Frank Engel veut donner l’image de rester droit dans ses bottes. (Photo: Matic Zorman)

Frank Engel veut donner l’image de rester droit dans ses bottes. (Photo: Matic Zorman)

À peine élu à la présidence du CSV samedi dernier, Frank Engel a dû composer avec les interrogations et l’étonnement suscités par deux articles de nos confrères du Reporter.

Le premier relatait le fait que depuis plusieurs années, Frank Engel était membre du conseil d’administration de Global Strategies Group Holding SA, active dans le conseil en sécurité. L’autre s’intéressait aux nombreux voyages effectués par Frank Engel en Afrique, souvent en tant que député européen, au cours desquels il aurait pu agir pour des intérêts privés, n’ayant jamais caché qu’un jour peut-être sa carrière le conduirait en terre africaine pour travailler dans les énergies renouvelables ou le développement des systèmes bancaires.

Tout cela évidemment fait un peu désordre. Frank Engel a donc décidé de remettre les pendules à l’heure dans un entretien accordé à Paperjam.

«Des proportions démesurées»

«En ce qui concerne Global Strategies, je suis en effet membre du conseil d’administration depuis 14 ans. Ce n’est pas un secret: cela figurait depuis 10 ans dans mes déclarations de mandats en tant que député européen. Il s’agit là d’une holding de participations financières et pas directement d’une société active dans la sécurité, même si c’est le cas de celles qui sont chapeautées par cette structure», explique Frank Engel.

Il confirme qu’il songeait depuis un certain temps à quitter son mandat. «J’ai même proposé au président du CA de le faire voici un an. Il m’a expliqué que cela n’en valait pas la peine, car la structure, qui avait peu d’activité, serait liquidée prochainement et que je pouvais attendre. J’ai dit que j’étais d’accord... et me voilà pris dans une tempête totalement exagérée», poursuit-il, avant de concéder que sa démission sera actée prochainement. «J’ai en effet cette fois décidé d’organiser ma démission. Et mon souhait est que cela soit publié le plus vite possible au Memorial.»

J’aurais dû démissionner plus tôt.

Frank Engel, nouveau président du CSV

Frank Engel confirme pourtant n’avoir rien à se reprocher. «Non, mais cela nuit à mon parti et cela me nuit à titre personnel, alors que tout cela prend des proportions démesurées: je n’ai jamais eu d’intérêt financier dans cette société, je n’ai jamais travaillé pour cette société, je n’ai jamais fait de lobbying pour cette société ou pour ce domaine d’activité... Je n’ai rien fait de déontologiquement répréhensible. Mais j’aurais dû savoir que cela avait une connotation négative dans la société et démissionner plus tôt.»

Reste qu’il était tout de même rémunéré en tant que membre du CA, qui se réunissait «une ou deux fois par an». Il ne le conteste pas: «Oui, j’étais rémunéré pour ce mandat. Mais de manière largement inférieure au salaire minimum.»

«J’ai juste fait mon travail»

Reporter a aussi mis en avant de fréquents voyages de Frank Engel en Afrique, en mission officielle pour le Parlement européen ou pas. «Je suis le coordinateur de la commission développement du plus grand parti européen. Est-ce donc anormal que j’aille en Afrique parler avec des chefs d’État? En faveur de mes intérêts personnels? Mais quels intérêts personnels? Si je vais en République centrafricaine, c’est pour voir si l’argent européen est bien utilisé. J’aide aussi des ONG luxembourgeoises qui sont sur place.» 

J’aurais dû me douter que certains allaient essayer en dernière minute de faire en sorte que je ne sois pas élu.

Frank Engel, nouveau président du CSV

Suite à ces révélations, Frank Engel s’est montré plutôt corrosif à l’égard «d’une certaine presse luxembourgeoise». «Qu’aurais-je dû dire? Je ne sais pas... Je sais que c’est assez mal passé chez Reporter, mais ce n’est pas mon premier souci maintenant. Et j’aurais dû me douter que certains, où qu’ils soient, allaient essayer en dernière minute de faire en sorte que je ne sois pas élu à la présidence du parti.» Selon le nouveau président du CSV, la stratégie de ceux-là était que les articles soient publiés avant le congrès de son parti. On remarquera que cela n'a pas été le cas, Reporter ayant attendu le mardi suivant l'élection avant de les livrer sur son site internet.