Gilberte Beaux et Claire Chazal partagent un regard optimiste sur l'évolution de la condition féminine. (Photo: Benjamin Champenois)

Gilberte Beaux et Claire Chazal partagent un regard optimiste sur l'évolution de la condition féminine. (Photo: Benjamin Champenois)

Les membres de l'association Women in Business, fondée il y a une quinzaine d'années autour de la passion du golf partagée par des femmes d'affaires et présidée par l'ancienne managing partner de PwC, Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini, avaient le sourire mardi soir.

Leur troisième conférence «Great Talks» a en effet réuni quelque 300 personnes au Cercle Cité pour écouter le témoignage de deux femmes aux parcours remarquables: Gilberte Beaux et Claire Chazal. La présentatrice du JT du week-end sur TF1 qui effectuait son premier passage au Luxembourg était invitée par l'association pour interroger celle qui a été la principale figure féminine des affaires en France dans les années 80.

Accepter le combat, vivre l'aventure

«Je referais certainement la même expérience dans le domaine financier et pétrolier», a indiqué Gilberte Beaux lorsque Claire Chazal lui a demandé ce qu'elle «referait ou ce qu'elle ne referait pas». Mais plutôt qu'un parcours dans les souvenirs de celle qui a dirigé banque, groupe automobile, redressé des entreprises en contribuant par exemple à la reprise d'Adidas par Bernard Tapie ou encore – entre autres – conseillé Raymond Barre à un moment de sa carrière politique, la soirée a permis d'évoquer la condition féminine au sens large et son évolution dans différents pays.

«La vie est un combat, accepte-le, la vie est une aventure, ose-là», cette maxime de Mère Teresa, Gilberte Beaux la fait sienne et la partage volontiers avec les femmes qui ont envie de se battre. «Les femmes parviennent de nos jours à accéder aux mêmes carrières que les hommes, leurs comportements se rapprochent, mais leur façon de voir la vie demeure différente, complémentaire, et heureusement», a ajouté Gilberte Beaux durant son intervention. «Il ne faut pas se masculiniser!»

30.000 euros récoltés

Pas encore femmes, mais déjà confrontées à la réalité d'une société difficile, les jeunes filles de Phnom Penh, la capitale du Cambodge, sont prises par la main et scolarisées grâce à l'association «Toutes à l'école» fondée en 2005 par l'ancienne journaliste et directrice de magazines Tina Kieffer.

Elle avait aussi fait le déplacement à Luxembourg pour présenter le travail de l'association parrainée par Claire Chazal et qui accueille chaque année 100 nouvelles filles au sein de ses propres installations scolaires. 1.000 écolières sont ainsi actuellement prises en charge et sauvées des chemins sombres qui conduisent encore souvent vers la prostitution et autres basses besognes.

«Nous voulons leur donner une instruction pour augmenter les chances qu'elles soient demain aux postes clés du pays.» 

Cette présence de Tina Kieffer n'était pas un hasard puisque l'événement avait pour objectif de récolter des fonds pour «Toutes à l'école». 30.000 euros ont été dégagés et ont été remis symboliquement via le chèque de circonstance. De quoi financer une classe pour une année.

Une renaissance

Un moment d'optimisme qui rejoignait le ton de l'échange entre Claire Chazal et Gilberte Beaux. La grande dame estime qu'il faut dans la vie un peu de chance, saisir les opportunités, faire preuve d'humilité et surtout conserver un sens de l'éthique, des valeurs qui l'ont animée et continuent de l'habiter dans l'exploitation de sa ferme en Argentine.

Même si elle n'y capte pas la télévision française, elle s'informe de l'actualité de son pays d'origine ainsi que des événements qui se déroulent dans le monde par d'autres canaux. La passion de la politique n'est jamais loin.

«Nous avons des politiciens habiles, mais plus hommes d'État, regrette Gilberte Beaux en évoquant la situation politique actuelle, notamment en France. Estimant que le président russe Vladimir Poutine était de ceux-là, du moins quant à son action sur son territoire, Mme Beaux a quelque peu bousculé l'assistance, dont la bourgmestre de la capitale Lydie Polfer qui était présente durant la conférence. Mais les deux dames se rejoignent autour de la figure d'Angela Merkel qui base son action de femme d'État sur des valeurs démocratiques.

Estimant qu'il est possible de développer des visions d'affaires et d'entreprise à long terme si l'on ne se concentre pas uniquement sur des gains rapides, Gilberte Beaux jette à la fois un regard lucide et encourageant sur le futur de la société «qui ne sera plus la même que celle que nous connaissons».

«Nous vivons un 'moment d'entre-deux', une période charnière entre deux civilisations, ce qui explique peut-être pourquoi nous n'avons pas besoin de personnalités politiques qui se dégagent. Le monde de consommation que nous avons connu sera à terme derrière nous. Le moment que nous vivons peut, d'une certaine manière, être comparé en quelque sorte à la renaissance.»