Paperjam.lu

 (Photo : Licence CC)

Deux fois deux noires, une blanche. C’est le Vatican qui donnait le tempo et balançait la musicalité de l’information cette semaine. Aussi difficile d’échapper à l’information pontificale qu’à ce «jugement dernier» plongeant son regard de braise sur l’Homo Catholicus, depuis le plafond de la Chapelle Sixtine.

Mais tous les chemins ne mènent pas forcément à Rome. Il peut y avoir des ambiances de fin de règne et des tableaux sombres ailleurs. Ici?

Pas de fumée noire. Plus beaucoup. Presque plus, à la mesure du déclin, progressif, de plus en plus marqué, de la production industrielle. Certes, il se fait encore, dans une usine du géant, de ses poutrelles d’acier qui font les records du monde et les bâtiments construits au loin. Pour l’image de marque, ce n’est pas négligeable.

Pas de fumée blanche non plus. Les États voisins se retrouvent en conclave, en réunion d’alignement budgétaire ou en noyau restreint autour du grand argentier. Les budgets d’État se révisent, à peine les pieds mouillés en vue du gué de quart d’année. Du côté de Bruxelles, les augures européens aimeraient se donner le droit de pourfendre les lignes budgétaires pas assez orthodoxes, comme on cible des bonus de banquiers. Ceux qui ne vont pas protestant jugent la méthode peu catholique. À Luxembourg, on ménage la chèvre et le chou. Pas de vague. Pas de révision. Quelques économies, pour pallier des manques à gagner (190 millions de cotisations de sécurité sociale par exemple). Mais pas de conclave.

Horizon funèbre

Jean-Claude Juncker n’est certes pas dans la position démissionnaire. Il n’est pas, à ce stade d’un «règne» pourtant déjà long, question de lui chercher un successeur, bien que, au sein de son parti, chrétien et social, plus d’un candidat non officiel soit prêt à prendre le bâton de pèlerin. On sent pourtant, parfois, le Premier fatigué, las de sa charge peut-être, peu serein devant les échéances sûrement. Quand le Premier ministre évoque, dans une interview remarquée (mais pas très relayée de ce côté de la Moselle) au Spiegel, les peurs qu’il a de voir exploser modèles et certitudes (en clair son analyse semble redouter un temps de guerre), on sent une ambiance lourde, presque glauque. Quand, entre deux volutes, il évoque au sommet européen sa crainte d’une «rébellion sociale», il enfonce le clou. Horizon funèbre?

Demain est un autre jour. Plus clair peut-être. L’avenir est pourtant toujours bâti sur le présent, lui-même exposé au passé. Le Luxembourg a une belle histoire, qu’il faut continuer à raconter, recommencer à écrire. Il faut faire (re)naître les espoirs, sans doute, comme on relance une machine. Un carnet rose ou bleu vaut bien des écrans de fumée.