Alexis Juncosa: «Nous avons donc réalisé là que nous étions apparus sur ‘la carte des festivals’.» (Photo: Maison Moderne Studio)

Alexis Juncosa: «Nous avons donc réalisé là que nous étions apparus sur ‘la carte des festivals’.» (Photo: Maison Moderne Studio)

La septième édition du Luxembourg City Film Festival se déroulera du 2 au 12 mars. Avec 22.000 spectateurs l’année dernière, ce festival est en train de creuser son sillon sur la carte des événements de cinéma en Europe. Alexis Juncosa en est le coordinateur de programmation et se rend compte de la progression positive de l’image du Luxembourg dans ce secteur.

Monsieur Juncosa, votre travail contribue au rayonnement à l'international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois?

«Très concrètement lorsque de grands studios américains, qui ne nous considéraient pas dans nos premières années, ont commencé à nous recevoir lors des rendez-vous professionnels à Cannes. Nous sommes passés de ‘vous n’existez pas’ à ‘on aime bien ce que vous faites, nous allons travailler ensemble’. Ils n’ont pas pour réputation de faire preuve de flagornerie, nous avons donc réalisé que nous étions apparus sur ‘la carte des festivals’.

Comment se positionne le cinéma luxembourgeois à l’international?

«Le cinéma luxembourgeois est régulièrement présent sur les plus grands festivals du monde, notamment à l’échelle des coproductions. Les choses devraient très rapidement prendre de l’ampleur avec l’émergence de projets majoritaires aussi ambitieux que pertinents. Nous allons, à court terme, entendre parler des jeunes réalisateurs luxembourgeois sur le circuit des festivals, j’en prends le pari.

Peut-on parler d’un cinéma typiquement luxembourgeois?

«Cette réponse n’engage que moi, mais non, je ne le pense pas. L’une des chances du Luxembourg est de se nourrir de multiples références qui - revers de la médaille - lui confèrent un caractère trop protéiforme pour qu’au-delà de la langue, on puisse parler de cinéma typiquement luxembourgeois. Dans les projets qui m’intéressent actuellement, il y a aussi bien un western fantastique qu’un cinéma social tourné dans la campagne luxembourgeoise. C’est une bonne chose que la relève fasse preuve de tant de diversité. On ne parlera de cinéma luxembourgeois qu’une fois qu’un auteur se sera imposé et servira de locomotive aux autres. C’est le syndrome ‘Bjork’ qu’a connu l’Islande.

Luxembourg est un pays «fiable, dynamique et ouvert». Reconnaissez-vous Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement?

«Dans le secteur de l’audiovisuel, avec la tradition de l’accueil et de la coproduction, difficile de ne pas associer la scène cinématographique luxembourgeoise à ces caractéristiques. Les chefs de postes, les techniciens, les producteurs ont acquis une solide réputation. Les règles d’éligibilité sont claires, c’est un aspect rassurant pour des financeurs.

Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg?

«Disons que nous avons encore une belle marge de progression en matière de notoriété. Le caractère dominant de la place financière continue à hanter les esprits. Heureusement, lorsqu’ils repartent du Luxembourg, le discours est très différent que lorsqu’ils y arrivent. Cela fait partie des atouts d’un festival, c’est un générateur d’images positives.

Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Luxembourg?

«J’aime beaucoup rappeler que le Luxembourg est en avance sur certains de ses imposants voisins, notamment sur les questions sociétales. Intégration, euthanasie, accompagnement de la fin de vie, mariage pour tous... J’explique que l’on connaît ici un certain niveau de paix sociale dans un total bouillonnement culturel qui est au moins aussi attirant que de parler de l’offre hôtelière et des restaurants étoilés dont les invités pourront profiter. Cela, je l’affirme.



À quelle occasion étiez-vous particulièrement fier du Luxembourg?

«En constatant l’indifférence totale dans laquelle la loi sur le mariage pour tous a été promulguée. Nous avons ici échappé aux cortèges bigots. J’étais vraiment fier de l’attitude du Luxembourg et de ses habitants et j’ai beaucoup ri en constatant que les seuls à distribuer dans mon quartier des tracts anti-mariage gay n’étaient pas Luxembourgeois... mais Français.»

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