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A cette époque-là - et encore aujourd'hui -, le système américain GPS régnait en maître. Le projet, lancé dans les années 1970 par le Département de la défense américain, était destiné à fournir aux forces armées américaines un système de repérage global de très bonne précision. Entre 1978 et 1985, onze satellites de type Block I furent lancés pour valider les différents concepts du système.

La phase opérationnelle, quant à elle, fut vraiment lancée entre 1989 et 1990, avec la mise en orbite de neuf satellites de type Block II, puis, à partir de 1993, de leurs versions évoluées Block IIA et Block IIR. Le système GPS fut officiellement déclaré opérationnel pour le grand public en 1994. Il se compose, aujourd'hui, de 24 satellites actifs (et trois de secours) placés sur une orbite quasi circulaire à une altitude comprise entre 20.200 et 25.000 km.

La réponse européenne commença à prendre corps le 26 mars 2002, lorsque le conseil européen des ministres des Transports débloqua les 450 millions d'euros nécessaires au lancement de Galileo et créa l'entreprise commune chargée d'en assurer la gestion. Mais il fallut attendre mai 2003 pour obtenir un accord unanime de tous les États membres de l'ASE.

Les ambitions affichées à l'époque étaient claires: Galileo devait contribuer à la création de 150.000 emplois hautement qualifiés et des revenus annuels estimés à quelque dix milliards d'euros. "Ce projet permet à l'Europe de garder son autonomie, sa souveraineté, sa capacité technologique et la maîtrise de sa connaissance", expliqua Loyola de Palacio, vice-présidente de la commission en charge des transports et de l'énergie.

Le GPS, aussi poussé soit-il dans sa conception, présente en effet quelques lacunes quant à la précision du positionnement, qui peut atteindre une vingtaine de mètres pour le signal communément utilisé, et n'est pas accessible dans certaines zones du globe, pour des raisons techniques.

Le coût du projet Galileo a évolué avec le temps. Récemment, Rainer Grohe, le directeur de Galileo Joint Undertaking (l'entreprise commune à l'ASE et à la Commission européenne, chargée de piloter le projet), faisait ainsi état de dépenses supplémentaires de l'ordre de 400 millions d'euros pour la seule phase initiale, désormais estimées à 1,5 milliard d'euros au lieu des 1,1 milliard d'euros initialement annoncés. Quant au coût global, estimé d'abord à 3,2 milliards d'euros, il pourrait finalement atteindre, selon M. Grohe, 4,5 milliards, financé aux deux tiers par le concessionnaire et pour le tiers restant par la Commission européenne.

Pas question, pourtant, pour l'Europe, de développer un système toute seule dans son coin. En juin 2004, après quatre années de discussions serrées, un accord était signé avec les États-Unis garantissant l'interopérabilité entre GPS et Galileo, permettant à chacune de ces deux plates-formes de fonctionner en parallèle, sans interférence de leurs signaux respectifs. Un même principe d'interopérabilité a également été retenu avec le système russe Glonass existant.

Le 28 décembre dernier, une fusée Soyouz lança, depuis Baïkonour, le satellite Giove-A (initiales de Galileo In-Orbit Validation Element), premier maillon de la chaîne qui devrait comprendre, d'ici à 2010, pas moins de 30 appareils (27 opérationnels et trois en réserve). Le prochain lancement, celui de Giove-B, est prévu avant la fin de l'année 2006.