Le cabinet de recrutement Edouard Franklin, spécialisé dans les profils à destination du secteur de la gestion de fortune, vient de livrer la 4e édition de son étude «Wealth Management» destinée à cerner le sentiment des experts en la matière.
Premier grand enseignement des résultats compilés via les réponses de quelque 500 répondants de la Place: la confiance semble revenue dans un marché qui a connu une profonde mutation depuis la crise financière et l'annonce de la fin du secret bancaire. L'heure est à l'adoption d'une stratégie d'onshorisation et la recherche d'une nouvelle clientèle fortunée.
«En l'espace de deux années, le Luxembourg a pu consolider sa Place et renforcer sa position dans l'univers de la gestion de fortune tout en prenant des parts de marché à la Suisse», relève Pascal Meier, managing partner d'Edouard Franklin.
Le marché helvète apparaît comme le principal concurrent du Grand-Duché dans le rapport. Il arrive en tête des pays de prédilection pour les talents (du wealth management) qui seraient amenés à quitter le pays pour la Suisse (22%), devant les pays asiatiques (16%) ou encore la Grande-Bretagne (11%) ex-aequo avec le marché nord-américain (11%).
Des noms qui rassurent
L'étude a aussi cherché à savoir qui étaient les «meilleurs employeurs» compte tenu de leur réputation, et ce dans différentes catégories. Le top 5 des banques est dominé par la Banque de Luxembourg, celui des «wealth management companies» par le grand nom suisse Julius Baer et celui des assurances vies par Lombard International.
Alter Domus occupe le haut du classement des fiduciaires, Arendt & Medernach celui des avocats et Arche vient en tête du top 3 des family offices.
Pour 74% des répondants, la fin du secret bancaire est désormais considérée comme une opportunité. Même si le futur de la banque privée ira de pair avec la consolidation – les plus petits acteurs n'étant pas tous capables de servir la nouvelle clientèle – 59% des répondants restent optimistes quant aux orientations des plus grands acteurs, en particulier les enseignes étrangères qui ont fait du Luxembourg leur hub européen en la matière.
Le document indique aussi une forte tendance en faveur des family offices qui trouvent crédit auprès des experts de la Place. Selon 60% des réponses, le nombre de ces structures va augmenter dans les prochaines années. «Leur nombre a augmenté de 82% en une année, ce qui est logique avec le segment de clientèle recherché», indique Pascal Meier.
La recherche de la performance
Et ce nouveau type de clients va de pair avec des profils spécialisés qu'il faut aller chercher en dehors des frontières, alors que les banquiers privés et autres gérants de fortune déjà établis au Luxembourg affichent une grande stabilité auprès de leur employeur.
«Le profil type vient de l'étranger, dispose d'une expérience sur son marché domestique, est très fortement diplômé, possède des compétences interpersonnelles très développées et est capable de s'adresser à une clientèle très fortunée», résume Pascal Meier.
Du côté salarial, l'heure serait à des pratiques raisonnables quant à la partie fixe, mais la propension à utiliser plus de part variable ressort de l'enquête, notamment en fonction des missions que doivent effectuer les banquiers privés par zone géographique visée.
Si la banque privée luxembourgeoise a trouvé sa vision d'avenir, les développements à venir seront raisonnables, au vu des résultats de cette enquête.
Dans le même temps, l'impact des mesures réglementaires devra être mesuré à l'échelle de plusieurs marchés. Car le départ de clients vers leur pays de résidence continue de représenter des possibilités de les suivre via des synergies au sein d'un groupe ou l'établissement d'une entité pour un acteur local. L'exemple de la clientèle belge mass affluente, partie en nombre du Luxembourg suite à l'annonce de l'échange automatique d'informations, est à ce titre éloquent.