Jean Villemin : «Faire de CinéBelval l’un des deux grands cinémas du pays.» (Photo : DR)

Jean Villemin : «Faire de CinéBelval l’un des deux grands cinémas du pays.» (Photo : DR)

Alors que CinéBelval vient de sortir du giron de Caramba SARL, Jean Villemin, le nouveau directeur, explique comment il compte s’y prendre pour augmenter la fréquentation du complexe cinématographique. Il explique aussi son parcours et revient sur les circonstances de la séparation avec Raymond Massard, son prédecesseur.

Monsieur Villemin, dans quelles circonstances CinéBelval s’est-il séparé de Caramba SARL, qui vient de se déclarer en faillite ?

« Jusqu’en juillet, Caramba SARL faisait le back-office de CinéBelval, c’est-à-dire la programmation et la gestion. Le président de Caramba SARL, Raymond Massard, était actionnaire de Caramba Sud. Un processus s’est mis en route au début de l’année avec les actionnaires luxembourgeois de CinéBelval, dont Raymond Massard lui-même, pour le développer de manière indépendante. J’ai été nommé directeur de Cinébelval à sa place et ai pris mes fonctions le 1er juillet.

Que signifie 'développer CinéBelval de façon indépendante' ?

« La gestion d’un cinéma comprend, bien sûr, la programmation. C’est ce qui est le plus visible. Même si au Luxembourg, petit pays, la programmation n’a pas à être très différente d’un grand cinéma à l’autre. On partage le même bassin de chalandises, les mêmes habitudes, la même population. Nous allons donc reprendre en main notre propre programmation. Mais le cinéma, ce n’est pas que de la programmation, c’est aussi de la gestion, de la communication. Tous ces aspects sont repris intégralement par nous-mêmes. La volonté des actionnaires était d’en reprendre la maîtrise.

Quel est votre parcours ? Quels sont vos liens avec le cinéma ?

« J’étais auparavant responsable, chargé du développement du Musée National des Mines à Rumelange. Je n’avais pas de lien professionnel, particulier avec le cinéma, plutôt des liens artistiques. Parallèlement à mon activité salariée, je développe, avec mon frère Pierre une activité d’artiste plasticien dans la vidéo. Nous sommes connus dans le milieu national français comme créateur vidéaste. J’ai aussi été sculpteur. J’ai réalisé des œuvres monumentales en France et en Allemagne. J’ai eu aussi toute une expérience d’élu local en France. Mais ce n’est pas ça l’important. S’il était nécessaire et suffisant de connaitre le milieu du cinéma, on n’en serait pas là aujourd’hui.

Quels sont vos objectifs ?

« Faire de CinéBelval l’un des deux grands cinémas du pays, avec Utopolis. On va comprendre dans les semaines et les mois qui viennent que CinéBelval doit se développer sur son territoire. Nous voulons nous le réapproprier. Cela va transparaître dans notre image. On va rayonner par cercles concentriques, car, pour l’instant, tout un bassin de population n’est pas vraiment concerné par notre rayonnement. Ce sont notamment les frontaliers français. Même si CinéBelval est avant tout destiné au public luxembourgeois qui est très spécifique. Mais ce serait une erreur commerciale et stratégique de ne pas prendre en compte la population des frontaliers français. Nous allons donc aussi réorienter notre programmation, pour faire en sorte que les deux publics puissent se retrouver dans un seul et même cinéma.

Comment allez-vous réorienter votre programmation ?

« Il y a un effet frontière que nous devons gommer. Il suffit de regarder la programmation de Kinépolis à Thionville ou à Saint-Julien-les-Metz pour se rendre compte qu’on ne regarde pas les mêmes films. Si nous ne faisons pas un effort vers les frontaliers, ils ne viendront pas vers nous. C’est l’axe sur lequel nous allons travailler, se rapprocher du goût du public français.

Quels sont, selon vous, les atouts du CinéBelval ?

« Nous avons sept salles, dont une avec un des plus grands écrans d’Europe occidentale. Nous sommes dans de bonnes conditions de conforts. Nos atouts sont réels, mais pas assez mis en évidence. La fréquentation n’est pas à la hauteur des attentes depuis un certain temps. Le site de Belval est encore en perpétuels travaux. Belval Plaza n’arrive pas à attirer assez de clients. Les logements ne sont pas remplis. Nous sommes dans une situation intermédiaire qui fait que tout le monde souffre. Nous ne voulons pas – et c’est aussi le souhait des actionnaires – attendre l’arrivée de l’université en 2014 ou 2015 pour avoir des clients. Nous voulons aller chercher les clients là où ils sont. On va se soucier davantage du client, comme pour toute entreprise. Nous allons le faire savoir.

Comment allez-vous le faire savoir ?

« Nous allons rénover le site Internet, qui est en fait le site du réseau auquel on appartenait. Avec toutes les applications possibles et toutes les possibilités de réservation imaginables, par tablettes, iPhones…On ne peut pas faire pire que ce qui existe aujourd’hui. La réservation en ligne est actuellement sous développée. On va être à la pointe de ce qui se fait en matière digitale. Pour autant, nous ne renonçons pas au papier. C’est en cours de négociation. Nous allons essayer d’avoir un bon partenariat avec un quotidien luxembourgeois pour faire état de notre programmation mensuelle. »