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GPRS est l'acronyme pour General Packet Radio System. GPRS est un service de transmission de données complétant les réseaux GSM, initialement dessinés pour la transmission de voix. Souvent nous notons une confusion avec le GPS qui, lui, est un système pour calculer la position géographique d'une personne à l'aide de satellites. (Global positioning System). 

Comme l'indique son nom, le GPRS est orienté vers la transmission de données par paquets. De manière simplifiée, une donnée initiale est "disséquée" en petits paquets, envoyée sur le réseau et réassemblée du côté destinataire. Le transport s'effectue donc de manière similaire à ce qui se passe sur Internet. De là, à attribuer une adresse IP à chaque terminal GPRS, il n'y a qu'un pas (si ne se posait pas la question des adresses IP, qui se font de plus en plus rares). GPRS est donc un service qui se prête particulièrement bien à l'accès sur Internet.

La vitesse théorique de GPRS est de l'ordre de 171200bps, 3 fois plus rapide que l'ISDN, et presque 20 fois plus rapide que le GSM classique. Hélas atteindre la vitesse maximale GPRS veut dire se passer de tous les mécanismes de correction d'erreur, veut dire aussi utiliser toutes les ressources disponibles sur un canal radio d'une cellule GSM donnée. A l'opposé, la théorie du GPRS nous apprend que les ressources sont utilisées de manière plus rationnelle. En effet, contrairement à HSCSD (High Speed Circuit Switched Data), le GPRS ne réserve pas d'entrée une certaine bande passante (et occupe donc des ressources disponibles pendant tout le temps de la connexion) mais jongle de manière dynamique avec les ressources disponibles et la bande passante requise.

Un autre avantage semble se détacher du transport par paquets. Le volume transmis primera sur le temps de connexion, par conséquent le volume sera facturé au lieu du temps de connexion. A partir de ce modèle, on peut déduire que l'utilisateur sera "always on'. Effectivement, l'on peut le concevoir de la sorte, car il suffira à l'utilisateur de communiquer au réseau qu'il veut être sur écoute, il ne payera que lorsqu'une information lui parviendra ou sera envoyée à partir de son terminal. Vu que les ressources occupées pour la simple "connexion' au réseau sont relativement infimes, elles ne font plus le poids contre le confort d'une connexion permanente.

Les promesses sont donc alléchantes, mais que nous réserve la pratique ? Au Luxembourg Tele2 a lancé son offre commerciale le 12 mars sur leur réseau Tango. Du côté de l'EPT, une annonce surprenante nous a informé que LUXGSM a aussi réussi un test GPRS. Malgré l'absence d'une offre commerciale, nous avons reçu l'assurance que LUXGSM était techniquement prêt pour le GPRS. A l'opposé de Tele2, l'EPT ne croit cependant ni à la disponibilité immédiate des terminaux, ni à une demande renforcée côté utilisateur. Selon les responsables une offre commerciale sera disponible pour la fin de l'année.

Côté disponibilité des terminaux, nous avons vu et testé le Sagem MW595 et l'Ericsson R520mTU2 (TU2 Trial Unit 2, donc un prototype). En ce qui concerne le test du réseau LUXGSM, il a été très restreint en cette phase, nous avons pu voir que le Sagem en communication avec un portable apporte des résultats acceptables. Comme le GPRS n'a pas encore été activé sur tout le réseau, le test s'arrête au simple "ça fonctionne", sachant que cette affirmation ne vaut rien pour la pratique.

Côté Tango, nous avons eu droit à la pluie et au beau temps du monde GPRS. Malgré le fait qu'il s'agisse d'une technologie relativement jeune (le réseau luxembourgeois est un des tous premiers dans le monde), le système s'est montré relativement stable. Ajoutons qu'il n'est pas facile de distinguer les pannes GPRS des hasards bien connus d'Internet. Nous avons établi des connexions GPRS dans les quatre coins du pays, une couverture radio ayant été évidemment indispensable.

Côté vitesse, le Sagem est l'unique appareil qui pour l'instant utilise 3+1 canaux GPRS, 3 pour le downstream (de l'Internet) et 1 pour l'upstream (vers l'Internet). C'est donc le téléphone le plus rapide au monde à l'heure actuelle. L'Ericsson, quant à lui, ne maîtrise que 2+1 canaux GPRS.

Alors que le Sagem ? dont la qualité vocale nous a profondément déçu ? n'a pratiquement jamais bougé lors des tests, le R520m nous a sorti les mille et un modes du plantage. Heureusement il signale la plupart du temps son abandon par le changement de couleur de la LED du vert vers le rouge. Le "reset" s'effectue par l'enlèvement de l'accu.   

 

Au niveau de la connectivité, le Sagem se montre plutôt radin, seule la possibilité de la connexion via câble sériel est donnée. Néanmoins le câble est livré avec le téléphone et l'installation ne nécessite pas grand-chose. Le modem du téléphone peut être commandé par le pilote standard fourni avec Windows. (Pour d'autres OS, nous n'avons pas testé, mais il nous semble évident qu'un modem générique devrait faire l'affaire. A vérifier).

L'Ericsson quant à lui se montre très ouvert vers le monde: il communique via infrarouge, câble sériel et bluetooth. En outre il maîtrise 3 bandes GSM 900, 1800 et 1900 MHz ne craignant ainsi pas les déplacements à l'étranger. Le câble n'est pas fourni avec le téléphone, et très difficilement accessible dans le commerce. Heureusement les câbles pour les séries T28, 320, 380 sont compatibles (pour ceux qui l'ont déjà, sinon le problème reste). Côté infrarouge, la communication peut être établie en installant un modem générique, mais de préférence avec le pilote livré par Ericsson. Le 520 s'est montré moins fiable que le Sagem, mais d'après les ingénieurs Ericsson, les problèmes seraient déjà résolus dans la toute dernière mise à jour du soft, de même que ce nouveau release augmentera la vitesse successivement à 3 puis à 4 canaux GPRS.

En ce qui concerne le bluetooth, nous n'avons pas trouvé en magasin une carte pour notre PC, de façon à pouvoir établir une connexion. Le bluetooth permet aussi  d'envoyer des cartes de visites virtuelles à des appareils équipés bluetooth.

Cette procédure marchera très bien, et si elle pouvait être standardisée entre les différents producteurs de portables (donc universellement accessible), cela devrait aussi permettre de réduire la quantité de papier utilisée pour les cartes de visites.

Pour en venir aux prix, tout d'abord la bonne nouvelle: Tango a annoncé une flat fee jusqu'en août. Il ne faudra payer que 500 francs par mois pour avoir un abonnement GPRS. Après cela, il y a deux possibilités. Soit un abonnement mensuel et des tarifs au volume réduit, soit des tarifs au volume plus élevé, en l'absence d'abonnement. A titre indicatif, Tango mentionne 500Luf/mois ainsi que 1 respectivement 3 Luf par 10 kB. Certes, à 100Luf par MO, cela semble très cher, mais très raisonnable aussi par rapport à l'étranger où le prix du MO peut atteindre 3000Luf !

En conclusion: Tango a raison de prétendre que le futur est déjà arrivé. GPRS permet de surfer à des vitesses raisonnables sur Internet, indépendamment d'une connexion fixe. Les téléphones que nous avons vus sont prêts à l'emploi (l'on nous a promis qu'ils étaient paramétrés à l'achat).

Néanmoins, les premiers utilisateurs seront, comme toujours, les pionniers, les power-users et collectionneurs de gadgets. La technologie est prête pour le déploiement, mais il faudra qu'elle soit aussi prête pour la masse.