L’unique eurodéputé libéral du Grand-Duché, Charles Goerens, a partagé avec paperJam.lu son regard les éléments qui ont marqué le Parlement européen et l’actualité de l’Europe ces derniers jours. Il a, en premier lieu, été profondément marqué par la visite de la jeune Malala Yousafazaï, récipiendaire du prix Sakharov pour la liberté de l'esprit. «Ce prix récompense chaque année un défenseur des droits de l'Homme et de la démocratie», explique Charles Goerens. «Parce que cette jeune Pakistanaise âgée de 16 ans constitue une belle source d’espoir pour des millions de jeunes filles et de femmes dans le monde, pour l’émancipation de chacune d’entre elles. Par son témoignage, elle a conquis l’ensemble des eurodéputés présents pour l’écouter.»
Sur le plan politique et institutionnel, ces derniers jours, c’est évidemment l’adoption du budget européen pour la période 2014-2020 qui a occupé les esprits. Finalement, il s’élèvera à 960 milliards d’euros. «C’est un budget inférieur à celui de la période précédente. Ce qui, de mon point de vue, s’avère être très décevant. Il ne faudra pas trop en attendre de l’Europe pour les sept prochaines années», estime-t-il. «C’est significatif d’un réel recul pour l’Europe, qui ne se donne pas les moyens de résoudre les problèmes structurels auxquels elle doit faire face. Ce budget est insuffisant au vu des défis qui nous guettent. »
Manque de volonté politique
Alors que de nombreux pays doivent faire face à de grandes difficultés, l’eurodéputé libéral regrette que l’Europe ne se donne pas les moyens de mettre en œuvre un réel plan de relance liée à un assainissement des finances publiques suivi.
« Pour redémarrer le processus européen, après la crise traversée, il faut que les États remettent de l’ordre dans leurs finances publiques et, à l’échelle européenne, mènent de grands travaux et investissent pour une meilleure recherche. Or, ce n’est pas en réduisant les crédits alloués que nous pourrons y arriver. L’Europe, à ce niveau, a manqué de volonté politique, de leadership. Alors que, aujourd’hui, ce qu’il nous faut, c’est avant tout plus d’Europe.»
Selon Charles Goerens, la diplomatie intergouvernementale, aujourd’hui, doit être dépassée en faveur d’un plus grand partage communautaire. «Dans la situation actuelle, l’Europe ressemble à un atelier de réparation. Quand un pays membre de la zone Euro s’approche du précipice, il ne peut que tabler sur la bonne volonté d’autrui. Dans la situation actuelle, le déficit démocratique à l’échelle européenne se creuse. C’est pourtant la force du droit qui devrait primer à l’échelle européenne et pas le droit de la force», commente-t-il.
Quotas de femmes et Erasmus
Selon le député luxembourgeois, il faudrait consacrer davantage de moyens au budget européen qu’aux budgets nationaux, qui lui sont 40 fois supérieurs, afin de pouvoir mieux investir à l’échelle de l’Union européenne.
Dans ce contexte, la décision prise de doubler l’enveloppe dédiée au programme Erasmus+, a réjoui Charles Goerens. «Cela doit permettre à cinq millions de jeunes de partir étudier quelques mois dans un autre État membre de l’Europe. C’est une excellente chose pour la jeunesse européenne, pour l’Europe elle-même», commente-t-il.
Le Parlement européen, ces derniers jours, a aussi adopté la directive qui doit fixer à 40% la proportion de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises européennes d’ici 2020. La directive n’est pas encore arrivée au terme de son processus d’adoption, mais elle a franchi l’étape du Parlement. «C’est un vote pour lequel je me suis abstenu. Parce que je pense que c’est un faux problème et que ce ne sont pas les quotas qui doivent déterminer la composition d’un conseil d’administration, mais bien les compétences de chacun», explique Charles Goerens.
L’euro-député luxembourgeois est davantage en faveur d’une plus grande implication des femmes dans l’entreprise, mais sur une base volontaire. «La plupart des sociétés seraient bien inspirées de faire laisser une meilleure place aux femmes. Mais les quotas ne constituent pas la réponse adaptée. Il existe d’autres solutions pour inviter les femmes à s’investir et les entreprises à leur laisser une meilleure place. Je ne suis pas un adepte de cette logique qui veut que l’on réponde à chaque problème par une loi.»