.

Au terme de quelque cent cinquante minutes d’un combat féroce, il n’est pas dit que les électeurs indécis aient pu pencher en faveur de l’un ou de l’autre des projets présidentiels, dont la substance n’a, au final, été que très peu abordée en profondeur. D’un grand débat sur le papier n’est finalement rien sorti d’autre qu’une grande frustration, voire une immense déception… et aussi une certaine inquiétude au vu de la prestation de celui (ou celle) qui sera, pour les cinq prochaines années (et plus si affinités) le chef d’un des États les plus puissants du monde.

Ainsi s’achève plutôt tristement une campagne électorale qui marquera certainement l’histoire par une impression de cacophonie permanente et d’un certain nivellement par le bas des valeurs démocratiques. Puisse au moins le scrutin de dimanche faire oublier toutes ces laborieuses semaines qui n’auront guère servi la cause de la politique.