Olivier Spahn: «Le client est bien plus à la recherche de valeur que de prix.» (Photo: Julien Becker)

Olivier Spahn: «Le client est bien plus à la recherche de valeur que de prix.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Spahn, quel regard portez-vous sur la situation actuelle du monde IT?

«Le temps où les clients voulaient juste de la technologie est révolu. Aujourd’hui, ils souhaitent des solutions globales. On constate ainsi qu’ils souhaiteraient que SharePoint intègre les fonctionnalités des ERP (SAP), au même titre que les fonctionnalités de SharePoint deviennent effectives au sein du progiciel SAP… Le look and feel est également plus important aux yeux de notre clientèle: elle connaissait les qualités de robustesse et de stabilité de SAP, maintenant elle veut aussi qu’il soit ‘sexy’. On voit également que les clients sont bien plus à la recherche de valeur que de prix (même si ces mêmes clients – grosses sociétés comme PME – ont désormais tendance à être plus stricts quant au budget alloué pour un projet) et s’orientent vers des sociétés telles que la nôtre dans une volonté de relation à long terme. De ce partenariat, ils attendent que nous leur apportions une valeur ajoutée.

L’avenir du secteur devrait donc s’inscrire dans cette mouvance?

«Je le pense. Pour ce qui nous concerne, nous allons continuer à nous focaliser sur nos deux métiers. Nous sommes convaincus que SharePoint est l’outil de demain, d’autant plus que les clients ont acquis, aujourd’hui, la maturité nécessaire pour l’intégrer à leur système. Nous pensons également que les solutions out of the box vont stimuler la croissance du marché luxembourgeois car en réduisant le temps d’implémentation, elles apportent une plus-value mesurable et évidente aux entreprises. Delaware Consulting a conçu, dans cette optique, des solutions FAST sectorielles, adaptées à différents métiers (services, engineer, automotive, etc.). Je pense que l’avenir sera radieux.

Quels sont vos besoins prévisionnels en ressources humaines?

«Nous avons établi un plan sur trois ans au terme duquel notre effectif sera doublé (actuellement nous occupons 15 collaborateurs). Nous recherchons tous types de profils, pour des postes de consultants SharePoint et SAP. S’il est relativement facile de trouver des profils maîtrisant les techniques, il s’avère plus difficile de recruter des personnes pouvant vulgariser ces compétences. Ces derniers mois, Delaware a tout de même embauché six nouveaux collaborateurs répondant à ces critères. Par contre, nous exigeons des consultants SAP qu’ils aient une expérience d’au moins cinq ans. Et force est de constater que cette ‘séniorité’ n’est pas évidente à trouver dans notre marché local. Pourquoi local? Car notre politique est avant tout – et permettez-moi ce néologisme – ‘glocale’: nous privilégions les ressources locales avant de regarder plus loin.

Que feriez-vous pour améliorer la situation du secteur?

«Je changerais trois points qui, à mon sens, sont encore d’importants écueils. D’abord, que l’informatique et le business soient en phase. Trop souvent, nous avons affaire à des interlocuteurs d’une même société qui ont des avis différents sur la question et qui n’ont donc pas le même niveau de besoins. Ensuite, que les temps de décision soient écourtés. Je ne sais pas si la tendance est liée à la crise mais je constate qu’ils sont de plus en plus longs. Enfin, il faudrait pouvoir inverser les priorités des clients qui, à 80%, sont liées au portefeuille et, à seulement 20%, à la qualité des projets. Il faut prendre conscience qu’un projet de qualité est à terme un projet qui génère de l’argent.»