Frédéric Perrey (Photo : David Laurent/Wide)

Frédéric Perrey (Photo : David Laurent/Wide)

Monsieur Perrey, quelles sont vos missions en tant qu’IT senior manager?

«Je gère l’équipe d’informaticiens. Cela comprend notamment le développement de projets, leur suivi, la gestion des ressources humaines et celle du budget.

Pouvez-vous nous décrire l’infrastructure informatique de KMPG Luxembourg?

«Nous avons bâti notre informatique sur deux sites, avec une réplication synchrone de nos données dans chacun d’eux. Cette infrastructure a été mise en place durant l’été 2008. Nous sommes donc redondants à tous les niveaux. Si bien que si nous devions faire face à un problème dans l’une des deux salles, les connexions, l’outil métier et la messagerie resteraient opérationnels.

D’autre part, nous avons fait un bond important en termes de virtualisation il y a deux ans. Aujourd’hui, une large partie de nos serveurs, environ 80%, est virtualisée. Cela nous a permis de réduire de manière importante le nombre de machines physiques et, par conséquent, la consommation d’électricité. Cette infrastructure a été complétée par une installation Voice Over IP, en 2005, et par un réseau wi-fi.

Tous nos postes clients sont donc connectés sans fil. Nous avons ainsi pu réduire la quantité de câblage. Enfin, la plupart de nos employés sont nomades. Environ 90% de notre parc informatique est constitué de laptops.

Aujourd’hui KPMG Luxembourg fait partie de KMPG ELLP, au niveau européen. Au sein de ce groupe, quelle est votre marge de manœuvre, au niveau de l’IT?

«En tant qu’IT senior manager chez KPMG Luxembourg, je suis responsable de l’infrastructure IT et de tous les choix technologiques qui doivent être opérés au niveau local. Notre entité, en effet, depuis octobre 2009 fait partie de KPMG ELLP qui regroupe plusieurs entités du groupe au niveau européen. Aujourd’hui, cette instance pose des recommandations pour l’ensemble des entités. Ainsi, la messagerie et l’outil métier des auditeurs sont imposés. D’autres grandes lignes directrices sont à suivre.

Mais pour de nombreux choix opérationnels, nous restons libres. D’ailleurs, l’entité luxembourgeoise de KPMG, pour sa taille, n’a pas à rougir de l’infrastructure IT qu’elle est parvenue à mettre en place.

Dans quelle mesure l’IT a-t-elle pris de l’importance, ces dernières années, au sein de votre institution?

«Aujourd’hui, des outils comme la messagerie sont vraiment critiques. S’ils venaient à être indisponibles pendant une demi-heure, cela aurait des conséquences fâcheuses. Les auditeurs ne travaillent plus qu’à partir de supports informatiques.

D’autre part, l’IT permet de nous orienter vers des voies plus green. Par exemple, grâce à notre projet follow me printing, nous avons réduit de manière drastique le nombre d’impressions, ainsi que le nombre d’imprimantes. Les commandes d’impression ont été centralisées et sont désormais mieux contrôlées. En parallèle, nous avons mis en place un projet scan to e-mail. Ces deux projets ont démarré il y a un an.

Durant ce laps de temps, nous sommes passés de 250 imprimantes à une centaine. Pour y accéder, le personnel doit utiliser son badge. Ce projet a permis de réaliser de nombreuses économies, mais a nécessité à la fois une mobilisation du personnel et un message fort de la direction.

Quels étaient vos autres projets pour l’année 2010 et où en êtes-vous?

«On peut parler de la migration de notre plate-forme Voice Over IP vers les derniers standards Cisco. Celle-ci est terminée. Nous sommes aussi occupés à finaliser la migration des systèmes d’exploitation des différents postes clients. Ceux qui tournent encore sur XP ou Vista doivent passer sous Windows 7 avant fin octobre 2010.

Pour faciliter le travail de chacun, nous avons automatisé complètement le processus de migration. Nous avons par ailleurs migré notre site web vers un environnement Microsoft Sharepoint. Cela pour être en ligne avec les recommandations du groupe, et nous sommes en train de finaliser la migration de notre intranet sur la même plate-forme.

Quels sont les chantiers et les projets à venir?

«Nous venons d’entamer un projet d’archivage de nos données électroniques. Nous nous sommes rendu compte que 60% des données qui se trouvaient sur nos serveurs principaux constituaient des informations dont on se servait peu ou pas. Nous avons donc décidé de libérer de l’espace sur ces serveurs en mettant ces données dormantes sur des disques moins rapides, sans pour autant en limiter l’accès. Cela devrait permettre, à partir de nos serveurs principaux, d’améliorer les back­ups ainsi que la production.

Enfin, nous allons entamer, durant le quatrième trimestre 2010, le renouvellement de certains équipements en bout de vie. Nous allons en profiter pour améliorer notre réseau, grâce à des équipements plus performants et une meilleure architecture, plus redondante et plus robuste, mais toujours basée sur deux salles.

Vous semblez privilégier les solutions standardisées. Qu’en est-il de l’open source?

«KMPG n’envisage pas de travailler avec de telles solutions. Seules nos équipes IT utilisent deux outils open source pour assurer le monitoring de l’infrastructure. Ces deux outils ont ainsi pu être adaptés en fonction de nos besoins. Pour le reste, les outils métier sont généralement standard. Le software utilisé par les auditeurs, leur outil métier, a été développé en interne sur une technologie Microsoft.

En tant que responsable informatique, quelle est votre place? Êtes-vous plutôt un manager ou un homme de terrain?

«Les deux à la fois! Cela dit, je viens du terrain et j’aurai toujours cette casquette. Mais je ne peux pas me contenter de ne régler que des questions informatiques. Aujourd’hui, pour améliorer la production, notamment grâce à des moyens technologiques, il est important de bien comprendre les métiers et les besoins qui en émanent. Pour résumer, je suis le lien entre la technique et la direction. 

Comment les nouvelles technologies sont-elles débattues au niveau du comité de direction?

«Je ne fais pas partie du comité de direction. C’est Alain Picquet, l’associé en charge du métier advisory, qui y représente tout ce qui touche à l’IT. Avec lui, nous avons défini notre vision informatique, ainsi que les principaux projets à réaliser dans les deux à trois années à venir.
Il apporte la compréhension des demandes des utilisateurs, à moi de traduire cette vision dans un budget IT et de réaliser les projets. Nous avons une réunion hebdomadaire pour régler les problèmes opérationnels et assurer le suivi des projets. C’est une collaboration étroite et fructueuse qui s’est établie au fil du temps.

Comment l’informatique est-elle intégrée dans les processus stratégiques? De quelle manière envisage-t-on la technologie comme levier d’amélioration de la production?

«Nous sommes avant tout orientés utilisateurs et services aux utilisateurs. Plus que par le passé, il est important que l’informatique puisse comprendre leurs besoins et parvienne à y répondre le plus simplement possible via un outil abordable. En vue d’améliorer les performances, les projets et les idées au niveau de l’IT ne manquent pas. Cela demande une certaine créativité de la part des équipes informatiques.

La technologie ne doit être considérée que si elle permet de créer de la valeur ajoutée. Elle doit permettre de gagner du temps, de faire des économies… De nombreux choix et actions, à ce niveau, peuvent être posés par KPMG Luxembourg au-delà des lignes de conduite imposées par le groupe dans lequel notre structure s’inscrit.

Selon quels critères choisissez-vous les technologies à mettre en œuvre et les fournisseurs?

«Nous faisons de plus en plus de requests for proposal. En fonction de nos besoins, nous demandons aux acteurs de la Place ce qu’il est possible de mettre en œuvre. Nous avons des fournisseurs stratégiques avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années. Le Luxembourg est un petit pays. Dès lors, on sait rapidement quels sont les points forts de chaque acteur, ainsi que ses faiblesses.

Une fois une solution ou une technologie choisie, nous essayons de faire un maximum de choses en interne, de l’administrer nous-mêmes. Après l’implémentation par une personne extérieure, nous veillons toujours à ce qu’il y ait un passage de compétences. Cela nous permet d’avoir la maîtrise de notre environnement technologique. D’autre part, cela offre des possibilités au personnel de mieux s’épanouir, de ne pas rentrer dans une certaine forme de routine, d’évoluer d’un point de vue technologique.

Souvent, la mise en place d’une nouvelle technologie permet à certains de changer de département, d’évoluer en interne. C’est quelque chose qui plaît. En une quinzaine d’années, peu de gens sont partis de notre département IT.»