Tête de liste du DP pour les élections européennes, Charles Goerens a dressé, ce jeudi 6 mars, le bilan de son mandat quinquennal. La campagne est ouverte pour les bleus!
Le chef de file des libéraux (62 ans) a fait sa première entrée au Parlement européen en 1982. C’est donc avec un œil particulièrement aiguisé par l’expérience qu’il revient sur la gestion institutionnelle de la crise économique et qu’il dessine les réformes qu’il souhaite pour l’Europe de demain. Des réformes institutionnelles indispensables qui sont le fondement du programme électoral du candidat Goerens.
«Les cinq années qui viennent de s’écouler ont été une période de ‘réparation’ pour l’Union européenne. Cependant, malgré toutes les difficultés rencontrées et le scepticisme auquel s’est heurtée l’action politique, l’euro reste en place. C’est une prouesse. Mais ce sauvetage n’est qu’une victoire d’étape», souligne-t-il.
Directement coupables
Une victoire relative, avec un pendant très critique: «La politique de rigueur a été mal expliquée et mal comprise. Les pays du sud ont souffert comme ce n’est plus permis. La Grèce a enregistré une hausse de 43% de la mortalité infantile! Les enfants sont innocents, mais ceux qui sont incapables de redresser la barre sont directement coupables», assène l’eurodéputé qui considère que «nous sommes ici dans une obligation de résultat».
La gestion européenne de la crise évoque pour lui «un chantier ravagé par le feu, avec Mme Merkel au-dessus du brasier, Sarkozy, Hollande et tous les autres en dessous, le président de la BCE, en bon pompier, toujours prêt à éteindre les incendies et Barroso systématiquement à l’extérieur». Pour l’eurodéputé, amer est le constat que le Parlement ne soit pas parvenu à faire suffisamment entendre sa voix, pour sanctionner le Président de la Commission et fustiger son absence d’impulsion politique.
La feuille de route pour la prochaine législature est claire: «Construire l’avenir. Remettre sur le métier le Traité européen, revoir les rapports du citoyen à son État, les rapports du citoyen à l’UE et revoir l’interaction entre l’UE et les États membres. Puis, en tirer les conclusions.»
Un budget propre
Pour lui, l’une d’elles s’impose: «Le transfert de compétences devient inéluctable. Il va falloir créer un gouvernement économique et monétaire pour l’eurozone, et qu’il soit doté de ses propres ressources budgétaires. Une structure politique, susceptible de jouer un rôle proactif pour libérer les États du carcan qui les étouffe.»
Le «vice de construction de l’UEM», comme le désigne l’eurodéputé, a permis la création d’une Banque centrale européenne parfaitement opérante, mais «qui ne peut se substituer à la responsabilité politique des responsables économiques, tant au niveau de l’UE que de celui des États membres.»
Un système qui condamne l’UE à subir les assauts de crises telles que celle qu’elle est en train de traverser. «L’absence de règles communes et de moyens d’action condamne l’Europe à être aux prises avec des phénomènes cycliques, quand une crise systémique se produit. On répond par la rigueur et on entame les moteurs de la croissance, comme cela est le cas en France, notamment.»
Réduire les écarts de compétitivité
Pour M. Goerens, la réponse est ailleurs: «Il faut réduire les écarts de compétitivité entre les États membres. Pour cela, nous devons nous doter d’une instance supérieure, qui puisse à la fois préparer le chantier et qui soit dotée d’une autorité suffisante lors de la mise en pratique. Une soixante d’atteintes au Pacte de Stabilité et de Croissance de Dublin ont été portées par les États membres, sans que cela n’ait aucune conséquence!»
Cette revendication d’une gouvernance politique de la zone euro constituera, pour M. Goerens, LA grande démarcation au sein du futur parlement européen. Avec, d’une part, «le PPE, les socialistes, les Verts et les libéraux et, d'autre part, les eurosceptiques de tout poil!»
Alliance sacrée
Une alliance sacrée entre des partis traditionnels en lutte, plus à l’aise dans la bataille que dans l’union? «Ils n’auront pas le choix. À eux d’être responsables face à la menace réelle de l’euroscepticisme. J’entends mener une campagne très déterminée sur l’avenir, je suis prêt à former l’alliance avec toutes les forces politiques qui veulent aller dans mon sens», assure le candidat libéral.
Durant sa campagne, Charles Goerens entend plaider également pour «une pause» dans le processus d’élargissement de l’UE. «Nous devons nous arrêter pour réfléchir, pour revoir les critères d’adhésion et, surtout, prévoir des mécanismes qui permettent de vérifier, plusieurs années après l’entrée d’un pays, qu’il continue bien de respecter les critères demandés. L’Europe doit rester ouverte, mais pas offerte.»